Fabien Galthié a fait un choix fort au début de cette tournée automnale en associant Thomas Ramos à Antoine Dupont dans la gestion du jeu, ce qui donne jusqu’à présent raison au sélectionneur. Ce duo a déjà été à l’œuvre lors de grands rendez-vous avec Toulouse et n’a été battu qu’une seule fois en vingt-trois matches lorsqu’il était aligné. Cela fait des merveilles et sera encore attendu ce vendredi soir. La preuve à travers quelques chiffres.
20 victoires d’affilée pour ce duo
Antoine Dupont et Thomas Ramos répètent souvent qu’ils ont l’habitude de jouer ensemble à la charnière, même si ce duo était aligné pour la première fois en équipe de France lors de cette tournée automnale. Au Stade Toulouse, de nombreuses options existent à la charnière avec la présence de Romain Ntamack ou la polyvalence de Juan Cruz Mallia. Mais, si Ramos était régulièrement déplacé vers l’ouverture pendant le match, les deux se sont également retrouvés aux commandes à plusieurs reprises dès le début. A tel point que, ce vendredi soir face à l’Argentine, ils fêteront leur vingt-quatrième association (au coup d’envoi d’un match). La première remonte au 23 décembre 2018 à Clermont en Top 14, pour un match nul à l’arrivée. Mais le bilan de ce tournant est tout à fait exceptionnel : vingt et une victoires, un nul et… une seule défaite. C’était le 12 janvier 2019, au Leinster (13-29), en phase de poules de la Champions Cup. Depuis, elle enchaîne tout simplement une vingtaine de succès d’affilée ! Elle a pourtant souvent été à l’œuvre dans les grands événements : six fois sur la scène « européenne », ou encore en finale du Top 14 en 2019 et 2021.
6 passes décisives en deux matches
Dire que les deux leaders du XV de France ont été incontournables, lors des deux premières sorties de la tournée automnale, relève désormais de l’évidence. Mais leur influence sur le collectif se traduit aussi à travers certaines figures marquantes. « Thomas et Antoine ont cette capacité à voir rapidement les espaces »a déclaré Louis Bielle-Biarrey dans ces colonnes lundi. Et le duo a indéniablement profité à leurs partenaires, puisque la charnière a déjà réalisé six passes décisives sur les onze essais inscrits par les Bleus en ce mois de novembre. Antoine Dupont – qui affiche déjà une moyenne incroyable de 1,24 passes décisives par match la saison dernière – en a délivré deux contre le Japon (pour Mauvaka et Gros), tandis que Thomas Ramos en a quatre sur les deux matches (deux pour Louis Bielle-Biarrey, une pour Émilien Gailleton et une pour Romain Buros). Surtout, l’ouvreur ou arrière toulousain s’est permis de faire ressortir toute la palette pour servir ses coéquipiers : coup de pied décroisé, coup de pied profond, passe sautée et service haut.
87,5% de réussite pour Ramos sur cette tournée
Thomas Ramos est un immense buteur, unanimement reconnu comme l’un des meilleurs de la scène internationale actuelle. Jusque-là, personne n’apprend rien. Mais son succès au pied est extrêmement précieux lors de cette tournée d’automne. Auteur d’un honnête six sur huit face au Japon, l’ouvreur s’est surtout illustré avec un 100% contre les poteaux face à la Nouvelle-Zélande (six sur six). Et quand on sait que les Bleus n’ont gagné que d’un point… Samedi dernier, il a eu quelques coups de pied difficiles à transformer, avec un premier penalty à plus de cinquante mètres ou deux transformations de corner. Sur cet épisode de novembre, il est actuellement à 87,5% de réussite, ce qui le place toujours à un niveau très élevé. Au-delà, il atteint 364 points avec l’équipe de France, ce qui fait de lui le sixième meilleur réalisateur de l’histoire. S’il n’est qu’à 72 longueurs de la première place détenue par Frédéric Michalak (436), il pourrait dépasser ce vendredi Thierry Lacroix (367), Morgan Parra (370), Dimitri Yachvili (373), ou encore Christophe Lamaison (380).
160 minutes jouées par Ramos
Alors que son histoire avec le XV de France a longtemps été contrariée, Thomas Ramos s’est imposé comme un joueur incontournable des Bleus depuis novembre 2022. Depuis, son statut n’a fait que s’épaissir et son influence grandir. Aujourd’hui, et plus encore en l’absence de Romain Ntamack, il est considéré comme le chef d’orchestre des Tricolores aux yeux de Fabien Galthié et de ses adjoints, qui l’ont même fait rejoindre le groupe des leaders depuis le Tournoi des 6 Nations 2024, et l’un des les principaux garants du système de jeu. Et cela est démontré par une statistique qui n’est pas anodine. Conscient qu’il fallait entretenir la forme physique et surveiller le temps de jeu de chaque joueur depuis le début de la saison, le staff a cherché à régénérer son effectif. Avant ce troisième match du tour, seuls trois joueurs ont disputé l’intégralité des deux premiers matches : Alexandre Roumat, Louis Bielle-Biarrey et… Thomas Ramos. Cela prouve l’importance capitale de ces dernières sur le terrain. Sachant que Roumat ne démarrera pas ce vendredi…
12 jeux au pied par match pour Dupont
Si les deux amis de la charnière partagent facilement les rôles stratégiques sur le terrain, et au-delà se complètent parfaitement, il faut reconnaître qu’Antoine Dupont – comme il le fait avec Romain Ntamack en sélection d’ailleurs – est responsable de la majorité des jeu au pied (hors penalty évidemment). Sa longueur, autant que sa capacité à être efficace des deux pieds, pousse le staff à lui demander de prendre ses responsabilités dans ce secteur, notamment derrière les rucks, pour soulager son ouvreur et surtout éviter le risque d’un contre qui pourrait s’avère être un meurtrier. Ce qui est décisif. Ainsi, le demi de mêlée a botté douze fois contre le Japon, puis autant de fois contre la Nouvelle-Zélande (même si, pour être pointilleux, il faut noter qu’il a parfois manqué de précision sur certaines sorties de camp lors de ce match). À ses côtés, Ramos a été auteur en moyenne de sept coups de pied au sol par match (cinq de moins que son coéquipier).
9 défenseurs battus par Dupont
S’il est ultra-surveillé par ses adversaires qui le craignent plus que tout autre joueur sur le terrain (ce qui offre très régulièrement du confort et des opportunités à ses coéquipiers puisqu’il concentre les défenses, comme Thomas l’a récemment souligné Ramos), Antoine Dupont n’en conserve pas moins un extraordinaire qualités individuelles. Sa priorité reste désormais de jouer autour de lui, de dynamiser au moment de lâcher le ballon lorsque la situation l’exige ou de retarder, voire de relever, quand il le faut, donc de servir en permanence un collectif dont il est le patron. Mais cela ne l’empêche pas de profiter de la moindre brèche pour faire valoir son talent et disputer quelques duels avec une efficacité diabolique. Lors des deux derniers matches, il a battu pas moins de neuf défenseurs adverses (autant que la flèche Louis Bielle-Biarrey !) et parcouru 109 mètres ballon en main. Des statistiques assez effrayantes pour un numéro 9 à qui, il faut le répéter, on laisse désormais très peu de place.