« Que diriez-vous si je vous disais que vous faites partie de l’équipe ? » »
Cette phrase a changé la vie d’Emmy Fecteau il y a quelques semaines. Le Québécois de 25 ans est officiellement devenu joueur de hockey professionnel.
Sélectionnée par les Sirens de New York en sixième ronde du dernier repêchage de la Ligue professionnelle de hockey féminin (LPHF), Fecteau s’est présentée au camp de l’équipe en novembre avec un couteau entre les dents. Elle faisait partie d’un groupe de huit joueurs en lice pour quatre postes de pouvoir.
Une fois les deux matchs préparatoires terminés à Toronto, l’équipe est rentrée chez elle. Un à un, les joueurs sans contrat ont rencontré le directeur général, le Québécois Pascal Daoust, et l’entraîneur-chef, Greg Fargo.
Fecteau passa le dernier. En entrant dans le bureau, Daoust lui a parlé en français.
“Il a commencé par dire ‘c’est une journée difficile pour nous, nous avons beaucoup de décisions difficiles à prendre'”, a déclaré l’attaquant. La presse au bout de la ligne. Il a poursuivi en disant : « Que diriez-vous si je vous disais que vous faites partie de l’équipe ? »»
« J’étais vraiment contente, j’ai commencé à pleurer ! s’exclame-t-elle. Après, j’ai appelé mes parents. Eux aussi pleuraient. C’était très amusant ! »
Aucune attente, mais…
La Beauceronne savait qu’elle avait fait un bon camp et de bons matchs de préparation, récoltant une passe décisive en deux matchs, mais elle a préféré éviter d’avoir trop d’attentes, d’autant que le nombre de places était limité. Au final, non seulement elle a montré qu’elle était prête à jouer dans la meilleure ligue du monde, mais elle a convaincu la direction des Sirens de lui proposer un contrat longue durée.
« Tout de suite, Pascal m’a dit : ‘je te donne la possibilité de signer pour trois ans chez nous’ », raconte-t-elle.
Dans une ligue où les contrats d’un an sont assez courants, la proposition était rassurante. En sortant du rendez-vous, la jeune femme a contacté son agent, puis ses parents.
« Il n’a pas fallu longtemps avant que nous disions oui », dit-elle. C’est vraiment bien, car cela donne une sécurité pour jouer trois ans en équipe. C’est difficile de se faire une place dans la Ligue. »
En signant cette entente, Fecteau devient la première joueuse issue d’une université canadienne à faire sa place au sein du LPHF, ce que le principal intéressé qualifie d’« honneur ». « Bien sûr, je vais essayer de bien représenter USports et le RSEQ. »
« Nous sommes gâtés ! »
La saison ne dure que trois matchs, mais Emmy Fecteau se fait déjà plaisir à New York. Elle vit avec deux joueuses, dont une autre Québécoise, Jade Downie-Landry, qui dispute sa deuxième campagne avec le club. Leur appartement est situé juste en face de l’arène d’entraînement et à environ vingt minutes du nouveau domicile du club, le Prudential Center, qui est également le domicile des Devils du New Jersey.
«Ça se passe vraiment bien. […] Je m’adapte bien. Nous sommes véritablement traités comme des professionnels. On peut dire que nous vivons la belle vie ! »
« Nous sommes gâtés ! continue-t-elle. Nous avions déjà plein de vêtements, nous avons tout le matériel. Nous arrivons à l’arène et nous prenons le déjeuner inclus, les collations, le dîner inclus – parfois il nous en reste et nous en rapportons pour le dîner. Nous voyageons en avion – le seul endroit où nous allons en bus est Boston. Et nous n’allons pas dans des hôtels bon marché ! »
Du côté du hockey, changer de ligue demande une adaptation importante puisque, explique-t-elle, « le hockey professionnel est vraiment différent » du hockey universitaire. « Nous avons moins de - de possession de rondelle. Il faut vraiment jouer intelligemment. »
Avec les Stingers de Concordia, au cours des dernières années, Fecteau était l’un des joueurs les plus utilisés. La saison dernière, elle a marqué 9 buts et 16 passes décisives en 25 matchs. Elle était employée à la fois en avantage numérique et en désavantage numérique. En tant que capitaine l’an dernier, elle a mené son équipe à une saison parfaite de 25 victoires, qui s’est terminée par un championnat canadien.
À son premier match avec les Sirens, Fecteau n’a joué que 4:39. Son - de jeu augmente lors des matchs suivants, sans jamais toutefois dépasser les 9 minutes.
“C’est définitivement une adaptation, mais j’essaie de saisir toutes les opportunités qu’ils me donnent et ça va de mieux en mieux, donc je suis très heureuse”, explique-t-elle.
« Chaque jour, je dois faire ma place. Je suis arrivé ici et personne ne me connaissait parce que je jouais au Canada. La majorité des joueurs sont issus d’universités américaines. Personne ne peut dire « Ah, je me souviens que quand on jouait contre elle, elle était vraiment douée pour ça ! »»
Fecteau ne s’inquiète donc pas des points et du - de glace. Ce n’est qu’une question de -…
« C’est très important, dans une équipe, de savoir accepter son rôle, quel que soit son rôle. C’est ce que j’essaie de me dire chaque jour. S’il y a quelqu’un qui est blessé, je peux prendre sa place à tout moment, alors j’essaie juste de bien faire ça, de garder une bonne attitude, et tout ira bien. »
Le 29 pour… Poulin!
Dans une récente interview avec le Journal de MontréalEmmy Fecteau a expliqué qu’elle a choisi de porter le numéro 29 à cause de Marie-Philip Poulin. Ce choix remonte à ses années collégiales, alors qu’elle jouait pour les Titans du Cégep Limoilou. Au fil des années, la jeune femme a continué de porter le 29… sans se douter que Poulin deviendrait un jour son adversaire. Et que les journalistes l’interrogeraient sur son numéro ! « Eh bien, c’est un peu gênant ! s’exclame-t-elle en riant. J’ai toujours eu le chiffre 7, ou un chiffre avec 7 parce que c’est mon chiffre préféré et mon anniversaire. Mais quand je suis arrivé à Limoilou, le 29 était libre. […] C’était définitivement une grande inspiration pour moi. En plus, elle vient de la Beauce comme moi. Je le regarde depuis que je suis petite. »