Le Moustoir s'est une nouvelle fois transformé en terrain de tennis. Comme face à Grenoble fin août, les ultras lorientais ont profité de la réception du Red Star vendredi soir pour manifester leur hostilité envers beIN Sports avec des banderoles, des lasers verts pointés vers les caméras de la chaîne et des lancers de balle qui ont poussé l'arbitre à arrêter temporairement le match pendant la première mi-temps. Depuis le début de la saison, ces images se répètent sur les terrains de Ligue 2 avec des supporters qui s'opposent à la programmation des matchs le vendredi et non le samedi. Face à la contestation, la Ligue de football professionnel et beIN Sports se sont mis d'accord jeudi pour programmer un match supplémentaire de Ligue 2 le samedi.
Un changement qui entrera en vigueur dès la 8e journée, premier week-end d’octobre. De son côté, l’Association nationale des supporters (ANS) a salué « cette proposition qui constitue forcément un petit pas et qui démontre un début de compréhension des principaux enjeux auxquels sont confrontés les supporters », tout en estimant que « ces propositions, aussi bienvenues et constructives soient-elles, sont très insuffisantes ». Avocat de l’ANS, Pierre Barthélemy était l’invité ce samedi matin des Grandes Gueules du Sport sur RMC pour éclaircir cette réponse.
« Trouver une solution avec peut-être deux, trois ou quatre matchs supplémentaires ce week-end »
« On veut revenir à l’état initial, celui qui était promis depuis octobre 2023 et jusqu’à la reprise fin juillet 2024, c’est-à-dire que tous les matchs soient le week-end. C’est évidemment l’objectif car cela nous permet de ne discriminer aucun supporter. En l’état, on comprend que c’est difficile car beIN Sports a ses contraintes et la saison est en cours. Donc on aimerait un entre-deux plus respectueux pour les supporters qui ont besoin de s’organiser pour assister aux matchs à domicile et à l’extérieur. On veut trouver un équilibre qui convienne à tout le monde », a-t-il expliqué. Selon les contraintes combinées de la LFP, de beIN Sports et des supporters, l’objectif est de « trouver une solution, au moins cette saison, avec peut-être deux, trois ou quatre matchs de plus le week-end, c’est un objectif à court terme ».
« Il y a une nervosité générale à cause de cette programmation modifiée de dernière minute en Ligue 2, et de l’échec de l’attribution des droits TV. Dans l’esprit des clubs, le diffuseur est roi, et on oublie tous les aspects annexes. Les supporters sont les garants de l’identité de leur club. Le gros problème aujourd’hui, c’est que les droits TV sont certes indispensables, mais il faut qu’il y ait un ancrage local pour les revenus des clubs », explique Pierre Barthélemy. Mais quid de la menace autrefois brandie par beIN Sports de renoncer à la diffusion de la Ligue 2 ? « Ma réponse ne plaira peut-être pas, mais je veux dire que les supporters s’en fichent un peu si beIN Sports doit partir, ce n’est pas vraiment leur problème », indique l’avocat de l’ANS.
Et d’ajouter : « Le poids de beIN Sports est aujourd’hui disproportionné par rapport à ce qu’il rapporte réellement, c’est-à-dire 40 millions d’euros pour la Ligue 2. Sur ces 40 millions, on comprend que 40 % vont à la CVC, à l’UNFP, à la Buffet tax… Sur les 60 % restants, 81 % vont aux clubs de Ligue 1 et seulement 19 % aux clubs de Ligue 2. On a calculé, ça fait environ 17 000-18 000 euros par match à domicile et par club de Ligue 2. On demande aux clubs, qui ne sont pas en mesure de répondre, dans quelle mesure en jouant le samedi plutôt que le vendredi ou le lundi ils pourraient récupérer ces 18 000 euros en billetterie, en buvettes, en hospitalités… On ne souhaite aucun mal aux clubs, on souhaite simplement une vraie réflexion. »
Article original publié sur RMC Sport
