Il connaît bien le XV de France. C’est lui qui a été appelé au chevet de la sélection, après la défaite reçue contre la Nouvelle-Zélande lors du quart de finale du Mondial 2015 (62-13). Mais surtout, il a longtemps écrit les belles pages de l’histoire du Stade Toulousain. Aujourd’hui, à 70 ans, Guy Novès préfère passer une retraite paisible, loin des caméras et des projecteurs. Ce qui ne l’empêche pas de suivre avec attention l’actualité du rugby.
Et cela a été chargé ces derniers mois. Notamment à l’occasion de la tournée du XV De France en Argentine, où a éclaté l’affaire Auradou-Jegou, ainsi que les propos racistes de Melvyn Jaminet. Deux événements qui ont terni l’image du sport et mis un peu plus l’accent sur les dérives qui pourraient exister dans l’ovale.
“Il n’y a pas assez d’argent pour effectuer des contrôles”
“Quand je l’ai découvert, je ne suis pas tombé du placard, explique l’ancien manager toulousain dans un entretien au Parisien. Je comprends que les gars veulent faire la fête. Il y a tellement de pression. Mais quelque chose me dérange. Nous sommes passés de l’alcool à le mélanger à des drogues, et pas seulement à des drogues légères. Cela conduit à des choses terribles. Souvenez-vous de ce joueur de Montauban (Kelly Meafua en mai 2022) qui s’est jeté d’un pont il y a quelques années. Il y a cette recherche de la démesure dans la mesure du possible, et ça n’a rien à voir avec l’esprit du rugby. »
S’il se réjouit qu’un cadre soit posé en équipe de France et que les troisièmes mi-temps soient désormais contrôlées dans les vestiaires, Guy Novès s’inquiète, plus généralement, de la santé des joueurs. Et cela à tous les niveaux. « Le mélange d’alcool et de drogues, on le voit dans les divisions en dessous du Top 14, où il n’y a pas assez d’argent pour faire des contrôles. Et là, on se laisse faire. La drogue s’installe à tous les niveaux du rugby. Dans les équipes de jeunes, cela existe. Le danger est immense pour les enfants. »
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Pourtant, l’esprit de fête et les dérives ont toujours collé à l’image d’un sport où il a longtemps été considéré comme du folklore… Lors de son mandat à la tête du XV de France, Novès a lui-même pu constater les dérives de certains joueurs. « En Argentine, pendant la tournée, quand je dirigeais les Bleus, je suis arrivé au petit-déjeuner un matin. Et dans l’ascenseur, je croise un joueur avec deux filles… Derrière, il y a eu une grosse relance de ma part. » A voir si le rachat du staff de Fabien Galthié aura des effets sur les acteurs internationaux.