Carte postale | Ces drôles de gens négligés

(Astoria, New York) Une équipe d’opprimés, pourtant très chanceux, dont la dernière chanson peut être écoutée sur cassette VHS, cela vous dit quelque chose ?


Publié à 1h11

Mis à jour à 7h00

À bien des égards, les partisans des Canadiens et des Mets peuvent s’identifier, du moins la jeune génération qui n’a pas connu les années glorieuses d’antan.

C’est le cas d’Andy, rencontré au Murphy’s, un pub irlandais classique d’Astoria, une enclave résidentielle située dans l’arrière-cour de l’aéroport de La Guardia. L’homme de 37 ans, portier dans un complexe résidentiel de Manhattan, arrive au débit de boissons alors que les Mets mènent 10-2.

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PHOTO GUILLAUME LEFRANÇOIS, THE PRESS

Andy (au centre)

Nous étions dans l’Uber pour venir ici. On voit qu’on mène 10-2. Mon ami m’a dit : “C’est fini, pas besoin de regarder la fin, allons ailleurs.” Je lui dis : “Non, ce n’est pas fini !” Et vous voyez, maintenant il est 10h-17h. A 10 points d’écart, j’aurais eu raison !

Andy

Andy résume bien l’état d’esprit des fans des Mets. C’est l’équipe de l’heure par ici, n’en déplaise aux Islanders et au Canadien, qui s’affronteront samedi soir à l’UBS Arena.

La scène sportive new-yorkaise s’est déjà améliorée. Vous avez peut-être lu dans ces pages, d’après les écrits de Richard Labbé, que les Jets ne sont pas exactement la définition de l’excellence dans la NFL. Les Giants n’ont rien cassé depuis leur victoire au Super Bowl à l’hiver 2012.

Les Yankees sont sans championnat depuis 2009, leur plus longue sécheresse depuis leur léthargie de 1978 à 1996.

Dans la LNH, les Devils de 2003 sont la dernière équipe de la région à remporter la Coupe Stanley. En NBA ? Les derniers champions ici ont triomphé sous la direction de Gerald Ford. Le New York FC a sauvé la mise en 2021, mais la MLS n’est pas, contrairement aux autres circuits nord-américains, la ligue de référence dans son sport.

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Citi Field, domicile des Mets

La léthargie des Mets commence à dater

A travers ces léthargies, celle des Mets perdure depuis 1986, lorsque la maladresse de celui que l’on connaît, en première base pour les Red Sox, a permis à Gary Carter, Dwight Gooden, Darryl Strawberry, Sid Fernandez et autres joyeux plaisants de s’imposer. Depuis, c’est déception sur déception, depuis la série métro en 2000 (les Yankees ont gagné) jusqu’à l’élimination d’entrée en 2022, après une saison de 101 victoires. D’où cette impression, chez les plus jeunes, que les Mets vont finir par se tromper. Comme toujours.

Mais par un agréable vendredi soir d’automne, ce n’est pas le cas. La presse s’est promené dans Citi Field au début du match. «Ils étaient bons il y a deux ans, mais ils se sont effondrés sous la pression en séries», se plaint Rich, chemise Tom Seaver sur le dos. En 2015, on s’attendait à ce qu’ils soient bons et ils ont atteint la finale. Mais cette année, ils sont négligés. C’est pour ça qu’ils sont cool. »

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TJ Lisse

“Ils ont été négligés depuis 1962, mon ami”, ajoute TJ Johnson, un animateur radio d’une trentaine d’années connu sous le nom de TJ Smooth par ici. « On nous appelait toujours le petit frère. Nous sommes d’humbles supporters. Donnez-moi juste un championnat de ma vie et je serai heureux ! »

Les Mets prennent une avance de 8-1 en troisième manche, et Ma filleby the Temptations, la chanson préférée de l’équipe, résonne dans tout le quartier.

Nous arrivons chez Murphy’s quelques coups de pédale plus tard, accueillis par les « F*ck LA » et « F*ck Ohtani » de la part d’une foule de trentenaires avides de victoire.

Il faut dire cependant qu’avec une masse salariale de 317 millions de dollars, la plus élevée des majors, nous n’avons plus les outsiders d’autrefois. «Nous payons toujours Max Scherzer et Justin Verlander», déclare Andy, notre ami du début. Cela lui rappelle l’existence de Bobby Bonilla, toujours rémunéré, vous imaginez. Le site Spotrac nous apprend que même le bon vieux Bret Saberhagen touche toujours 250 000 $, mais on s’éloigne du sujet.

Cette année, cette mentalité d’outsider vient d’un début de saison désastreux. Le 12 juin, ils ont affiché un bilan de 28-37, les carottes ont été cuites, puis Grosse Douceur – oui oui – est venue faire le lancer d’apparat et l’équipe enchaîne depuis les victoires.

Il n’en reste pas moins que l’idée d’une catastrophe imminente n’est jamais loin. Avec deux retraits en début de neuvième manche, Tommy Edman était en sécurité au premier but sur ce qui semblait être une erreur, un coup sûr finalement crédité comme un coup sûr. C’est, on le rappelle, 12-6 pour les Mets, qui sont à un retrait de la victoire. Andy se tourne vers nous. « Ce n’est jamais fini. Il faut 27 retraits. »

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Décor de Murphy’s

Le retrait viendra du prochain frappeur. Le bar jubile, les Mets survivent encore au moins un match. Menés 1-3 en finale de la Ligue nationale, ils ont battu les puissants Dodgers pour éviter l’élimination et devront désormais s’imposer dimanche et lundi, à Los Angeles, pour se qualifier pour les World Series.

La possibilité d’une Série mondiale à New York contre les Yankees est également préservée.

Il ne fait aucun doute que la ville est le baseball.

 
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