À première vue, les Canadiens de Montréal et les Predators de Nashville semblent naviguer dans les mêmes eaux troubles cette saison.
Les deux équipes stagnent dans les profondeurs du classement de la LNH, avec des performances qui laissent leurs fans en redemander.
Mais à y regarder de plus près, les contextes sont radicalement différents, et ces différences mettent en évidence un contraste saisissant entre les situations de leurs entraîneurs respectifs, Martin St-Louis et Andrew Brunette.
Tandis que l’un reste bien en place malgré les difficultés, l’autre est sur un siège éjectable.
Du côté montréalais, Martin St-Louis s’inscrit dans une trajectoire claire et confiante.
Il est à la tête du Canadien depuis trois ans, avec un mandat précis : guider une jeune équipe à travers les défis de la reconstruction.
St-Louis est un « coach player », un coach qui privilégie l’apprentissage et le développement à court terme au détriment des résultats immédiats.
Sa mission est de préparer les jeunes talents à devenir des piliers de l’équipe dans les années à venir. Les victoires, bien qu’appréciées, ne constituent pas l’objectif principal.
Et dans ce rôle, St-Louis excelle.
A Nashville, Andrew Brunette ne jouit pas du même luxe.
Loin de diriger une équipe en reconstruction, il dirige une équipe qui, après plusieurs ajouts importants pendant l’intersaison, était censée concourir pour une place en séries éliminatoires.
Steven Stamkos, Jonathan Marchessault et Brady Skjei sont arrivés avec la promesse d’élever le niveau de jeu des Predators.
Mais après 28 matches, le bilan est catastrophique : seulement sept victoires, une dernière place au classement, et une série de sept défaites consécutives.
La frustration est indéniable, et Brunette, sous pression, n’a pas mâché ses mots ces derniers -.
Lorsqu’on lui a demandé s’il envisagerait de laisser de côté les joueurs vedettes pour envoyer un message, il a répondu : “Je pourrais laisser de côté tous les joueurs de l’équipe.”
Une déclaration cinglante qui, au lieu de galvaniser son vestiaire, risque de creuser un fossé encore plus profond entre lui et ses joueurs.
Plus encore, ces propos pourraient se retourner contre eux si Barry Trotz, le directeur général des Predators, décide d’appliquer cette logique à son propre poste d’entraîneur.
À Montréal, une telle situation est inimaginable.
Martin St-Louis, malgré des résultats similaires au classement, reste à l’abri de ce type de polémique.
Pour quoi ? Car le contexte dans lequel il évolue est radicalement différent.
Le Canadien en est à la troisième année de sa reconstruction, et personne ne s’attend à ce qu’il remporte des honneurs majeurs cette saison.
L’évaluation de St-Louis ne se base pas sur le nombre de victoires, mais sur le développement des jeunes joueurs et la progression de l’équipe. Et dans ce contexte, il n’a rien à se reprocher.
La brune, quant à elle, est jugée sur ses résultats.
Nashville n’est pas une équipe en transition, mais une équipe qui a misé gros pour être compétitive immédiatement.
Les attentes étaient élevées et n’ont pas été satisfaites.
Les statistiques des nouveaux venus le confirment : Stamkos et Marchessault, deux piliers offensifs censés mener l’attaque, n’ont accumulé que 13 points chacun en 28 matchs, tout en affichant des différentiels désastreux de -16 et -12.
Ces contre-performances rendent la situation quasiment ingérable pour Brunette.
Ce contraste entre Montréal et Nashville met en lumière une réalité fondamentale de la LNH : le succès ou l’échec d’un entraîneur dépend autant des attentes que des résultats.
Martin St-Louis correspond parfaitement aux besoins des Canadiens.
Son rôle est d’accompagner une équipe jeune et en pleine croissance.
Il est patient, pédagogue et capable de tirer le meilleur de ses joueurs dans un environnement où la pression des résultats est réduite.
Brunette, en revanche, se trouve dans une situation où la patience n’est pas une option.
Les Predators ont investi massivement pour obtenir des résultats immédiats, et leur entraîneur en porte le fardeau.
La déclaration de Brunette, aussi sincère soit-elle, trahit un entraîneur à bout de souffle, qui peine à mobiliser son vestiaire.
Dans une organisation dirigée par Barry Trotz, connu pour sa rigueur et son pragmatisme, cela pourrait bien être une erreur de trop.
Les prochains matchs seront cruciaux, et s’il ne trouve pas une solution rapidement, Brunette pourrait devenir le prochain bouc émissaire de cette saison désastreuse à Nashville.
Pour Martin St-Louis, la situation est bien plus calme.
Bien sûr, tout n’est pas parfait à Montréal. Les performances de certains joueurs laissent à désirer, mais dans l’ensemble, l’équipe progresse, et c’est tout ce qu’on demande à St-Louis.
Il n’est pas jugé sur le nombre de points au classement, mais sur sa capacité à construire des bases solides pour l’avenir. Et à ce titre, il est l’homme de la situation.
En fin de compte, cette comparaison entre Brunette et St-Louis illustre l’importance du contexte en coaching.
Pendant que l’un navigue dans une mer agitée avec un navire en cours de reconstruction, l’autre est à la barre d’un bateau qui prend l’eau malgré des investissements coûteux.
Et dans cette bataille pour la survie, il semble clair que Brunette est beaucoup plus proche de la ruine que Saint-Louis.
À suivre…