Moment très attendu pour la reprise du procès des ex-joueurs grenoblois : le témoignage de la victime présumée qui, sept ans plus tard, fait face depuis une semaine aux événements de cette nuit du 11 au 13 mars 2017. Elle sera sans aucun doute être soumis aux questions brûlantes de la défense.
Lundi, le procès des ex-joueurs grenoblois entrera dans sa deuxième et dernière semaine. Cela débutera par un moment très attendu, la prise de parole de la victime présumée, âgée de 21 ans au moment des faits. Elle était étudiante et venait de passer un examen le matin du 11 mars. Le soir, elle se détendait avec quelques amis dans un pub du centre-ville de Bordeaux lorsqu’elle croisa le groupe de joueurs du FCG qui venaient de disputer un Top 14. match contre l’UBB. C’est ensuite la chaîne qui l’a conduite à l’hôtel de Mérignac où elle a passé la nuit avant de porter plainte le lendemain dans la journée. Sept ans plus tard, elle termine ses études et entre dans la vie active. Depuis une semaine, elle se confronte à ce passé douloureux, aidée par ses proches, une amie et deux militants d’une association d’aide aux victimes qui ont été autorisés à rester dans la chambre. Car la jeune fille a demandé le huis clos, comme elle l’a fait en juin.
Vendredi, les cadres du FC Grenoble de l’époque sont venus s’exprimer. Mais ils n’étaient pas présents aux moments stratégiques de cette nuit fatale, où une dispute entre deux joueurs aurait aussi changé la donne…https://t.co/G0adVKbznb
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Elle donnera sa version des faits. Elle pense avoir été agressée dans une pièce par trois joueurs, dont l’un a utilisé des objets (banane, bouteille en plastique, béquille). Évidemment, son témoignage est au cœur de cette affaire. Il ne fait aucun doute que les ébats ont bien eu lieu, en plusieurs épisodes, approximativement entre 4h30 et 7h du matin. Toute l’affaire repose sur une chose : était-elle consciente de ce qu’elle faisait ? A-t-elle pu donner son consentement ? Était-elle complètement sous l’emprise de l’alcool ? Ses avocats (partie civile) estiment qu’elle n’a pas pu exprimer son accord.
Ils sont quatre à l’entourer : Anne Cadiot-Feidt, Victoria Nauche, Gaessy Gros et Grégoire Mouly. Ce nombre de défenseurs, qui peut surprendre, s’explique par la nécessité d’affronter la défense de cinq accusés, qui disposent au total de onze avocats expérimentés.
La jeune fille sera sans doute longuement interrogée, par le président et par les avocats des accusés. On peut imaginer qu’ils mettront tout en œuvre. Ils s’appuieront sur plusieurs arguments, mais surtout sur une phrase issue du témoignage de la victime présumée. quand elle a porté plainte. L’avocat de Loïck Jammes, Me Denis Dreyfus, le rappelait mardi dernier : « Lorsque j’ai découvert ce dossier, j’ai lu cette phrase dans les premières déclarations de la partie civile : “J’ai bien peur d’avoir consenti”. Je me suis dit qu’il y avait une grosse difficulté dans cette affaire concernant la notion de viol.
Corinne Dreyfus-Schmidt, l’avocate de Denis Coulson, se risque elle aussi à utiliser cette fameuse phrase après nous avoir confié : «Son comportement est pour le moins ambigu. Et cette phrase est évocatrice de cette ambiguïté. Je pense qu’elle a regretté plus tard de se retrouver dans cette situation avec ces joueurs de rugby.
La subtilité de la définition du viol
On sait que la notion de consentement n’existe pas dans le droit pénal français, qui définit le viol ainsi : “TTout acte de pénétration sexuelle, de quelque nature que ce soit, ou tout acte bucco-génital commis sur la personne d’autrui ou sur la personne de l’auteur par violence, contrainte, menace ou surprise est un viol. L’introduction dans la loi de ce La notion de consentement est actuellement en débat. Mais Anne Cadiot-Feidt au début de la semaine dernière nous avait précisé sa pensée en jouant sur cette notion de surprise prévue par la loi : «Le consentement, c’est quand on dit oui ! , Quand on ne dit rien et qu’on dit non, cela veut dire qu’on n’est pas consentant Peut-être qu’on arrêtera de couper les cheveux en quatre. Dans la définition actuelle du viol, il y a aussi le mot surprise, le mot « surprise », pris non pas dans le sens le plus étroit possible, mais dans le sens du mot français, c’est-à-dire quand on surprend les autres quand ils ne le font pas. Je ne m’y attends pas et quand ils n’ont pas le - de réagir, ou quand ils ne peuvent pas réagir. La définition est donc là. Et dans cette affaire, mais c’est ma position d’avocat de la partie civile, je considère qu’il n’y a pas eu de consentement et qu’il n’y a même pas eu de possibilité de consentement au regard de l’état physique physiologique de mon client.
On nous a également rappelé une évolution récente de la jurisprudence de la Cour de cassation. Dans son jugement du 11 septembre, elle indique que l’effet de «étonnement» de la victime, dans une affaire d’agression sexuelle, ne témoigne pas de son consentement.
Après la parole de la victime, le lundi après-midi sera réservé auaudition de la psychiatres et psychologues experts.