Les racines des roses de Montréal s’ancrent peu à peu dans le sol de la région métropolitaine. Leur base, au centre sportif du Bois-de-Boulogne à Laval, est en construction. Et trois arénas de Montréal sont à l’étude afin qu’ils puissent y disputer des matchs à domicile sous garde partagée.
«Pour être honnête, il y a quatre endroits à Montréal où on peut jouer», explique la présidente du club, Annie Larouche, en entrevue avec La presse. Nous sommes assis dans les tribunes d’un des terrains synthétiques du Centre sportif de Laval, mercredi vers midi.
Assis pour cette entrevue d’un quart d’heure, jambe droite sous la cuisse gauche, Larouche souligne à quel point les odeurs, comme celle qui émane de la surface de jeu devant nous, peuvent rappeler certains souvenirs. Et certaines envies. « Ça donne envie de monter sur le terrain ! », raconte celle qui a dirigé l’équipe de cheerleading des Alouettes pendant 25 ans.
Nous listons les stades de Montréal pour elle qui, jusque-là, se gardait bien de commenter trop ouvertement le sujet dans les médias. Il y a évidemment le stade Saputo. Le CEPSUM de l’Université de Montréal. Le Centre Claude-Robillard. Et le stade Percival-Molson de l’Université McGill.
« On a parlé à tout le monde », confirme le président des Roses. McGill ne sera pas une option. Mais nous discutons toujours des trois autres. »
Chaque site a ses propres qualités et défis pour la nouvelle équipe professionnelle féminine de football, qui bottera les premiers ballons en avril prochain, soit dans cinq mois. Se pose la question des horaires et des calendriers des occupants actuels, comme le CF Montréal au Stade Saputo et les équipes des Carabins au CEPSUM. On sait aussi que le court central de Claude-Robillard n’est pas dans les meilleures conditions.
Les Roses auront 12 matchs à jouer à Montréal. Peut-être un autre s’ils atteignent la demi-finale à domicile.
« Nous avons une excellente feuille de calcul Excel ! » dit Annie Larouche en riant pour expliquer la complexité de l’affaire. Allons-nous également opter pour un stade de 19 000 places à Saputo ou pouvons-nous opter pour une configuration plus petite ? […] Il s’agit de voir ce qui peut nous être proposé, ce qui est possible, ce qui devient la meilleure option pour nous. »
Il faut que ce soit de la qualité pour nos joueurs. Mais cela doit être une expérience incroyable pour nos fans, peu importe où nous jouons.
Annie Larouche, présidente des Roses de Montréal
Ils pensent « tout, tout, tout, tout ! » », assure Larouche. Un exemple ? On lui demande s’ils ont envisagé la possibilité de proposer une double programmation au stade du CF Montréal, avec un match des Roses l’après-midi et une rencontre du CFM le soir. De sa réponse, on comprend qu’ils y ont visiblement déjà réfléchi.
« Cela devient une question d’entretien du territoire, ce qui est naturel. Avons-nous les mêmes diffuseurs ? Avons-nous les mêmes fournisseurs, tant pour les concessions alimentaires que pour la production ? Avons-nous les mêmes partenaires ? Avons-nous le temps de faire le démontage et le montage ? [de l’affichage] entre les deux jeux ? Il y a tellement de choses à considérer. »
Veuillez noter que les matchs de la Super Ligue du Nord (SLN) seront diffusés sur RDS, TSN, Radio-Canada et CBC à compter d’avril prochain.
“C’est leur tour”
Cet entretien a également été l’occasion de La presse aller voir la situation au Bois-de-Boulogne, où les Roses ont promis d’offrir à leurs représentants un environnement « de classe mondiale » pour s’entraîner et, essentiellement, vivre en groupe. «Ils n’auront donc qu’à se concentrer sur leur jeu et on s’occupera du reste», dit Larouche.
A l’heure du déjeuner, pendant laquelle nous pénétrons brièvement dans les locaux, quelques ouvriers travaillent. Quelques murs ont été érigés, mais nous sommes loin du produit fini, le chantier est encore terminé. Il s’agit d’une superficie de 10 000 mètres carrés, qui comprendra une salle de sport, des espaces de vie, des vestiaires et des bureaux.
« Ici, le travail se passe bien. Nous sommes dans les délais. C’est excitant, ça devient notre maison», déclare le président.
La SLN a également pris soin d’établir quelques bases contractuelles pour ses joueurs. Le salaire minimum sera de 50 000 $. Il n’y aura aucun échange sans leur accord. Elles auront accès à des services de soutien et à des prestations de santé mentale dans les secteurs « maternité et fertilité », dans le but également de « dépasser les normes de la FIFA ».
«C’est exactement pourquoi nous le faisons», a déclaré Larouche lorsqu’on lui a parlé. Nous voulons donner aux filles et aux femmes les moyens de pratiquer leur sport à un niveau professionnel. Sans avoir à dire : “Je ne pourrai pas avoir d’enfants, sinon ma carrière est finie”.
« Nous sommes le troisième plus grand pool de joueurs au monde et nous n’avions pas de ligue ici. Il est temps de ramener cela à la maison et de prendre soin des femmes, de leur donner l’opportunité de briller. C’est leur tour. »