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“Nous pensons que le modèle économique des clubs va s’effondrer”

© Iconsport

Un projet ambitieux, une volonté de créer un modèle économique unique, non, ce ne sont pas des Girondins de Gérard Lopez dont nous parlons, mais de la Roche Vendée. Le club actuellement 14ème du groupe B de National 2 accueille ce samedi les joueurs de Bruno Irlès, pour un match malheureusement non diffusé. Son président Christophe Chabot fait le point après un début de saison compliqué sur le plan sportif. L’année dernière, le club a raté la promotion en National par un but contre l’Atletico Paris 13.

Tout d’abord, pouvez-vous nous confirmer qu’il n’y a pas eu d’accord concernant la diffusion du match ?

Oui, je dirais malheureusement qu’il n’y en avait pas. Il ne s’agit pas du tout de sanctionner qui que ce soit et surtout pas Bordeaux. C’est simplement que nous avons pris la décision, en début de saison, de ne diffuser aucun match à domicile. Nous ne faisons tout simplement aucune exception pour Bordeaux. Nous pensons que nous devons traiter toutes les équipes de la même manière.

Comment jugez-vous votre début de saison ?

C’est relativement catastrophique, comparé à ce qu’on a montré l’année dernière. Cela dit, c’est relativement cohérent avec ce qu’on prédisait malheureusement car, quand on rate la montée pour un but, c’est un peu une double pénalité.

Premièrement, vous vous faites voler certains de vos meilleurs joueurs. Et ceux qui sont restés inconsciemment ont subi un coup dur au moral. Les recrues qui arrivent arrivent aussi avec beaucoup de pression car justement, il faut essayer de faire mieux que l’année précédente.

Et quand on est bloqué comme en début de saison, on est dans une spirale à l’inverse de l’an dernier. C’est donc un mauvais début de saison, peut-être l’un des pires depuis 15 bonnes années.

“Nous avons eu beaucoup de vent contraire et tous les gens qui jouent contre nous nous disent que nous avons une grande équipe”

Pensez-vous qu’il y a encore des traumatismes chez ceux qui étaient là l’année dernière ?

Oui, ils sont un peu amers. Ceux qui arrivaient devaient faire oublier un peu ceux qui étaient partis, mais c’était mission impossible et je ne leur en veux absolument pas.

On a recruté de bons joueurs, mais qui se sont mis la pression dès les premiers matches en disant : on vient jouer la montée avec La Roche, parce qu’ils ont fini à égalité l’année dernière. Et puis on s’est fait trébucher. Ceci étant dit, je n’ai aucune inquiétude quant à nos capacités à rester en N2. Nous avons eu beaucoup de vent contraire et tous ceux qui jouent contre nous nous disent que nous avons une grande équipe. Et je peux dire que nous avons une super équipe.

Vous personnellement, quelle est votre relation, votre histoire avec le club de Roche Vendée ?

J’ai toujours évolué dans le monde du football. Mais le football au bord du terrain. J’ai été président pour la première fois sur la côte vendéenne à Bretignolles-sur-Mer où nous avons eu la chance de concourir 8 fois en 15 ans. C’était vraiment fabuleux. J’étais très jeune, de 25 à 40 ans.

Et puis, il y a une quinzaine d’années, j’avais des amis au club de Roche qui m’ont proposé de les rejoindre. Cela fait donc 15 ans que je suis dans ce club, avec une première période de 5 ans en tant que président, puis une période en tant qu’associé uniquement, puis de nouveaux présidents pendant 5 ans.

On peut remarquer une certaine culture du football en Vendée, est-ce quelque chose de très ancré ?

C’est à la fois quelque chose d’intéressant à vivre, car effectivement, nous sommes, je crois, le département de qui compte le plus d’équipes nationales (N2, N3). Nous sommes 7, peut-être 8 dès la saison prochaine. Cela s’explique par le fait que nous avons un esprit paroissial très développé qui s’accompagne d’industries assez solides aux quatre coins du département. Cela signifie que chaque ville moyenne de Vendée dispose d’un partenaire solide à proximité.

C’est donc à la fois passionnant à vivre, mais c’est aussi ce qui prive la Vendée d’un club d’élite. Nous sommes dans une position très compétitive les uns par rapport aux autres. Et nous montons un projet qui vise à faire les choses différemment par rapport à ce qui se fait aujourd’hui.

Auriez-vous souhaité que des clubs fusionnent pour avoir un club vendéen fort ?

Oui. C’est notre projet. C’est notre discours. On pense que le modèle économique des clubs va s’effondrer. Il faut dire les choses telles qu’elles sont. Entre les difficultés des collectivités, entre la fuite des budgets de certains joueurs et la tension économique générale, nous ne pensons pas que le modèle actuel perdure.

Il faut donc imaginer quelque chose qui unit les clubs entre eux. Cela existe déjà dans certaines régions. Nous devons nous unir à nos voisins qui ne sont actuellement pas favorables à ce projet.

Pour vous, le modèle économique du football français s’essouffle et sommes-nous à un tournant ?

Absolument, je ne vois pas comment on va pouvoir tenir avec ce modèle économique qui s’appuie, à la fois sur nos départements, à la fois sur l’aide des collectivités qui s’essoufflent et puis une ou deux industries par club. Ce qui veut dire que les clubs sont dépendants de la santé, mais aussi de l’humeur d’un dirigeant ou d’un groupe. C’est très fragile.


« À huit jours d’intervalle, accueillir les célèbres et historiques Girondins de Bordeaux et les non moins célèbres aujourd’hui Brestois est pour nous un événement majeur.

Est-ce pour cela que vous avez créé cet été une SCIC (Société Coopérative d’Intérêt Collectif) ?

Absolument, nous avons créé quelque chose de nouveau. C’est un projet que nous souhaitons fédérer sur lequel, pour le moment, nous avons des vents contraires car justement, comme tout nouveau projet, il est un peu inquiétant.

Mais surtout nous avons actuellement une vague de soutien, puisque le projet veut que nous nous unissions en très grand nombre. Il faut attirer les entreprises, les particuliers, les supporters du club, mais surtout attirer les autres clubs. Notre objectif est donc d’associer, dans cette SCIC, des clubs vendéens de petite ou moyenne taille pour devenir copropriétaires de ce futur club. Aujourd’hui, nous comptons déjà environ 25 clubs qui nous ont rejoint. Nous en espérons 50 d’ici la fin de la saison.

Pour revenir au sport, vous suivez la réception des Girondins de Bordeaux et du Stade Brestois en Coupe de France. Il doit y avoir un certain enthousiasme en cette fin d’année ?

En effet, si quelqu’un m’avait dit ça il y a un an, j’aurais ri. A huit jours d’intervalle, accueillir les célèbres et historiques Girondins de Bordeaux et les non moins célèbres aujourd’hui Brestois est pour nous un événement majeur.

Surtout l’occasion d’organiser deux belles soirées. Nous voulons aussi montrer que, quand il y a de belles affiches, les Vendéens se mobilisent. Pour l’instant, les réservations pour ces deux événements vont très bien, même si j’ai l’impression que le fait que nous recevions Brest la semaine prochaine fait qu’il y a un peu moins d’engouement pour Bordeaux.

On imagine qu’il y a peu de chance que les supporters girondins soient autorisés à voyager ?

A priori, d’après les entretiens que nous avons eus avec la préfecture, les supporters girondins ne seront pas autorisés à se déplacer. Même si la rumeur veut que certains viendront quand même.

Nathan Hanini

>> Frédéric Reculeau (La Roche VF) : « Les Girondins construisent un effectif de plus en plus fort »

 
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