Et si vous chaussiez vos crampons plutôt que de mettre une cravate pour vous rendre à un entretien d’embauche ? C’est la méthode que France Travail a choisi d’appliquer en organisant un job dating pas comme les autres : « Du stade à l’emploi ». Jeudi 28 novembre, les footballeurs étaient nombreux sur la pelouse du complexe sportif de Pont-Roux, à Bergerac, en Dordogne.
Dans leurs rangs ? Des recruteurs issus de près de 15 entreprises différentes de la région, allant du secteur automobile aux services à la personne en passant par l’hôtellerie-restauration, et une centaine de demandeurs d’emploi, d’âges et de sexes différents.
Compétences générales
Mais personne ne sait qui est qui. En effet, sous couvert d’anonymat, les participants sont répartis en une dizaine d’équipes. Pas de question de parcours professionnel, de nombre d’années d’expérience… Seul le football occupe les esprits. Et patrons et collaborateurs potentiels transpirent ensemble, sous un radieux soleil d’automne.
« La cohésion s’est faite naturellement. On se retrouve sans pression ni stress, dans un environnement beaucoup moins anxiogène »
« Avec ce format, on fait marche arrière. Il s’agit de se retrouver autrement, sans CV ni bureau, explique Marie-Jocelyne Senemaud, directrice de l’agence France Travail à Bergerac. Tout le monde se mélange lors d’ateliers qui mettent en avant les qualités personnelles et surtout le savoir-être. » Les soft skills qui, selon elle, sont l’élément le plus difficile à analyser en entretien.
Aussi, les qualités mises en avant par la pratique du sport n’ont plus besoin d’être présentées. Travail en commun, réussite, écoute, adaptation, communication… Après deux heures passées à taper dans un ballon, les participants, le sourire jusqu’aux oreilles, le confirment : « La cohésion s’est faite naturellement. On se retrouve sans pression ni stress, dans un environnement beaucoup moins anxiogène. » D’ailleurs, nous sommes déjà contents de loger au sein des équipes, même si l’anonymat n’est toujours pas levé…
« Sortez du CV »
« Les entreprises ont évolué, poursuit Marie-Jocelyne Senemaud. Et pour répondre aux difficultés de recrutement, on se rend compte que de plus en plus d’entre eux « sortent du CV ». »
L’arrivée de nouvelles générations sur le marché du travail impose également aux employeurs de s’adapter à des individus qui privilégient davantage que leurs prédécesseurs un équilibre entre vie personnelle et vie professionnelle.
« Aujourd’hui, les candidats recrutent aussi en quelque sorte leur futur patron », confirme le directeur. Ce format de job dating permet aux participants d’être placés dans une position d’observation mutuelle. Et pour certains demandeurs d’emploi, qui évoluent dans un monde numérique et envoient des dizaines de candidatures par email, souvent sans réponse, de se rendre compte que les recruteurs ne sont pas tous inaccessibles. »
Ce jeudi, l’un d’eux aura peut-être même fait, sans le savoir, une passe décisive à son futur salarié… Ce qui pourrait déboucher sur la signature du contrat de travail tant convoité, qui sait.