Il est peu probable que Gaël Rivière ait reconnu la voix de ses anciens camarades de lycée ou de fac parmi la foule en délire venue soutenir l’équipe de France de cécifoot. Qu’importe, celui qui a troqué son costume-cravate contre un short et un maillot sait qu’ils sont dans les tribunes. Ces dernières semaines, il a reçu de nombreux messages l’avertissant qu’ils viendraient le voir jouer. Il participe à ses troisièmes Jeux paralympiques après Londres et Tokyo.
Après leur victoire initiale contre la Chine (1-0) puis une défaite contre le Brésil (3-0) mardi, les Bleus disputeront mercredi 3 septembre leur dernier match préliminaire contre la Turquie, avec une place en demi-finale à la clé.
Gaël Rivière est né aveugle à La Réunion il y a trente-quatre ans. À six mois, le verdict est tombé : il ne pourrait pas bénéficier d’une greffe de cornée. Qu’importe, le petit garçon serait scolarisé comme sa sœur et ses deux frères, deux cousins que ses parents ont adoptés. « J’ai eu la chance d’avoir des parents qui m’ont laissé m’épanouir et qui ne m’ont pas surprotégé. J’ai eu une vie tout à fait normale pour un petit garçon de mon âge. » En 1998, année de la Coupe du Monde de football en France, il a 8 ans et écoute les matchs avec ferveur. Comme beaucoup d’enfants de sa génération, il est également passionné par les séries télévisées animées japonaises, Olive et Tomqu’il suit avec délice.
Il était loin d’imaginer que le cécifoot existait. Créée dans les années 1960, la discipline apparaît en France au milieu des années 1980 mais ne fera ses débuts aux Jeux paralympiques qu’en 2004 à Athènes. Qu’importe, le petit garçon adore le foot et veut jouer comme ses copains. Astucieusement, il enveloppe le ballon dans un sac en plastique pour entendre le bruit. « Le football est devenu petit à petit une passion. Je ne me souviens pas d’avoir passé plus d’une journée sans taper dans un ballon entre 9 et 15 ans. »il se souvient.
Passion pour le droit
A 15 ans, Gaël Rivière souhaite prendre son indépendance et quitter son village de Sainte-Anne (La Réunion). Avec l’accord de ses parents, il part pour Paris. Il y est élève au lycée Buffon et pensionnaire à l’Institution nationale des jeunes aveugles, où il découvre le cécifoot. Il tape ses premiers ballons avec Hakim Arezki et Martin Baron, tous deux également en équipe de France.
À l’âge de 16 ans, ses capacités lui ouvrent les portes de l’équipe de France de cécifoot. « Au début, j’ai juste pris mon intégration dans l’équipe comme une opportunité de jouer encore plus au football. L’envie de gagner, de faire du sport à haut niveau est arrivée un ou deux ans plus tard, paradoxalement au moment des premières déceptions »se souvient-il. En 2007, l’équipe a échoué de peu à se qualifier pour les Jeux paralympiques de Pékin. « Ce type d’échec forge un groupe et l’envie de ne plus revivre ce type de déception »il analyse.
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