100h15 samedi matin. Parfois si triste la semaine depuis le départ de la quasi-totalité des salariés et la fin du centre de formation, la plaine sportive du Haillan reprend un peu vie malgré la bruine. Sur le terrain n°8, les U18 s’échauffent. Le 10, les U9 s’ébranlent. Sur la terrasse du centre pro, le vice-président des Girondins Arnaud De Carli et l’entraîneur adjoint de National 2 Dado Prso, cagoule sur la tête et briquette de jus de fruit à la main, regardent les U11 face au SA Mérignac. L’accent joyeux du Croate retentit pour la première fois ce jour-là. Pas le dernier.
L’équipe phare du club sextuple champion de France s’apprête à embarquer pour un aller-retour à La Roche-sur-Yon, le septième déplacement d’une journée de la saison. « Sud Ouest » l’a suivi de près. Dans un très grand bassin du Nord-Ouest et alors que chaque euro est compté par l’administrateur judiciaire, la barre pour un départ la veille du match a été fixée à 5-6 heures de route.
La période n’est plus au confort du professionnalisme, à la mise au vert ou, à minima, à la préparation avec un hôtel de jour pour la sieste. Ce n’est pas non plus de l’amateurisme, avec un budget qui reste dans le haut de gamme pour la N2 et un staff – l’entraîneur Bruno Irles, Dado Prso, l’entraîneur des gardiens Christian Potel, le kiné David Das Neves, le préparateur physique Quentin Barat – façonné au plus haut niveau et sa quête de gains marginaux.
La période n’est plus au confort du professionnalisme avec mise au vert ou sieste à l’hôtel
Pas le bus habituel
Il est 10h30 l’arrivée du car, loué au Pullman d’Aquitaine. Il est coloré mais ne ressemble pas à ceux du club : le véhicule habituel, utilisé depuis cinq ans pour toutes les équipes, a connu un problème d’ouverture des portes au retour du match réserve à Castanet la semaine précédente. José Almeida est là : le chauffeur parcourt la France avec les Girondins depuis 2019, avec des moments compliqués ou animés, des joies et surtout des « rencontres humaines ». Premier arrivé, l’ailier Soufiane Bahassa est tombé dans ses bras.
Dado Prso aide les stewards à charger le matériel. Antonin Jouin, tout juste diplômé d’un permis STAPS et pompier volontaire à Nantes, a envoyé un CV et a été embauché après le plan social et le départ de la piscine ces dernières saisons. Loïc Lavergne, agent SNCF et ami d’Arnaud De Carli, vient lui prêter main forte pour les matchs. Ils ont préparé la veille les cinq malles de matériel et de nourriture, contre neuf en Ligue 2. Deux lots de maillots (un par mi--), réutilisés d’une semaine sur l’autre, sont prévus mais les joueurs doivent désormais gérer eux-mêmes crampons et personnels. affaires.
Deux lots de maillots sont réutilisés, les joueurs doivent désormais gérer leurs crampons et effets personnels
Sur le parking, Adrien Louveau arrive en klaxonnant. Andy Carroll se fait remarquer avec son SUV à plaque d’immatriculation personnalisée quand Jean Grillot, citadin et vignette jeune conducteur à 19 ans, se gare plus prudemment. Malade cette semaine, Lassana Diabaté porte le masque. Bruno Irles arrive avec ses paperboards à la main. Le président des Ultramarines est également présent. Le château sous alarme, il vient signer… dans le bus un pacte de non-agression avec la Porte Nord, vital pour l’avenir du club.
Madame Irles, diététicienne
L’Ougandais Travys Mutyaba, parmi les sept joueurs hébergés dans les locaux de l’ancien centre de formation, est le dernier à se rapprocher. A 11 heures, le bus prend la route avec une première pause prévue pour récupérer Christian Potel, qui habite à Saint-Emilionais, au bord de la route. L’équipage – 17 joueurs et 10 encadrants (1) – est alors au complet. La pause repas a lieu en banlieue niortaise, dans la salle du petit-déjeuner de l’hôtel Akena à Chauray, qui accueille des actifs en semaine et (surtout) des sportifs le week-end : le Pau FC, le stade Briochin, les équipes de rugby s’y arrêtent.
Pas d’entraînement musculaire obligatoire avant le départ. La marche – une dizaine de minutes dans la zone commerçante – détend les muscles. Une table des joueurs, une table des staffs : l’ambiance est plus calme que le matin. La carte, commandée chez un traiteur, est élaborée par… l’épouse de Bruno Irles, diététicienne : quiche légumes/salade, pâtes, compote, laitage et/ou fruits. Pris entre 14h et 14h30, ce sera le seul ravitaillement avant le coup d’envoi de 18h.
A 15 heures, nous repartons pour les 150 derniers kilomètres. Si les parties de poker sont autorisées sur la première partie du parcours, la deuxième partie est le début de la concentration. Aimant varier les lieux de ses entretiens, Bruno Irles, qui prévient la veille le président Gérard Lopez par message de la composition de l’équipe et débriefe ensuite avec le directeur sportif officieux John Williams, préfère parfois les aires d’autoroute aux petits vestiaires mal insonorisés. étapes de N2. Cette fois, le bus arrive au bout avec seulement 10 minutes de retard.
Dès leur arrivée au stade, les stadiers déploient les malles dans les vestiaires en quelques secondes. David Das Neves, au club depuis 2001, prépare sa table. Il sait que « six à neuf joueurs » et/ou staff viendront demander un massage selon leurs routines. Le coach parle à H – 90 minutes. Il s’agit de la « défaite » (0-0) contre Saint-Brieuc, de tirer les leçons, de ne pas attendre février ou mars pour se réveiller. Aux mots de motivation s’ajoutent quelques rappels du plan de match.
Trois heures plus tard, même endroit. Le plan a fonctionné comme prévu dans les 20 premières minutes. La suite a été plus compliquée mais, comme le disait le lâche Soufiane Bahassa, « l’essentiel, ce sont les trois points » (0-1). Irles félicite ses hommes d’avoir su corriger l’animation défensive à la mi--. Et on se retrouvera le 4 janvier contre Locminé pour revenir « 7 points » du leader Saint-Malo.
Dado Prso revisite ses doubles occasions avec le buteur Yanis Merdji
Chant et musique de victoire
Applaudissements, et place à Cédric Yambéré. Le capitaine mène le chant de la victoire puis choisit la musique du vestiaire. Comme les micro-ondes et les boîtes de pâtes, l’enceinte a fait le déplacement depuis la Gironde. Alors que les joueurs se dirigent vers la réception organisée par le club vendéen, Dado Prso revient sur sa double occasion avec le buteur Yanis Merdji. « Le travail paie », lui dit-il.
Antonin Jouin et Loïc Lavergne finissent de ranger et de balayer le vestiaire. Le bus partira vers 21h30 et arrivera un peu après 1h du matin dimanche. Miss France leur a manqué, mais ils s’accrochent à leur espoir de promotion.
(1) Outre le staff sportif et les commissaires sportifs, Arnaud De Carli, Axelle Allégret (responsable du stade et de l’équipe) et Walid Guenoun (photos et communication).
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