(AOF) – Michelin (+1,01% à 27,45 euros) annonce aujourd’hui la signature d’un accord avec Power International Tyres LLC, pour l’acquisition des deux sociétés qu’il détient en Russie, Michelin Russia Tire Manufacturing Company (MRTMC) LLC et Camso CIS LLC. Partenaire bien connu de Michelin, Power International est l’un des principaux distributeurs de pneumatiques en Russie et est présent dans tout le pays. Le groupe français rappelle avoir suspendu ses activités industrielles en Russie à compter du 15 mars 2022, suite au déclenchement du conflit en Ukraine.
Approuvé par les autorités locales compétentes, ce projet de stockage permettra de sauver 250 emplois, principalement situés à Davydovo à l’est de Moscou. L’option de transfert de l’activité à un management local, malgré tous les efforts des équipes du Groupe, n’a pas abouti en raison de difficultés majeures qui n’ont pas permis à ces activités de devenir autonomes. “La cession de nos activités en Russie marque une étape importante dans l’histoire de Michelin, qui est présent dans ce pays depuis 1997”, souligne le groupe.
“Tous les coûts liés à l’arrêt des activités en Russie ont été provisionnés pour l’année 2022”, ajoute-t-il. Michelin précise qu’il “comptabilisera toutefois pour le mois de mai 2023 une charge estimée à quelques dizaines de millions d’euros correspondant à des écarts de conversion”, une écriture qui sera “comptabilisée en Résultat opérationnel, non affectée aux secteurs”, et n n’aura donc « pas d’incidence sur la guidance 2023 du Groupe ».
Dans la note d’aujourd’hui, Jefferies reste long Michelin avec un objectif de cours de 34 euros, en raison de sa discipline de prix, du redressement du cash-flow libre en 2023 et de la hausse potentielle prévue pour le troisième trimestre.
AOF – EN SAVOIR PLUS
Points clés
– Leader mondial du pneumatique avec 1/5ème du marché, né en 1889 ;
– Groupe organisé en trois divisions générant 28,6 milliards d’euros de chiffre d’affaires : automobile (49 %), transport routier (26 %) et activités de spécialités – mines, agriculture, construction, aéronautique, etc. ;
– 3/4 de l’activité du marché du pneumatique de remplacement, moins cyclique que la première monte et moins sensible à la santé des constructeurs automobiles ;
– Business model basé sur 3 piliers : dans le pneu, autour du pneu avec connectivité et au-delà du pneu (souples, composites biosourcés, impression 3D et mobilité hydrogène) ;
– Société en commandite par actions contrôlée par la famille fondatrice (4 % du capital et 5,17 % des droits de vote), Barbara Dalibard présidant le conseil de surveillance de 11 membres et Florent Menegaux présidant la gérance ;
– Bilan sain, noté A – taux d’endettement de 25,6 % – mais cash-flow libre négatif de 180 millions d’euros du fait d’une inflation des coûts pénalisant le besoin en fonds de roulement.
Défis
– Stratégie 2030 : augmentation annuelle de 5% des ventes et retour sur capitaux investis de plus de 10,5% dès 2023, baisse vers 70% des pneumatiques dans les revenus, le reste venant des applications, systèmes de mobilité hydrogène et connectés, gestion de flotte, polymères de précision , etc.;
– Stratégie d’innovation pilotée par le président :
– répondant à 3 enjeux – fabrication additive, composites souples et mobilité hydrogène, – reposant sur 5 piliers : R&D (700 M€ par an dans 9 centres), partenariats externes, en recherche (300) ou stratégiques (Enviro, Vabios, addUp, Pyrowave), la co-conception avec les clients, l’innovation interne (100 000 idées par an de progrès et d’innovation venant des collaborateurs) et le programme d’incubation,
---– se traduisant par 1/3 des ventes réalisées sur des produits ou services de moins de trois ans ;
– Stratégie environnementale « Planète » validée par la SBTi, visant la neutralité carbone totale d’ici 2050 et soutenue par l’écosystème mondial Movin’On
– objectif intermédiaire : en 2030 : 50 % vs 2010,
– offre de pneumatiques respectueux de l’environnement en utilisant des matériaux recyclés (46% en 2030 et 100% en 2050) et durables (30% en 2022),
– le soutien à la mobilité électrique et hydrogène via Symbio, joint-venture avec Faurecia,
– L’économie circulaire « 4 R » (Réduire, Réutiliser, Renouveler, Recycler), dopée par des technologies de rupture en partenariat (Carbios, Enviro, Pyrowave…) ;
– Renforcement de la position de n° 1 mondial des pneumatiques pour véhicules électriques.
Défis
– En attente d’un repreneur pour les activités en Russie, arrêtées en mars 2022 ;
– Inflation dans l’énergie, le transport maritime et les matières premières (caoutchouc, noirs de carbone et dérivés pétroliers, soit 1/3 des achats) : impact négatif sur la trésorerie et les coûts, à un niveau record de 2,7 Md€, mais maintien de la marge unitaire via hausses de prix;
– Reprise de la croissance de l’activité après le décrochage de fin d’année ;
– Homogénéisation des marchés, contrastée en 2022 : forte hausse des activités hors pneumatiques, recul des ventes de pneumatiques du fait du conflit russo-ukrainien et des restrictions sanitaires en Chine ;
– Après une croissance du chiffre d’affaires de 20,5 %, objectif 2023 d’un résultat opérationnel stable à 3,2 milliards d’euros et d’un cash-flow libre avant acquisitions de + 1,6 milliard d’euros ;
Négociations avec les constructeurs
En moyenne, les équipementiers représentent entre 60 et 85 % du coût de fabrication d’un véhicule. Selon la Fédération des industries de l’équipement des véhicules (Fiev), les négociations sont très tendues avec les constructeurs concernant la répercussion de la hausse des coûts. Les hausses de prix concernent à la fois les composants électroniques, les matières premières, comme l’acier, le nickel, le lithium ou le palladium, l’énergie et les transports. Les équipementiers négocient principalement avec Stellantis et Renault pour mettre en place des indices permettant de répercuter les hausses. Ils misent également sur l’innovation, la différenciation, la mise à niveau et l’internationalisation.