Dans une semaine, Gabriel Diallo pourrait être soit un acteur, soit un simple témoin d’une page de l’histoire du tennis.
Publié hier à 18h42
Le grand gaillard fera partie de la délégation canadienne à la finale de la Coupe Davis, qui aura lieu à Malaga, en Espagne. Ces finales s’accompagneront cependant d’un spectacle parallèle : l’abandon de Rafael Nadal, devant les siens.
Le rendez-vous international constituera en effet le chant du cygne pour Nadal, et c’est là que cela devient intéressant pour les Canadiens. Le Canada débute son tournoi en quarts de finale contre l’Allemagne, tandis que l’Espagne rencontrera les Pays-Bas. Les vainqueurs de ces duels s’affronteront en demi-finale.
Si les Néerlandais battent les Espagnols, Diallo et ses compatriotes assisteront tout simplement au départ du membre le plus spectaculaire des « trois grands » de l’âge d’or du tennis. L’Espagne est cependant la favorite sur le papier, avec trois membres du top 50 mondial, dont le numéro 3, Carlos Alcaraz.
En cas de victoires du Canada et de l’Espagne, c’est donc une véritable rencontre avec l’Histoire – celle qui nécessite une majuscule – qui attendra Diallo, Denis Shapovalov, Milos Raonic, Alexis Galarneau et Vasek Pospisil. Diallo préfère cependant laisser ces scénarios hypothétiques aux journalistes et aux amateurs.
« Nous allons jouer un match, un tour, un point à la fois. On a une très lourde tâche contre l’Allemagne, qui est une très bonne équipe, a rappelé le Québécois, en visioconférence mardi matin. Nous nous concentrons donc sur l’Allemagne.
« Mais pour en revenir à Nadal, il est un emblème du sport. Je me souviens de sa finale de 2012 contre Novak [Djokovic]. Même si Nadal avait perdu, c’est un match qui m’a marqué. Il est l’un des meilleurs joueurs sur terre battue de tous les temps, l’un des meilleurs de l’histoire. Il a marqué son sport par sa combativité, sa ténacité a été exemplaire pour tous les jeunes qui l’ont regardé. »
Ce sera un jour bien triste quand il prendra sa retraite.
Gabriel Diallo, à propos de Rafael Nadal
Qu’est-ce qui l’a marqué lors de la finale de l’Open d’Australie 2012 ? « Je pense avoir regardé les moments forts 25 fois ! » Mes amis et moi essayions de reproduire les points clés. Jusqu’au bout, on ne savait pas qui allait gagner. J’avais acheté le kit de Novak, je jouais avec sa raquette. Les deux se sont lancés dans des échanges exceptionnels. Cela m’a marqué, mais cela a aussi marqué l’histoire du tennis. »
On comprend que le jeune Diallo était plus un Djokovic qu’un Nadal. “J’ai beaucoup aimé Djokovic en 2011, 2012”, explique celui qui a aujourd’hui 23 ans. J’ai eu le même vacarme. Il glissait, faisait le grand écart. Cette génération était exceptionnelle, les trois ont fait des choses que personne ne pouvait faire. C’était un moment idéal pour regarder le tennis. »
Des attentes plus élevées
C’était le moment idéal pour en être témoin, mais Diallo aspire à être un acteur plus qu’un témoin.
Il s’en donne les moyens en obtenant de bons résultats en 2024 : il se qualifie pour Roland Garros, puis ceux des Etats-Unis, où il se rend au 3e tournée, signant ainsi ses deux premières victoires dans des tournois du Grand Chelem. Le mois dernier, il a atteint sa première finale ATP, lors du tournoi 250 à Almaty.
Résultat : il a grimpé de 53 places au classement depuis le début de l’année. À partir de 139e grade, il est passé au 86e.
Le top 100 signifie tout dans le tennis. Au-delà du fait que la position dans le classement soit à deux chiffres, c’est aussi un accès direct aux tournois du Grand Chelem, plutôt que de devoir bourrer trois matches de qualification.
Pourtant, au quotidien, il assure que sa vie ne change pas. « La Terre continue de tourner en rond », illustre-t-il. Oui, ça vous ouvre plus de portes, ça donne accès à des tournois pour lesquels j’ai passé par les qualifications. Cela contribue également à la confiance, car tous les jeunes visent top 100. »
C’est une chose de revenir, mais c’en est une autre de solidifier votre place et de rester.
Gabriel Diallo
Ce statut s’accompagne également de plus grandes attentes, d’autant qu’il estime jouer « le meilleur tennis » de sa jeune carrière.
« Plus vous montez dans le classement, plus vous, votre pays, vos sponsors attendez beaucoup. Je vais apprendre à gérer ça. Mais la Coupe Davis est un tournoi différent et le classement mondial n’a aucun rapport, comme Alexis et moi l’avons démontré en Italie. »
En septembre 2023, Diallo et Alexis Galarneau avaient chacun remporté leur match en simple, Galarneau face à 53e joueur mondial, Diallo contre le 17epour aider le Canada à vaincre le pays de Zucchero.
Disponible en double
Le Canada sera certainement négligé pour le duel en double. Les Allemands Kevin Krawietz et Tim Pütz viennent d’atteindre la finale du double à Flushing Meadows. A l’inverse, le Canada arrive sans réelle menace en double, avec Vasek Pospisil arrivant en fin de parcours. Gabriel Diallo ne dirait cependant pas non à un mandat de jeu en tandem. « Si Frank [Dancevic, le capitaine] me dit de jouer en simple, double, triple, sur le banc, je vais le faire ! Au collège, j’ai joué beaucoup de double au cours de mes deux premières années. J’ai joué contre l’Angleterre en Coupe Davis, et aussi dans quelques Challengers. Je m’amuse à le faire. Si Frank me le demande, je sauterai sur le terrain. »
Les forces en présence
Canada
- Denis Shapovalov
56e en simple - Gabriel Diallo
86e en simple, 686e en double exemplaire - Alexis Galarneau
216e en simple - Milos Raonic
234e en simple - Vasek Pospisil
736e en simple
Allemagne
- Jan-Lennard Struff
43e en simple, 127e en double exemplaire - Yannick Hanfmann
95e en simple, 84e en double exemplaire - Daniel Altmaier
88e en simple, 562e en double exemplaire - Kévin Krawietz
15e en double exemplaire - Tim Putz
16e en double exemplaire