L’Ange de l’anneau s’est envolé pour l’éternité. Donato Paduano est décédé mardi des complications liées au diabète. Il aurait eu 76 ans jeudi prochain.
Paduano était resté à l’écart du public pendant plusieurs années. Son après-carrière n’a pas été une roseraie. Son fils Yannick, l’un des trois garçons qu’il a eu avec son ex-compagne Linda Ouimet, cousine de Danièle Ouimet, n’en fait pas un secret.
« Mon père est mort dans la pauvreté », dit-il.
« C’est le modèle classique des boxeurs de son époque. Il était mal entouré.
Comme on le voit en boxe, les gens profitaient de Donato. Mais il ne s’en est pas aidé non plus.
« Il avait une passion pour le jeu, c’est connu », ajoute Yannick, qui a un frère jumeau prénommé Patrick.
Yannick ne semble pas amer au téléphone. Nous sommes soulagés que son père ait fini de souffrir. Il est reconnaissant envers son frère aîné Danny, qui s’est occupé du chef du clan jusqu’au bout.
« Les souvenirs de sa belle carrière en boxe resteront, poursuit-il.
“Il nous a dit qu’il était arrivé au bout de son talent, qu’il ne pouvait pas faire plus et qu’il n’avait aucun regret.”
Paduano a eu une riche carrière.
En 1967, à l’âge de 18 ans, il remporte le championnat des Golden Gloves et Golden Gloves de Montréal. à New York, un exploit peu commun. L’année suivante, il représente le Canada aux Jeux olympiques de Mexique.
Son palmarès professionnel est composé de 55 victoires, 10 défaites et deux nuls.
Personnalité attachante
En 1971, il s’impose par décision unanime face au Français Marcel Cerdan fils. Cette victoire le propulse au troisième rang mondial dans la catégorie des poids welters (entre 140 et 147 livres). Ce triomphe a été suivi de deux défaites consécutives, dont l’une aux mains du Canadien Clyde Gray, qui a mis fin à ses espoirs de remporter un combat pour le championnat du monde.
Pour ceux qui l’ont souvent vu en action, Paduano était un technicien hors pair, mais n’avait pas la force de lutter contre les meilleurs du monde. Son surnom L’Ange de l’Anneau lui était venu d’un journaliste des premiers jours de Revue QuébecClaudeRobert.
Yannick Paduano pense que c’est dû à l’affabilité dont son père faisait preuve avec toutes les personnes qu’il rencontrait sur son chemin.
« Mon père était gentil avec les journalistes, il était gentil avec tout le monde », le félicite son garçon.
J’ai rencontré Paduano au cours de mes premières années de journalisme, à la fin Montréal-Matin. C’était en effet une affaire agréable. J’ai été délégué à la conférence de presse où il a annoncé sa première retraite de la boxe, en 1975. La rencontre a eu lieu dans un bureau de l’ancienne Brasserie O’Keefe, dont les locaux sont aujourd’hui occupés par l’École de Technologie Supérieure (ÉTS), coin de Peel et Notre-Dame.
Il était accompagné de sa charmante Linda et d’Yvon Larrivée, son manager et homme de coin qui comptait tout pour lui dans sa carrière. Il allait travailler dans le département des ventes chez Pepsi.
Cela a duré quelques années.
Donato est fait pour vivre dans le monde de la boxe. Réputé pour sa fine technique, il aurait peut-être fait un très bon entraîneur.
Combat d’anthologie contre Fernand Marcotte
En apprenant son décès, mardi soir, j’ai retrouvé sur YouTube la retransmission télévisée du deuxième combat entre lui et Fernand Marcotte, le 15 février 1972, au Forum.
La foule était divisée dans l’ancienne enceinte de la rue Sainte-Catherine. D’un côté, il y avait la communauté italo-montréalaise qui idolâtrait Paduano. De l’autre, les partisans de Marcotte qui étaient allés à Montréal encourager leur célèbre concitoyen québécois.
Quel combat ce fut !
Les deux combattants se sont livrés un duel sans merci durant 10 rounds. Dès le début, Marcotte a envoyé Paduano sur la toile avec un solide droit à la mâchoire. Ce dernier n’avait pas glissé. Il était en effet abasourdi.
Pour le reste de la manche, Marcotte, désireux d’en finir avec son rival ébranlé, a utilisé tout son arsenal pour achever Paduano. Mais rien ne s’est passé.
Au troisième tour, Paduano a de nouveau chuté, cette fois pour un compte de trois ou quatre secondes. Il a été coupé au niveau de l’arcade sourcilière gauche.
Cette fois, on pensait que c’était la fin, mais non !
Paduano a repris ses esprits et, dès le cinquième tour, c’est lui qui a dominé. Lors de cette ronde, il a infligé une vilaine coupure près de l’œil droit de Marcotte.
Bourse de moins de 20 000 $
Le descripteur du combat, Bob McDevitt, qui était commentateur à la CBC à Montréal, racontait chemin faisant que les revenus du combat s’élevaient à plus de 91 000 $ et que chacun des deux pugilistes recevrait entre 18 000 $ et 19 000 $.
Autant dire cacahuètes!
Paduano a été déclaré vainqueur par décision unanime des juges.
Lors de leur premier combat, trois mois plus tôt au Centre Paul-Sauvé, Marcotte avait obtenu la décision des juges. Mais cela ne s’est pas arrêté là.
Quelques instants plus tard, une personne pénétrait dans le vestiaire du clan Marcotte pour indiquer que le résultat avait été changé en match nul. L’histoire raconte que Fernand Marcotte Sr., également manager et cornerman de son poulain, aurait piqué une crise de colère.
La famille Paduano recevra parents et amis au Complexe funéraire Magnus Poirier situé au 7388 boul. Viau, à Saint-Léonard, mercredi prochain, le 27 novembre. Les heures de visites seront de 10 h à 12 h et de 14 h à 17 h. Les funérailles seront célébrées à 17 h en la chapelle du complexe.