L’arrière du XV de France, nouveau détenteur du nombre de points marqués sur un Tournoi par un joueur français, est revenu sur son palmarès, la victoire bonifiée contre les Gallois mais aussi sur la flamme offensive des Bleus et sur sa bonne saison en sélection.
Quelle saveur cette victoire a-t-elle pour vous ?
Nous sommes très heureux de ce succès. On voulait bien finir le Tournoi : il y a le bonus offensif et plus de 40 points. Le petit bémol, peut-être, ce sont les deux essais concédés un peu bêtement en fin de match, dont un avec une mauvaise relance de notre part. A part ça, c’est un match sérieux, comme la semaine dernière, avec une prestation bien construite et des points pris quand il le faut.
Offensivement, on a le sentiment que vous avez monté en puissance au fil de ce Tournoi…
L’échec un peu tactique et stratégique vécu en Irlande nous a un peu remis en question. Ça nous a fait aborder les matchs après avec plus de sérieux, en étant plus « carré » dans ce qu’on voulait faire et mettre en place. On s’est rendu compte, surtout la semaine dernière, que lorsque l’équipe respectait ce qu’elle disait, elle était capable de grandes choses. Encore aujourd’hui, nous avons été précis. On va sûrement finir meilleure attaque du Tournoi, ça montre la progression sur ce point. Derrière, il va falloir régler nos soucis parfois défensifs et éviter stratégiquement ce qui a été fait en Irlande.
Il y a encore un test de première main, comme la semaine dernière. Qu’est-ce qui fait que ça marche finalement ?
Les combinaisons, nous les avons toujours eues. C’est juste que la confiance est arrivée au fil des matchs. Quand tu joues derrière, marquant des essais en première main, ça t’apporte en tout cas beaucoup de plaisir.
Vous détenez désormais le record de points marqués par un Français dans un Tournoi. Que ressentez vous ?
J’en suis très fier. Avant le Tournoi, je ne savais pas qu’il y avait ce record pour un Français. Je ne connaissais que celui d’O’Gara que Sexton a battu. Je suis très content, ça récompense aussi le travail de l’équipe. Lorsque vous êtes buteur, vous marquez des points sur des tirs au but ou des transformations. Cela montre que nous avons eu des occasions.
L’aviez-vous en vue ?
Tout le monde m’en a parlé un peu pendant la semaine. Pour l’anecdote, il y a même Baptiste Couilloud qui m’a donné un point de stat à la mi-temps. C’était plutôt drôle. Mais avant le coup d’envoi, j’étais concentré sur mon match et non sur le nombre de points que je devais marquer pour battre tel ou tel. C’est fait et ça restera. J’espère que ce record sera battu un jour.
---Les honneurs individuels ne vous ont pas empêché de bien jouer le deux contre un pour Damian Penaud en seconde période alors qu’avec un essai, vous auriez même pu dépasser Jonny Wilkinson, détenteur du record ultime sur une édition, toutes compétitions confondues…
Damian était mieux placé que moi pour marquer (sourire). Il a aussi des stats qui commencent à être affolantes en terme d’essais. On est très content qu’il ait marqué deux fois sans avoir grand-chose à faire (rires). Même lui le dit. C’est toujours agréable de décaler les ailiers. Ensuite, concernant le record de points dans un Tournoi, ce qui appartient à Wilkinson doit rester à Wilkinson.
Collectivement, vous deviez avoir d’autant plus envie de gagner ce match qu’il s’agissait de la dernière rencontre officielle avant la Coupe du monde, n’est-ce pas ?
On voulait finir sur une bonne note, notamment sur le plan offensif. Mais il y a ces 28 points concédés. Cela reste un secteur à travailler pour la Coupe du monde. Après, si on marque toujours plus que l’adversaire, on gagnera les matchs. Mais si on peut simplifier les choses…
Avez-vous déjà prévu la Coupe du monde ?
Il va falloir revenir au club et finir une bonne saison. A Toulouse, il y a de jolies choses à faire. Nous donnerons tout pour gagner un concours. Derrière, le Mondial va vite arriver. Evidemment, c’est dans un coin de la tête. Le dernier est déjà très loin. Nous avons tous hâte d’y être.
Est-ce un soulagement de votre part d’avoir répondu présent, à titre individuel, sachant que vous étiez très attendu ?
Lorsqu’il y a des attentes, soit vous répondez de la meilleure façon possible, soit vous ne le faites pas. J’ai eu un début de tournoi mitigé. Je suis très content de mes trois derniers matchs ainsi que de ma tournée de novembre. Ça restera une belle saison pour l’équipe de France. J’espère que ce qui se passera suivra cette ligne.
En un an, votre position a beaucoup évolué dans la hiérarchie… Comment résumeriez-vous cette évolution ?
Je me suis toujours fixé comme objectif d’être au plus haut niveau. Au cours des quatre dernières années, mon bilan de sélection a été plutôt mitigé avec des hauts, des bas et très peu de temps de jeu. J’avais une opportunité à saisir, je l’ai fait. Si c’est moi qui commence, c’est que le staff est content de ma performance. Et c’est très bien qu’il y ait de la concurrence. En tout cas, personnellement, j’ai toujours cru en moi, ça montre qu’il ne faut pas lâcher prise.