Le boxeur originaire de Condé-en-Normandie Baptiste Cheval a décidé de se faire un nom aux Etats-Unis pour devenir professionnel. Nouveau champion de la ville de New York, il ne compte pas s’arrêter en si bon chemin et nous raconte sa fierté, mais aussi ses combats…
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« Ça me met la boule au ventre de revenir ici ». Se battant pour s’en sortir, Baptiste Cheval est habitué, il n’a pas oublié le chemin tortueux emprunté. « Le jour de mes 18 ans, je suis venu ici, à l’usine (Lemoine). Et je m’étais promis de ne plus y travailler en partant pour New York… Dieu m’a rappelé « l’humilité ».
Ce premier voyage aux Etats-Unis fut un bel uppercut. Touchez à votre rêve, mais affrontez la réalité après trois mois là-bas : “J’étais au sec financièrement, je devais rentrer en France et remplir le frigo tout en travaillant à l’usine, mais aussi sur les chantiers.” Pas de KO, mais son orgueil en a sans doute pris un coup sur le moment.
Sa garde est parfois baissée, mais quand elle y va, c’est fulgurant !
Christian GauquelinPresident of the Condé-en-Normandie boxing club
Qu’importe, le jeune homme de 26 ans (cinq défaites en une soixantaine de combats) n’a pas baissé les bras. « Le vrai KO, je ne l’ai eu qu’une fois, quand j’étais gamin, à l’entraînement, ça pique ! Dans mes combats depuis, j’ai parfois eu des trous noirs après un coup, mais avec l’instinct de survie, on s’accroche.
En tout cas, ce Normand n’a jamais eu l’habitude de faire les choses comme tout le monde. « Sa garde est parfois baissée, mais quand elle s’en va, c’est fulgurant. Il est impressionnant ! Christian Gauquelin, président du club de boxe local de Condé-en-Normandie, connaît Baptiste depuis l’âge de 12 ans et il l’adore. Alain Robbe, son premier entraîneur aussi : « Il boxait naturellement, et je trouvais ça beau. On a fait quelques matchs pédagogiques, et les coachs m’ont dit, Alain, fais-lui lever les bras, et j’ai dit non non non, c’est sa nature, il a décidé de boxer comme ça. Par contre, il a la vue… C’est un aigle , oh mon Dieu… »
L’aigle reprit rapidement son vol. Deuxième voyage de l’autre côté de l’Atlantique, mais cette fois, avec de l’expérience. Sur place, il donne des cours de boxe, et se fait remarquer sur les réseaux sociaux, grâce à quelques vidéos avec des influenceurs (Thibo Inshape notamment), et des personnalités du MMA (Benoît Saint-Denis et Conor McGregor), ce nouveau sport de combat devenu un phénomène mondial.
La boxe est un sport de spectateur. Il faut donner envie aux gens de se déplacer. J’ai joué à l’international, ce n’est pas ça qui m’a amené des sponsors, c’étaient les réseaux sociaux !
Baptiste ChevalChampion de boxe new-yorkais
Lors de son deuxième séjour américain, Baptiste Cheval espérait avoir sa chance. Elle est venue à l’improviste. “Je sortais de trois mois de préparation intensive, mais je restais un non-nom, non classé.” Inconnu là-bas, il devait prouver davantage, “Soyez deux fois plus dur”, montrer qu’il avait sa place parmi l’élite locale, “à chaque fois [il] mets les gants.
En tout cas, impossible de ne pas être inspiré en entrant dans une salle d’entraînement où Mike Tyson et Mohamed Ali ont fait leurs dents ! “Le Gleasons Gym est un musée en plus d’être un lieu.”
Et puis, un combattant s’est retiré et « On m’a demandé de prendre ce combat à la dernière minute. Devant moi, le type était un tueur à gages, le numéro 2 à New York. »
Le poids moyen normand (-75 kg) s’y est rendu sans aucune hésitation, et a surtout essayé de ne pas se laisser surprendre par le trash-talking largement utilisé là-bas, même à l’entraînement. « Les gars vous narguent pendant le combat. Ils vont vous parler, essayer de vous distraire en fait pour que vous sortiez du combat et que vous preniez l’avantage psychologique. Il faut rester concentré, ignorer ce genre de choses. Certains sourient ou dansent même pour provoquer…
Je vois cette finale en boucle dans ma tête. C’est une consécration, une fierté, il y a eu beaucoup de sacrifices pour en arriver là, beaucoup d’étapes difficiles à franchir.
Dans la foulée de ce titre de ville, Baptiste Cheval enchaîne avec un tournoi, le métro de boxe USA, qu’il remporte en prenant le scalp du numéro 1 new-yorkais. « Certains ont minimisé ma ceinture new-yorkaise, car je n’avais pas affronté le meilleur qui était blessé. C’était donc important pour moi de le battre aussi.
Et il ne compte pas s’arrêter là. “C’est l’un des rêves devenus réalité, mais ce n’est que le premier.” Il y en a bien d’autres…
Invaincu sur le sol américain, le Normand reviendra défendre son titre outre-Atlantique, après être revenu cet hiver pour la naissance de son fils. Il espère y amener sa famille rapidement. « Je suis un petit montagnard de Condé qui s’en est sorti. »