A l’issue de cette troisième journée d’audience à la cour d’assises de Poitiers, Hichem Erradi, 22 ans, a été condamné à dix ans de réclusion criminelle (1) assortis d’une mesure socio-judiciaire et d’une obligation de soins de cinq ans, interdiction de comparaître à Vienne, d’entrer en contact avec la victime et de détenir une arme pendant quinze ans. Le jeune homme comparait libre pour tentative de meurtre avec arme à feu le 6 avril 2020 dans le quartier Beaulieu à Poitiers.
« Un risque de récidive important »
Une peine proche des douze ans d’emprisonnement demandés par la procureure générale, Mélissa Bourven, dans un réquisitoire sans ambiguïté. « Oui, Hichem est bien coupable de tentative d’assassinat et sa victime a failli mourir. Non, ce n’est pas de la légitime défense. Dans ce cas-ci, l’accusé répond à la violence par la violence. Et après la commission des faits, il s’enfuit, cache l’arme, n’appelle pas les secours, n’aide pas la victime et organise même sa future détention en donnant de l’argent à un proche. On a bien sûr ses regrets et son envie de changement mais son impulsivité, son intolérance à la frustration et sa difficulté à se remettre en question laissent présager un risque de récidive important. Cette peine, qui lui laisse une perspective de sortie, devrait lui permettre de travailler sur lui-même dans une démarche de soins de longue durée. »
« Travailler sur soi dans une démarche de soins de longue durée »
Son changement de vie, Me Aurélien Bourdier, l’avocat de l’accusé, est certain que son client l’a déjà initié. « Hichem a fait les mauvais choix jusqu’au 6 avril 2020, où il s’est rendu compte que le jeu n’en valait pas la peine, que cette vie de jobber (2), il ne voulait plus, qu’il était allé trop loin. De plus, il est le seul dans cette histoire qui ne varie presque jamais dans ses déclarations. Oui, il est allé chercher cette arme « à disposition » des jeunes du quartier et cachée dans un buisson, oui, il a tiré sur Steve, mais non, il ne voulait pas le tuer. Compte tenu du contexte, l’idée était d’effrayer la victime pour ne pas perdre la face. »
L’avocat demande donc la requalification des faits en violences volontaires aggravées avec une peine à trouver entre le minimum et le maximum (3). « Une peine proportionnée qui lui évite de passer sa vingtaine en prison. Nous devons lui montrer que notre monde est bien meilleur que le sien et préparer son avenir. »
Immédiatement, celui de Hichem Erradi se rend au centre pénitentiaire de Vivonne où il a été conduit à l’issue de l’audience.
(1) L’accusé a déjà purgé neuf mois en détention préventive.
(2) Terme désignant indifféremment les rabatteurs, les guetteurs, ou encore les vendeurs de drogue dans les quartiers.
(3) La peine est doublée en cas de récidive, ce qui est le cas en l’espèce, l’accusé étant reconnu coupable de violences volontaires sur un conjoint de moins de cinq ans.
