« Comme la ville, le club a besoin d’un nouveau dynamisme »

Sébastien Pocognoli sur l’évolution de sa carrière en T1 : “Ma progression est linéaire et après quatre années chez les jeunes, il sera temps de faire un pas en avant”

Entraîneur des U18 belges, le Liégeois prendra le relais de Wesley Sonck la saison prochaine avec les U19. Depuis le début de sa carrière d’entraîneur, Pocognoli a évolué au gré de ses déplacements entre l’Union, Genk et la Fédération.

BELGA




Par Kévin Sauvage

Spécialiste des normes
Publié le 26/04/2024 à 20h21

Ça ne sert à rien de courir, il faut partir à temps » ou encore « l’important n’est pas la destination mais le voyage ». Voilà comment on pourrait résumer le parcours d’entraîneur de Sébastien Pocognoli. L’ancien capitaine du Standard a raccroché les crampons il y a tout juste trois ans, après un dernier passage d’un an et demi à l’Union. Depuis, le Liégeois de 36 ans a gravi les échelons, un à un, sans faire de bruit ni de vague, en tant qu’entraîneur. Après une belle saison, dans des conditions compliquées, avec l’Union U21 qu’il a réussi à qualifier en D2 ACFF, « Poco » retrouve l’un de ses clubs favoris, Genk où il a emmené les U18 en huitièmes de finale de Youth League la saison dernière. (éliminé par l’Atlético Madrid de Fernando Torres). Pour ajouter d’autres cordes à son arc, l’ancien latéral gauche a pris le chemin de la Fédération en début de saison pour prendre la tête des U18. Trois ans après ses débuts comme entraîneur, Sébastien Pocognoli fait le point et évoque l’avenir.

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Sébastien, comment s’est passée cette première saison en tant qu’entraîneur fédéral U18 ?

Magnifiquement bon. Nous avons eu plusieurs camps durant la saison qui se sont bien déroulés. Tout est extrêmement positif. Nous avons beaucoup travaillé sur la configuration, la méthodologie de jeu, pas seulement pour mon équipe mais en regardant toutes les catégories de jeunes. Il a fallu faire beaucoup de repérages mais aussi de tests. Sur le terrain, nous n’avons joué que des matchs amicaux car nous n’avions pas de compétition officielle, mais nous avons fait un travail de fond. Cela a été très enrichissant pour moi.

La saison prochaine, vous prendrez en charge les U19 avec un objectif clair…

Celui de la qualification à l’Euro. Cela fait plus de quinze ans que la Belgique ne s’est pas qualifiée pour l’Euro U19. Les qualifications se compliquent avec un premier tour sous forme de poule de quatre pays dont les deux premiers sont qualifiés. Ensuite, il faudra avoir de la chance au tirage au sort car ce sont les premiers de chaque groupe (toujours de quatre équipes) qui sont qualifiés pour le tournoi (qui aura lieu en Roumanie). Avant le premier tour, nous aurons deux rassemblements en septembre et octobre.

Cette première saison a été très enrichissante pour moi. L’objectif l’année prochaine sera de se qualifier pour l’Euro 2025.

Sébastien PocognoliEntraîneur des U18 belges

Quelle a été la partie la plus importante de votre travail depuis vos débuts à la Fédération ?

Beaucoup de configuration, de structure de jeu et surtout de tests. Nous avons testé près de 40 joueurs au cours des trois camps que nous avons organisés cette saison. A chaque fois, on sentait une évolution. C’était essentiel pour nous de voir beaucoup de joueurs et de donner sa chance à chacun.

Pour vous aider dans votre tâche, vous avez bénéficié de l’accompagnement de Thomas Vermaelen en tant que T2. Comment s’est passée votre collaboration ?

Bien. Nous apprenons de tout le monde et j’apprends de Thomas comme j’ai appris de mes anciens collègues d’Union et de Genk. C’était sa première année comme entraîneur et il a énormément progressé. Grâce à une bonne complémentarité, nous avons tous deux réussi à faire monter le groupe. Le fait d’avoir joué ensemble a rendu les choses plus faciles et il faut dire que nous avons beaucoup de points communs.

Au niveau du jeu, essayez-vous de vous modeler sur le modèle A de Domenico Tedesco ?

Nous y allons crescendo. Il y a eu une réorganisation du style de jeu basée sur un pressing haut. Si j’ai accepté ce poste, c’est aussi parce que le style de jeu me convenait. Tout le monde connaît les principes de Domenico Tedesco mais dans la structure du high pressing, on a une certaine liberté sur la manière dont on veut les mettre en œuvre. Il y a des principes de jeu à respecter mais cette semi-liberté est enrichissante.

Avez-vous déjà échangé avec Tedesco ?

Oui. Nous nous rencontrons lors des rassemblements et des préparations du camp. C’est quelqu’un qui ressemble à ce que l’on voit, droit, calme et tranquille. C’est toujours agréable de discuter avec lui car les joueurs que nous avons entre nos mains aujourd’hui seront peut-être ceux qui arriveront entre ses mains dans le futur.

Nous avons des discussions avec Domenico Tedesco. Après tout, les joueurs que nous avons entre nos mains pourraient se retrouver plus tard entre les leurs.

Sébastien PocognoliEntraîneur des U18 belges

Justement, quel est le potentiel de cette génération ?

Il est bon mais c’est un âge un peu peu attractif, c’est encore un peu tôt pour dire que tel ou tel joueur va percer. On les laisse tranquilles là-dessus, on ne leur met pas de pression supplémentaire et surtout, on ne leur jette pas de la poudre aux yeux. A cet âge, l’entourage est primordial, tout comme le suivi en club. De notre côté, nous essayons de les encadrer au mieux pour qu’ils reviennent au mieux dans leur club. On les met dans une bulle professionnelle. Je préfère qu’on laisse les jeunes évoluer dans l’ombre et qu’ils n’arrivent pas en professionnels avec l’étiquette de future star car avec la génération actuelle, les réseaux sociaux etc., on peut vite perdre la tête.

Ce statut de future star, des garçons comme Rayane Bounida ou Konstantinos Karestas, que vous aviez, l’ont déjà.

C’est pourquoi je ne ferai pas trop de commentaires à leur sujet. Je veux qu’on les laisse se développer. Rayane, ça fait des années qu’on en parle. Cette saison, c’est plus compliqué pour lui à l’Ajax mais avec moi, tout se passe bien. Nous avons essayé de recréer un environnement propice à son développement. Konstantinos, j’ai une relation particulière avec lui car je l’ai récupéré à son arrivée d’Anderlecht. Mais il est extrêmement bien entouré.

Ces types d’acteurs créatifs nécessitent une approche différente des autres ?

Ils ont besoin d’un encadrement précis, comme tout le monde, mais il faut leur laisser de l’espace pour leur créativité tout en leur faisant comprendre que travailler sans ballon est important. De manière générale, je pense qu’il faudrait réfléchir davantage à ce type de joueurs car on les retrouve de moins en moins. Peut-être que les joueurs sont trop restreints par rapport à leur position et que les différents schémas freinent un peu leur créativité. A mon époque, on avait moins de sens tactique mais plus de créativité.

Parlez-nous du style de Sébastien Pocognoli, le coach.

Mes principes sont toujours les mêmes qu’à mes débuts il y a trois ans même si j’ai déjà franchi quelques étapes. J’affine ce que je souhaite mettre en place et c’est pour cela que je prends le temps. J’ai un style de jeu offensif basé sur un pressing haut. J’aspire à ce que l’aspect tactique soit clair et net pour mes jeunes. Savoir construire par derrière en s’appuyant sur l’équipe adverse tout en gardant nos valeurs est important pour moi.

Pourquoi avez-vous décidé de quitter Genk pour les U18 belges ?

Parce que la saison dernière, avec la Youth League et une équipe extrêmement jeune, j’avais déjà fait de mon mieux. Cette année, sans la Youth League et donc moins de délais, j’aurais peut-être stagné et j’ai eu envie de faire un pas en avant. Avec les U18 belges, j’ai une autre routine et ça complète encore plus ma palette. C’est une étape qui en entraînera une autre.

Comment décririez-vous votre parcours T1 ?

C’est linéaire. La meilleure année en termes d’apprentissage a été celle de l’Union. Je le conseille à tous les jeunes coachs qui débutent : allez vous faire mal un peu. C’est dans ce genre de conditions qu’on apprend le plus. A Genk, j’étais dans la continuité et maintenant, en équipe nationale, j’ai un rôle plus large.

Vous parliez d’une prochaine étape, quelle sera-t-elle ?

Cela se fera au ressenti. Je dois m’orienter par rapport à mes attentes, à la curiosité qui m’habite encore et aussi à l’aspect familial. Après quatre années chez les jeunes, le moment est peut-être venu de passer à autre chose et de continuer à progresser.

 
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