Dimanche après-midi, les Bruins profiteront de la visite du Canadien pour célébrer le centième anniversaire de leur fondation. Au cours de ce siècle, les deux équipes ont développé ce qui est probablement la plus grande rivalité du sport professionnel. À 34 reprises, le Tricolore et les Bruins ont croisé le fer en séries éliminatoires. Neuf de ces confrontations ont nécessité la tenue d’un septième match (dont six des neuf derniers). Ce sont deux records sportifs professionnels. Question de participation à la fête, La Revue présente 10 moments marquants des 50 dernières années de cette rivalité.
10 mai 1979 : le châtiment le plus célèbre
Photo d’archive, le Journal
Le septième match de la demi-finale de 1979 est l’un des matchs les plus historiques de l’histoire des deux équipes. Les Bruins sont sur le point d’éliminer le Canadien lorsqu’ils écopent d’une pénalité pour avoir trop de joueurs sur la glace. Il reste alors un peu plus de deux minutes et demie à jouer dans la troisième période. Guy Lafleur a profité de l’attaque massive qui en a résulté pour égaliser le score. En prolongation, Yvon Lambert joue le héros et propulse le Canadien vers la grande finale.
Onze jours plus tard, le Canadien remporte son 22e Coupe Stanley, sa quatrième consécutive et sa huitième en 12 ans. Six fois sur ces huit titres, le Tricolore a mis les Bruins hors de combat, dont deux fois en finale. Dans leur camp, la malédiction continue.
« Les Bruins ont toujours attribué cela à la malchance. Oui, certaines années, ils avaient de meilleures équipes que nous. Mais nous étions probablement plus disciplinés qu’eux sur et hors de la glace. Tout a commencé grâce à notre leadership et à notre entraîneur Scotty Bowman. Un jour, nous avons acquis Don Awrey [en 1974]. Il avait joué 10 ans pour les Bruins. Je lui ai demandé pourquoi leurs grandes équipes, avec Bobby Orr, Phil Esposito et les autres, n’avaient pas remporté la Coupe Stanley plus souvent. Il m’a répondu que depuis qu’il jouait avec nous, il s’était rendu compte que notre niveau d’engagement et d’intensité à l’entraînement était supérieur à ce qu’ils donnaient lors de leurs matchs. »
– Serge Savard, membre du «Big Three»
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*4 octobre 1984 : le début de la fin pour Lafleur
JMTL
Lors d’une bagarre à la fin d’un match préparatoire au Boston Garden, Larry Robinson a perdu connaissance après être lourdement tombé sur la glace. On lui a diagnostiqué une commotion cérébrale. Dans les jours suivants, le directeur général Serge Savard exigeait que tous ses joueurs portent un casque. Robinson est d’accord. Mais pour Guy Lafleur, c’est hors de question. S’ensuit une bagarre entre Lafleur et Jacques Lemaire, entre qui ce n’est déjà pas un amour fou, dans le bureau des entraîneurs. Jean Perron, alors adjoint de Lemaire, a été témoin de la scène.
« Lafleur était enthousiaste à son idée et Lemaire voulait le faire changer. Cela a remué. Guy n’arrêtait pas de crier : « J’ai la cause de Papy ! Personne ne m’obligera à porter un casque ! C’est à ce moment-là que j’ai réalisé que cela ne fonctionnerait pas longtemps. Je pensais que ces deux gars étaient amis. Mais quand j’ai vu cette confrontation, et les autres qui ont suivi… Ouf ! D’ailleurs Guy a pris sa retraite un mois et demi plus tard. »
– Jean Perron, ancien entraîneur du CH
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*C’était aussi le dernier match de Jean Hamel. Contrairement à une idée reçue, ce n’est pas son altercation avec Louis Sleigher lors de la bataille du Vendredi Saint qui mettra fin à sa carrière. Le défenseur a dû abandonner après avoir reçu un tir de Ken Linseman près de l’œil droit.
20 novembre 1986 : bagarre générale dans les couloirs
Photo fournie par Sports Illustrated via Getty Images
La mèche de Chris Nilan était déjà allumée lorsque les juges de lignes l’ont escorté hors de la glace au Boston Garden après une bagarre impliquant tous les joueurs sur la glace. Un chemin qui, à l’époque, impliquait de passer par le banc des Bruins. L’attaquant canadien n’a pas fini de franchir le portillon avant que Ken Linseman l’insulte. La bagarre reprend. Le banc canadien se vide et le mouvement de groupe transporte plusieurs joueurs des deux équipes dans le couloir adjacent. Sous les tribunes, les coups continuent de pleuvoir.
« Quand nous avons vu que Chris combattait Linseman, nous avons tous traversé la glace. La première chose [dont] Ce que nous avons réalisé, c’est que nous étions en bas des escaliers, en patins. C’était un combat. Nous voulions protéger Chris ! Je cherchais Louis Sleigher, qui était en costume-cravate. Il avait donné une chance à quelqu’un dans le couloir. La police de Boston était là. Elle essayait de nous séparer. Nous avons commencé à nous demander si nous n’allions pas être emmenés à la gare après le match. En plus, on ne savait même pas si on était suspendu, sanctionné, si on pouvait encore jouer. »
– Sergio Mometto, ancien joueur du CH
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26 avril 1988 : la fin d’une longue domination
Photo d’archive, le Journal
Les Bruins parviennent à éliminer le Canadien pour la première fois depuis 1943. Une domination de 45 ans qui a vu le Tricolore remporter 18 confrontations consécutives. A cette époque, les deux grands rivaux s’affrontent pour le cinquième printemps consécutif. La troupe de Jean Perron a balayé trois des quatre séries précédentes. On s’attend toujours à une victoire du Canadien, leader de l’Association Prince de Galles. De plus, l’équipe montréalaise compte dans ses rangs Stéphane Richer, son premier buteur de 50 buts depuis près d’une décennie. Elle a remporté le premier match avant de perdre dans les quatre suivants.
« Lors du deuxième match, Michael Thelvén a fracturé le pouce et le poignet de Stéphane Richer d’un coup de hache. Stéphane était alors dans un élan extraordinaire. Nous étions déjà privés de Mats Näslund et de Bob Gainey, que nous avions perdus lors de la série précédente contre les Hartford Whalers. Nous avons été amochés. À ce moment-là, nous avions l’impression que les Bruins nous tenaient dans les cordes. Ce n’était pas joli à voir. Quand il faut appeler Steven Fletcher, qui n’a rien à faire là-bas, pour relativiser, c’est que ça va mal. »
– Jean Perron, Ancien entraîneur du CH
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Avril 1994 : l’appendice de Patrick Roy
Photo d’archive, le Journal
Un autre printemps, une autre confrontation entre les Canadiens et les Bruins. Mené par Patrick Roy au sommet de son art, le Tricolore, champion en titre de la Coupe Stanley, entame la défense de son titre. Les deux équipes, séparées par un seul point au classement de la saison régulière, se partagent l’honneur des deux premiers matches à Boston. À leur retour à Montréal, une tuile tombe sur la tête de l’équipe. Victime d’une appendicite, Roy doit déclarer forfait pour le troisième match et possiblement le reste de la série. Avec Ron Tugnutt devant le filet, le Canadien s’est incliné 6 à 3. Pour Roy, il n’était pas question de rester plus longtemps sur le banc de touche.
« Je ne m’attendais pas à le revoir avant quelques semaines. À un moment donné, Gaëtan Lefebvre, l’entraîneur de l’époque, est venu me voir. Il m’a dit : “Là, il faut trouver un moyen pour que Patrick puisse essayer son matériel sans que personne ne le sache.” J’ai répondu : « Voyons ! Êtes-vous sérieux?” Nous avons amené Patrick dans un coin du Forum. Nous lui avons fait essayer l’équipement que nous avions fabriqué et nous l’avons envoyé sur la glace pour le tester. Il n’y avait personne dans le bâtiment. J’ai connu des gars qui avaient une forte envie de gagner. Disons simplement qu’il était à peu près l’un des meilleurs. »
– Pierre Gervais, ancien responsable matériel du CH
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