D’un côté, la meilleure attaque de la Ligue canadienne de football (LCF). De l’autre, la meilleure défense. Et pendant une rare période, l’expression établie n’a pas fait son effet. Dimanche soir, à Vancouver, c’est l’offensive qui a remporté le championnat.
Mis à jour hier à 23h45
Les Argonauts de Toronto avaient une moyenne de 28,5 points cette saison. Ils ont triomphé dans le cadre du 111e Coupe Grey en dépassant cette normale, avec une victoire de 41-24 contre les Blue Bombers de Winnipeg.
Ce duel était également en contradiction avec la position de quart-arrière. Zach Collaros, 36 ans, a mené son équipe en finale pour la cinquième saison consécutive.
En revanche, Nick Arbuckle participait pour la première fois à ce grand rendez-vous. Il s’agissait d’ailleurs de son premier départ en séries éliminatoires, à l’âge de 31 ans. Lors de la finale de la division Est contre les Alouettes de Montréal, le partant régulier Chad Kelly s’est fracturé le tibia au troisième quart.
Ainsi, avec 25 départs à son actif, Arbuckle est devenu le deuxième quart-arrière le moins expérimenté à débuter le match de la Coupe Grey.
Le Californien a d’ailleurs débuté timidement le match. Même s’il a réussi ses huit premières passes, il n’a rien tenté de trop imprudent. En fait, il lui a fallu du temps pour trouver son réconfort. Ses mouvements dans la poche ne semblaient pas fluides. Cependant, comme sa carrière, Arbuckle a su s’adapter. Une longue passe de 36 yards captée par Damonte Coxie dans les dernières minutes de la première mi-temps le sort de sa torpeur.
Les Argos tiraient de l’arrière 10-9 à la mi-temps. Ils étaient encore dans le coup grâce à trois placements de Lirim Hajrullahu.
Il est difficile de dire si c’est ce moment fort ou la performance des Jonas Brothers à la mi-temps qui a déclenché le pivot, mais un homme transformé s’est présenté sur le gazon artificiel de BC Place pour la seconde moitié du match. .
La suite de la réunion a été un véritable tourbillon. Une passe de touché de 17 verges au Québécois Kevin Mital au troisième quart. Une passe de 18 verges à Dejon Brissett au quatrième quart pour prendre une avance de 24-16. Et surtout, la capacité à limiter les erreurs et à conserver une avance qui, en principe, n’était pas une garantie face à la défense de Winnipeg.
Arbuckle a finalement terminé la rencontre avec 252 yards offensifs, 26 passes complétées en 37 tentatives et un titre en poche.
L’effondrement de Zach Collaros
Avec son coéquipier Willie Jefferson, Collaros avait l’avantage d’être le joueur le plus expérimenté, avec une sixième participation en finale.
Le quarterback de 36 ans avait cependant la réputation de chuter dans les grandes occasions, avec un bilan de deux victoires et trois défaites.
Rien pour aider sa cause, non seulement il a ajouté une quatrième défaite à son palmarès, mais sa performance restera dans les mémoires comme l’une des pires de l’histoire de la Coupe Grey.
Zach Collaros est devenu le premier quart-arrière depuis 1977 à réaliser quatre interceptions lors du dernier match.
Mais au-delà de ce bilan terne, Collaros était éteint, dévié et dépassé par les événements. Il n’a complété que la moitié de ses 30 passes pour à peine 200 yards. Pire encore, il n’a pas lancé une seule passe de touché.
Comme lors de la Coupe Grey 2023. Et comme lors de la Coupe Grey 2022. Deux années où son équipe a également essuyé la défaite. Ainsi, en six finales, Collaros a accumulé trois passes de touchdown, contre huit interceptions.
Même si ces données peuvent expliquer en grande partie cette autre défaite des Bombers en finale, personne dans cette unité offensive n’a tenté de sauver Collaros, essoufflé à force de se débattre dans ces eaux agitées. Le porteur de ballon vedette Brady Oliveira, dominant avec 1 353 verges cette saison, a récolté 84 verges au sol. Nick Demski, le receveur le plus fiable de l’équipe, n’a capté que deux des sept passes qui lui ont été lancées. Même si Collaros se noyait, aucun de ses coéquipiers n’est venu à son secours.
Seul Jefferson, un ailier défensif qu’on ne présente plus, a vraiment donné une chance à son équipe. Avec deux sacs, un plaquage pour défaite et une interception, le vétéran de 33 ans a joué à la hauteur de son talent. Mais comme les grandes pyramides n’ont pas été construites par un seul homme, il est très difficile d’atteindre le sommet lorsqu’un seul joueur s’implique.
Le triomphe de la défense
Les partisans des Alouettes ont sans doute encore du mal à se remettre de la défaite de leurs favoris en finale de l’Est, survenue il y a une semaine. Les Birds n’ont pas pu défendre leur titre en raison de l’éclat de la défense torontoise.
Et si les Argonautes pouvaient profiter d’un 19e la victoire en finale est due à leur défense.
Maîtres des revirements depuis le début des séries éliminatoires, les joueurs des Argos ont repris là où ils s’étaient arrêtés à Montréal. Benjie Franklin a, encore une fois, réalisé sa quatrième interception en trois matchs à la fin du deuxième quart-temps.
Momentanément à l’infirmerie pour soigner une coupure à la main droite lors du troisième quart-temps, Collaros a envoyé sa première passe, dès son retour, directement dans les mains de DaShaun Amos.
Un peu plus de trois minutes plus tard, Robert Priester a retourné un vol de 61 verges dans la zone des buts pour mettre le match hors de portée des Bombers, à 33-16.
Moins de 60 secondes plus tard, pour ajouter l’insulte à la blessure, Wynton McManis est devenu le quatrième joueur à donner une mauvaise image de Collaros et de l’offensive de Winnipeg avec une interception.
C’était le 12e revirement provoqué par les Argos en séries éliminatoires.
Enfin, peut-être que le dicton était vrai, car la défense avait aussi son mot à dire dans ce championnat.