Housse de casque gardien | Une protection qui doit encore faire ses preuves

Ses bienfaits sont vantés pour limiter les traumatismes crâniens. Les joueurs de la LCF et de la NFL le portent lors des entraînements, certains pendant les matchs. Pourtant, le Guardian continue d’alimenter les conversations au sein du milieu du québécois depuis une dizaine d’années. Portrait d’un équipement qui laisse certains sceptiques perplexes.


Publié à 1h19

Mis à jour à 6h00

Depuis 2022, tous les joueurs de ligne offensive et défensive, les ailiers rapprochés et les secondeurs de la NFL doivent porter le Guardian, un couvre-casque limitant les commotions cérébrales, pendant les entraînements. L’année suivante, tous les joueurs, tous postes confondus, devaient l’utiliser à l’entraînement dans la LCF.

Cependant, ce n’est que depuis cette année que Football Canada autorise les équipes amateurs à l’utiliser. Connaissant l’étendue des dégâts que peut infliger une commotion cérébrale à un adolescent, pourquoi cette adoption tardive ?

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PHOTO OLIVIER JEAN, LA PRESSE ARCHIVES

Les joueurs des Alouettes portent le couvre-casque Guardian à l’entraînement.

«On connaît encore peu de choses sur l’efficacité du Guardian, donc on aurait été mal placé pour recommander son port», explique le directeur général de Football Québec, Steve Duchesneau.

Le Guardian réduit de moitié les commotions cérébrales parmi ses utilisateurs, selon les données de la NFL. Dans la LCF, on rapporte que ces blessures ont été réduites de 42%, lorsque l’équipement a été utilisé lors des camps d’entraînement en 2023.

La Ligue mène actuellement des recherches sur son efficacité avec l’Université de Victoria.

Le problème, c’est que ces données sont « préliminaires et n’ont pas encore fait l’objet d’une vérification externe et indépendante », rappelle le professeur des sciences de l’activité physique à l’Université du Québec à Trois-Rivières. Rivières Philippe Fait. Trois études indépendantes publiées en 2023 montrent des « résultats mitigés ».

« Les impacts à la tête semblent similaires, avec ou sans utilisation du Guardian », résume-t-il. La réelle efficacité des protecteurs Gardiens reste à démontrer de manière plus concluante. »

Prévention

Comme on sait encore peu de choses sur le Guardian, Philippe Fait estime qu’il est « hâtif de recommander son achat aux lycées ». Malgré cela, neuf d’entre eux ont pris les devants et ont proposé à leurs joueurs de le porter lors des entraînements.

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PHOTO FOURNIE PAR LE CENTRE DE SERVICE SCOLAIRE AFFLUENTS

Les joueurs des Scorpions de l’école secondaire Armand-Corbeil avec leurs casques Guardian

Cinq écoles exigent même qu’il soit porté à l’entraînement. Parmi eux, l’école Armand-Corbeil de Terrebonne. «Dès le moment où nous avons su que la LCF et la NFL l’utilisaient, nous avons acheté 250 protecteurs pour nos équipes», révèle le coordonnateur des communications affilié à l’école, Éric Ladouceur.

Il n’y a peut-être pas d’études concluantes à ce sujet, mais nous parlons toujours de la santé des jeunes : nous avons décidé d’aller de l’avant.

Éric Ladouceur, coordonnateur des communications affilié à l’école Armand-Corbeil de Terrebonne

Chaque jour, le thérapeute sportif des Alouettes, Tristan Castonguay, voit les joueurs de l’équipe porter le Guardian à l’entraînement. Lorsque les joueurs ont des blessures ou des malaises, ils se tournent vers lui.

À ses yeux, le Guardian ne constitue pas une solution « complète » aux risques de commotion cérébrale. “Mais tout objet pouvant contribuer à protéger nos jeunes doit être envisagé”, estime-t-il.

Réserves

Sa mise en œuvre au secondaire doit toutefois être progressive, estime-t-il, car elle nécessite une adaptation.

« Quand nos joueurs ont commencé à le porter l’année dernière, ils avaient beaucoup de douleurs, de tensions au cou. Plus la saison avançait, plus ils s’y habituaient », explique-t-il.

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PHOTO OLIVIER JEAN, LA PRESSE ARCHIVES

Depuis 2023, tous les joueurs de la LCF doivent porter le Guardian à l’entraînement.

« Les joueurs ne trébuchent pas. Ils trouvent que c’est plus lourd sur la tête que le Guardian glisse. Mais en matière de santé et de sécurité, les données sont là», affirme celui qui termine son doctorat en sciences de la santé et de l’exercice en parallèle de son mandat avec les Alouettes.

La réticence des joueurs professionnels s’explique aussi par une peur du ridicule. Ou plus précisément, celle de ressembler à une grosse « figurine », explique Castonguay.

Le premier joueur de l’histoire du football à avoir porté le Guardian lors d’un match, Thomas Bertrand-Hudon, a également soulevé cette crainte auprès de ses coéquipiers, lors d’un entretien avec La presse. Après ce match historique du 16 août, Bertrand-Hudon ne portait le Guardian que sporadiquement, lors des retours de coups de pied. Dans la NFL, seuls six joueurs ont osé le porter en situation de jeu.

Heureusement, l’argument de l’esthétique ne trouve pas son chemin jusqu’à Football Québec. L’organisation conserve encore certaines réticences. « Certains joueurs ont un faux sentiment de sécurité en le portant. Lorsqu’on se sent surprotégé, on prend plus de contact, tout comme on en ressent moins les impacts », commente Steve Duchesneau.

Sachant cela, l’imposition du Gardien aux jeunes joueurs n’est envisagée ni par Football Québec ni par le ministère des Sports et des Loisirs, confirme-t-on à La presse.

Une réticence qui persiste

L’intégration du Guardian dans le football a commencé timidement. Pourtant, cela a failli se produire… il y a dix ans. En 2014, la commission scolaire Énergie de la Mauricie a déboursé 17 000 $ pour acquérir 225 Gardiens.

Le problème est que le Réseau québécois du sport étudiant (RSEQ) n’a pas permis son utilisation. Les arbitres ont donc obligé les élèves du primaire à retirer l’équipement, sous peine de refuser d’arbitrer le match.

«Je ne comprends toujours pas pourquoi le RSEQ nous a mis dehors ainsi», a réagi Claude Trudel, qui vendait les pièces d’équipement au Québec avec son associé Jimmy Thompson, aujourd’hui décédé.

« Nous croyions sincèrement en ce que nous vendions. On était trop en avance sur notre temps, c’est la seule façon de voir les choses», explique M. Trudel, encore amer de la tournure des événements.

Face à l’interdiction de porter le Guardian dans le réseau scolaire québécois, MM. Trudel et Thompson perdent les droits exclusifs de distribution du Guardian au Québec, qui leur avaient été accordés par le fournisseur américain.

 
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