Roxana Maracineanu renvoie la balle à l’Elysée et à Matignon

Roxana Maracineanu renvoie la balle à l’Elysée et à Matignon
Roxana Maracineanu renvoie la balle à l’Elysée et à Matignon

Ancienne nageuse olympique, difficile de faire dévier Roxana Maracineanu de sa ligne. C’est pourtant ce qu’ont tenté les sénateurs de la commission d’enquête sur la financiarisation du football. Ministre des Sports entre 2018 et 2022, elle a travaillé à l’élaboration du projet de loi visant à démocratiser le sport en France adopté en 2022. C’est sur la base de ce texte que la Ligue de Football Professionnel (LFP) est autorisée à créer une filiale pour commercialiser les droits audiovisuels des championnats professionnels, à condition que la ligue conserve au moins 80 % du capital de cette société. Un accord qui est au cœur des travaux de la commission d’enquête.

“Je n’étais pas d’accord avec l’amendement”

Pour 1,5 milliard d’euros, LFP Média, la nouvelle filiale chargée de commercialiser les droits TV des championnats de football professionnels en France (Ligue 1 et Ligue 2) a cédé « définitivement » 13 % de ses parts à CVC. Sur les 1,5 milliard d’euros déboursés par le fonds d’investissement, 1,130 milliard est directement destiné aux clubs. La répartition des sommes s’est faite selon des tranches définies en fonction du prestige sportif des clubs et s’échelonne de 200 millions d’euros pour le PSG à 3 millions d’euros pour les clubs de Ligue 2. Ce mode de répartition est contesté en justice par le club havrais, qui s’estime lésé par le mode de répartition des fonds adopté par la LFP (lire notre article).

L’amendement au projet de loi qui permettait aux ligues professionnelles de créer une filiale commerciale a été déposé lors de l’examen à l’Assemblée nationale par le rapporteur (Renaissance), Cédric Roussel. « Cet amendement est-il le résultat d’un travail préparatoire ? Était-ce un ordre de la Ligue (LFP)», a voulu savoir le rapporteur (LR) Michel Savin. « Il faut demander à M. Roussel », a déclaré l’ancienne ministre, rappelant que son travail avait permis de retravailler l’amendement en mettant en place quelques garde-fous, en s’inspirant des travaux du Sénat.

Ce à quoi Michel Savin a répondu que les recommandations du Sénat en la matière étaient plus protectrices. « Le Sénat a voulu limiter la cession des parts de la société commerciale à 10 % […] Nous avons été beaucoup plus restrictifs en prenant l’exemple de l’étranger.»

Les sénateurs ont tenté, sans succès, de faire réagir l’ancien ministre aux déclarations de Christophe Bouchet, auditionné mardi par la commission d’enquête sénatoriale. L’ancien président de l’OM et auteur du livre « Mains sur l’argent du football français » (éd. Robert Lafon) a affirmé que Roxana Maracineanu était contre l’accord conclu entre le CVC et la LFP. « Je ne sais pas de quoi M. Bouchet tire ses conclusions. Je ne me souviens pas de lui avoir dit ça. Après, oui, je n’étais pas d’accord avec l’amendement tel qu’il avait été déposé par M. Roussel. Elle indique avoir travaillé à rétablir un équilibre entre les délégations et les ligues sportives professionnelles. La loi prévoit, à cet égard, qu’une société commerciale ne peut être créée sans l’accord de la fédération sportive déléguée.

Patrick Kanner, président du groupe PS, également ancien ministre des Sports, revient à la charge. « Pourquoi n’avez-vous pas présenté vous-même un amendement du gouvernement ? » Il cite ensuite un écho de la Lettre A datée de 2022, faisant état d’un arbitrage de l’Elysée, précisément d’Alexis Kohler, le secrétaire général de l’Elysée dans l’entrée de CVC au capital de la filiale.

« Oui, l’Elysée a travaillé sur tous les dossiers juridiques […] Oui, évidemment mon ministère n’a pas fonctionné seul. Mais cela ne me surprend pas étant donné la situation d’urgence dans laquelle se trouvait la ligue à ce moment-là », a-t-elle répondu.

“J’imagine que l’Elysée et Matignon se sont occupés d’un certain nombre de choses, dont celle-ci”

En effet, avec la crise sanitaire, l’arrêt des compétitions, et la faillite du principal diffuseur, Mediapro, les clubs français avaient enregistré une perte de 1,8 milliard d’euros. Les droits de championnat avaient chuté d’environ 50 %.

Pourtant, 7 milliards d’aides ont été apportés au monde du Sport après la crise sanitaire. « C’est pour cela qu’on ne comprend pas ces discours sur les risques de faillite et d’échec des clubs, observe Michel Savin. Roxana Maracineanu entre une nouvelle fois en touche. « Vous pouvez contacter Bercy pour savoir s’il est nécessaire de recourir à un fonds d’investissement » […] “J’imagine que l’Elysée et Matignon se sont occupés d’un certain nombre de choses, dont celle-ci.”

Autre élément controversé de l’accord entre CVC et la LFP, la prime perçue par le président de la ligue, Vincent Labrune. « Cela ne fait pas partie des prérogatives du ministère des Sports de s’immiscer dans les affaires de la ligue donc je ne peux pas vous donner mon avis », répond le ministre. « Et en tant que citoyen ? » tente le président de la commission, Laurent Lafon (centriste). “Je te le donnerai plus tard.”

 
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