Il y a la fenêtre. Avec de belles récompenses à l’affiche : 9 médailles aux JO de Paris, des mentions spéciales en BMX monopolisant le podium, et dans l’épreuve sur route où Valentin Madouas et Christophe Laporte ont accroché l’argent et le bronze autour du cou. Et puis il y a l’arrière-salle, celle des clubs amateurs, et l’envers des médailles puisque l’heure est à l’heure de voter pour le président de la Fédération française de Cyclisme (FFC) ce samedi 14 décembre, ce n’est pas vraiment une fanfaronnade. Marseillaise qui surgit de bas en haut.
De nombreux clubs sont au désespoir et peinent à maintenir l’activité routière. Ce qui glisse de plus en plus sur la lancinante question de la sécurité. « Nous faisons environ quatre sorties par semaine, et plus aucune ne se déroule sans incident.deplores Jean-Michel Pourteau, president of Balma Olympique Cyclisme, 96 members in the Toulouse suburbs. Les voitures nous frôlent, nous dépassent dans des conditions très dangereuses. Nous n’utilisons plus certains itinéraires. Et sur les petites routes, peu fréquentées autrefois, nous sommes confrontés à un nouveau trafic grâce aux applications d’aide à la circulation, avec des gens qui conduisent vite pour gagner du - sur ces routes secondaires. »
La sécurité, principal écueil
Le manager est particulièrement sensible sur le sujet, son club ayant été endeuillé il y a cinq ans lors d’un accident avec un tracteur (un mort et 5 blessés). “On ne prend plus les jeunes de moins de 16 ans car on ne peut plus les encadrer sans risque, et je comprends les parents qui hésitent aujourd’hui à mettre les enfants en selle”poursuit Jean-Michel Pourteau. De ce fait, son club a une moyenne d’âge de 50 ans.
La sécurité n’est pas le seul problème sous les roues du vélo de route. « Le coût des équipements devient prohibitif, augmentant d’environ 25 % ces dernières annéesobserve Jean-Pierre Cann, président d’Essor Breton, course par étapes née en 1958. Le vivier se rétrécit, et il est de plus en plus difficile de constituer des équipes, même au plus haut niveau amateur. Moins de coureurs signifie aussi moins de courses organisées, car on ne peut pas se contenter d’un peloton d’une vingtaine de partants. »
Même son de cloche chez Alain Baniel, créateur de la seule course de centre Bretagne, la Kreiz Breizh qui fêtera ses 29 ans.e édition l’année prochaine. “ Nous n’allons pas dans le mur, nous sommes dedansl’organisateur s’alarme. Financer nos courses devient un défi. Moi, je dois récolter 330 000 €. Des communautés locales ? Nous connaissons leurs contraintes budgétaires. Partenaires? Ils sont de plus en plus demandés. Et la Fédération ne nous aide pas beaucoup. Et je ne parle pas du bénévolat qui s’épuise ! Si on disparaît, le cyclisme français n’existe plus ! »
Candidat pour la première fois à la présidence fédérale, Teodoro Bartuccio, directeur général du Paris Cycliste Olympique, a fait campagne à travers la France et affirme avoir rencontré « une détresse incroyable. Il y a de moins en moins de clubs de formation, ceux qui subsistent n’existent que grâce aux activités VTT ou BMX. Nous avons perdu 400 clubs en six ans. Le cyclisme ne s’est pas réinventé. Tous les clubs demandent une écoute, qui est actuellement inexistante à la FFC, et un soutien qui fait défaut ».
Mieux écouter et soutenir les clubs
Une critique que Michel Callot, à la tête de la FFC depuis 2017 et briguant un troisième mandat, rejette d’emblée : « Je conteste l’aspect « crise dramatique » dont parlent certains. Sur les permis distribués pour l’instant, nous sommes en hausse de 12% par rapport à l’année dernière, 10,62% pour être exact concernant la route. J’ai amélioré cette maison, modernisant notre ancien modèle fédéral. »
Le manager reconnaît toutefois que deux gros points noirs demeurent, sur la sécurité et le financement du club. « Sur le premier point, il n’y a malheureusement pas de baguette magique, mais nous espérons notamment réussir à intégrer un module sur le vélo dans le permis de conduire.underlines Michel Callot. Pour le financement de nos clubs, j’entends souligner auprès des collectivités le fait que nos clubs ne coûtent rien en structure et en fonctionnement, contrairement à la plupart des sports. Nous continuerons également à produire des outils pour aider les clubs à élargir leurs moyens, sur le vélo santé, les loisirs, etc. »
Président de l’association My bike is a life, à l’avant-garde des questions de sécurité, Teodoro Bartuccio appelle pour sa part à ce sujet à « s’activer plus activement » et d’exiger « un véritable Grenelle de la sécurité ». Quant au financement, il recommande « sensibiliser les collectivités locales à la mobilité plutôt qu’au sport, créer un service spécifique à la FFC pour soutenir les clubs, et mieux vendre l’image du vélo, notamment sur les réseaux sociaux ». De quoi attirer les clubs ? En 2017, Michel Callot, seul candidat en lice, avait obtenu 97 % des voix, et 93 % en 2021 face à l’ancien champion Cyrille Guimard.