(Killington) Dans le hall de l’hôtel Killington Grand Resort, Valérie Grenier a reçu un câlin de sa collègue suisse Camille Rast, jeudi après-midi. Ce n’est pas encore officiel, mais la skieuse de Mont-Tremblant fera son grand retour en Coupe du monde de ski alpin ce week-end.
Dix mois après de graves blessures au genou et à l’épaule, elle se sent enfin prête à reprendre la compétition. Elle prendra le départ du slalom géant prévu samedi à Killington, la grande station du Vermont ensevelie sous plus d’un pied de neige en ce jour de Thanksgiving américain. Un slalom, auquel participera la championne du monde québécoise Laurence St-Germain, sera disputé le lendemain.
« Je pense qu’il faut encore confirmer avec les coachs et notre kiné Alex, mais dans ma tête, je cours ! », sourit Valérie Grenier, blessée le 28 janvier dernier lors d’une chute lors d’un super-G à Cortina d’Ampezzo, en Italie.
Elle a dit cela comme si ce feu vert de son entourage n’était qu’une formalité. « Mon corps se sent vraiment bien en ce moment. Je n’ai aucune douleur. Mes tibias vont enfin bien. Mon genou aussi. J’ai de très bonnes sensations même si ça devient toujours un peu raide après l’entraînement. Ce n’est pas inhabituel, c’est très bien géré. »
Après avoir subi une intervention chirurgicale à l’épaule gauche (fracture de l’humérus) et au genou droit (deux ligaments et un ménisque), la Franco-Ontarienne a chaussé à nouveau les skis pour la première fois au Chili en septembre. Aux prises avec des douleurs au tibia, elle souhaitait s’accorder plus de temps d’entraînement avant de déterminer si elle participerait au premier géant de Sölden fin octobre.
Réalisant que « cela n’avait aucun sens » de précipiter son retour, elle a choisi de jouer la sécurité. Suivre la course à la télévision, dans sa base d’entraînement de Val Senales, était néanmoins un peu un supplice.
J’étais d’accord avec ma décision, mais j’ai ressenti un peu de tristesse de ne pas être là et de voir les autres filles réussir. Je savais que j’aurais l’impression de rater quelque chose. C’était la même chose la saison dernière.
Valérie Grenier
Après six semaines d’entraînement en Italie et en Autriche, la joueuse de 28 ans était convaincue qu’elle serait prête pour Killington, qui servira de préparation à la Coupe du monde à Tremblant, où auront lieu deux slaloms géants. la semaine prochaine (si l’organisation parvient à produire suffisamment de neige*).
«J’ai vraiment hâte d’y être!» La course me manque. C’est ce que j’aime le plus. Mes attentes ? Je n’en ai pas vraiment ou il semble que je ne veux pas m’en soucier. C’est la première fois depuis longtemps. Je ne sais pas vraiment à quoi m’attendre. Je compte skier fort, sans aucune retenue, comme d’habitude. Je veux faire de mon mieux et construire à partir de là. »
Son séjour en Europe lui a permis de renforcer sa confiance sur scène. « Quand vous revenez au début, vous n’êtes pas complètement vous-même. Vous faites un peu plus attention à certaines choses. Mais je commençais vraiment à avoir l’impression qu’avant. Il y a eu des moments où j’ai oublié que j’étais en train de revenir à la compétition. J’étais comme un athlète normal. »
Détour par les Montagnes Blanches
Après un court séjour chez elle à Mont-Tremblant, Valérie Grenier a voulu dissiper les derniers doutes lors d’un stage de fin d’études prévu à Sunday River, dans le Maine. Cependant, le manque de neige a obligé les autocars à se diriger vers Waterville Valley, dans les Montagnes Blanches du New Hampshire, où les conditions n’étaient pas non plus optimales. Le groupe technique féminin a dû se contenter d’un parcours de 14 portes (un tiers d’une piste de course).
«La neige était comme douce, avec un peu de «billes», a décrit Grenier, qui sera accompagné de la jeune Québécoise Justine Lamontagne en slalom géant. « Ce n’était pas idéal. C’était difficile de faire de belles choses, mais je ne souffrais pas. Il arrive souvent que je ne ressens pas les meilleures sensations avant une course. Je dois prendre les bons côtés et oublier le reste. »
Un arrosage a rendu les deux derniers jours plus productifs. Les Américains rejoignent leurs collègues canadiens dans la vallée de Waterville. Mikaela Shiffrin, qui a passé une partie de son enfance et de son adolescence dans le New Hampshire et le Vermont, faisait partie du groupe.
Le vainqueur à Sölden tentera de signer le 100e victoire de sa carrière à Killington, où elle a remporté six des sept slaloms disputés depuis 2016.
«C’est fou rien que d’y penser», a déclaré Valérie Grenier, qui a obtenu son deuxième succès trois semaines avant de se blesser l’hiver dernier.
« Nous en parlions lors du dîner avec les filles de l’équipe l’autre jour. Elle est devenue rapide si rapidement lors de ses débuts en Coupe du monde. A 18 ans, elle avait déjà gagné presque toutes les courses ! Sa régularité et sa capacité à gérer la pression sont incroyables. »
Valérie Grenier souhaite à Shiffrin d’atteindre le cap des 100 victoires devant son équipe à Killington. « On sait que ça va arriver bientôt, mais ce serait cool pour tout le monde si c’était ici… en slalom ! Nous aimerions garder le slalom géant pour les autres filles. »
* Annoncé mercredi, le contrôle de la neige en préparation à la Coupe du monde de Tremblant a été repoussé à samedi, afin de donner le temps à l’organisation de préparer la piste Flying Mile. Un tel report n’est pas inhabituel, mais laisse penser que les conditions sont tout juste acceptables pour les deux géants prévus les 7 et 8 décembre. “L’équipe a fait un travail considérable pour se préparer à cette situation et nous sommes encouragés par les prévisions météorologiques”, a déclaré la Coupe du monde FIS. » a déclaré le directeur de course Peter Gerdol dans un communiqué.