« Attention, journal en danger : soutenez Mediacités en faisant un don ou en vous abonnant. » Depuis fin septembre, cette bannière est affichée sur la page d’accueil du site d’enquête local. Objectif : récolter 100 000 € d’ici le 31 décembre. A mi-parcours, sur mille contributeurs, près d’un sur deux avait choisi l’option du don.
« C’est la première fois que nous faisons un appel aux dons pour Mediacités. Auparavant, nous menions des campagnes avec un objectif chiffré de nouveaux abonnés ou nous appelions aux dons pour payer des frais de justice ou financer un reportage, retrace Nicolas Barriquand, son directeur de publication. Mais notre rapport au don a changé et nous nous rendons compte que cela peut être un pilier de notre modèle économique. »
Depuis plusieurs années, l’automne voit ces campagnes fleurir dans la presse, principalement dans les médias en ligne. Deux systèmes cohabitent : les entreprises de presse qui s’appuient sur leur propre association pour récolter les dons, et celles qui passent par un organisme extérieur. Le média environnemental - utilise sa propre association de gouvernance, La Pile, tandis que Mediacités fait référence à l’association J’aime l’info. De son côté, La Croix s’appuie sur l’association Presse et pluralisme et le fonds de dotation CredoFunding.
« Les gens ont compris l’importance de la presse indépendante »
Grâce à l’amendement Charb, voté en 2015, la générosité envers la presse donne droit à une réduction d’impôt de 66% du montant du don. Et le succès des collections ne cesse de progresser. Donc en 2023, La Croixqui a lancé l’appel aux dons en 2011, a récolté près de 600 000 € auprès de 4 000 personnes, auxquels se sont ajoutés environ 300 000 € auprès de grands donateurs sollicités dans le cadre d’un comité de soutien lancé en avril 2023. Au total, les dons représentent 2 % des dons quotidiens. ressources.
« Nous n’en sommes qu’aux débuts mais il y a une réelle volonté de développer les dons. La presse devient un nouvel acteur dans le panel de la générosité »souligne Isabelle Ousset, responsable philanthropie chez La Croixdont le poste a été créé fin août.
Dans d’autres médias, le levier des donateurs est déjà bien activé. L’édition française de La conversationun site d’information gratuit qui publie les analyses des chercheurs et qui a été fondé sous le régime de l’association, a professionnalisé ses systèmes de collecte en 2020. Résultat : en 2023, les dons représentaient 14,6 % de ses ressources, la majorité étant constituée de cotisations des membres de l’association.
Depuis quatre ans, le site enregistre une croissance annuelle à deux chiffres de sa générosité. « La part des cotisations est stable depuis plusieurs années. Nous cherchons donc à diversifier nos ressources. Les dons aident à financer de nouveaux projets. explique Julien Talbot, responsable de la stratégie digitale chez The Conversation France.
L’importance de la presse indépendante
Pionnier de l’appel aux dons en France auprès des médias, le site - compte à 98 % sur la générosité, alors que les dons représentaient 20 % de ses ressources en 2013. Pour le directeur de la rédaction, Hervé Kempf, l’augmentation est multifactorielle.
« Nous avons la chance d’avoir inventé le modèle. Ensuite, nous avons un objectif éditorial clair sur l’écologie donc ça résonne fortement. Finalement les gens ont compris l’importance de la presse indépendante dans une démocratie qui va mal », énumère le journaliste, qui constate que ce modèle est aujourd’hui de plus en plus imité. Après avoir acheté un journal ou s’être abonné à un média, faire un don pourrait bien devenir le nouveau geste de soutien à la presse.
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La presse en ligne, de plus en plus soutenue par les Français
Le Panorama national des générosités a étudié l’évolution des dons à deux organismes : Presse et pluralisme, créé en 2007 pour les publications écrites ; et J’aime l’info, créé en 2010 au profit des sites de presse en ligne. Sur ces plateformes, le donateur peut choisir les médias qu’il souhaite soutenir. En 2022, Presse et pluralisme a récolté 2,6 millions d’euros de dons. Depuis 2012, les dons augmentent de 3 % chaque année, avec un ralentissement enregistré depuis 2020. J’aime l’info, de son côté, a récolté 4,5 millions d’euros en 2022, contre à peine 2 millions en 2020. En pleine expansion, les dons vers les sites de presse en ligne sont majoritaires dans les deux collections depuis 2021.