Wojciech Szczęsny, ou le mythe du pompier polonais – Chronique – Charles Nouveau, paroles d’un ancien

J’ai un ami qui n’aime pas le football. Appelons-le Hugo (c’est son prénom). L’autre jour, il a vu mon écran d’ordinateur afficher la page d’accueil de mon site d’informations sportives préféré (la compétition). Une information attire son attention : le gardien Wojciech Szczęsny fume des cigarettes. « Attends, c’est une nouvelle ? Est-ce que les gens s’en soucient si les joueurs fument ? » Apparemment, oui.

Il y aurait beaucoup de choses à dire sur la sortie de Szczęsny de sa retraite pour aider le Barça, sur la gestion hiérarchique des gardiens, ou encore sur le fait que si un jour quelqu’un découvre comment transformer les consonnes en énergie, la Pologne nous sauvera tous du réchauffement climatique. . Evitons cependant les plaisanteries sur le soi-disant imprononçabilité de ce patronyme (on dit « Szczęsny »si jamais) et parlons de cigarettes.

Lors d’un entretien accordé au média catalan, on a demandé à Wojciech s’il souhaitait réagir à cette fameuse photo de lui qui a refait surface sur les réseaux maintenant qu’il fait à nouveau l’actualité.

« Donne-moi juste la lumière “, a déclaré Sean Paul

Répondre : « Ce sont des choses que je ne changerai pas dans ma vie personnelle et ce n’est le problème de personne si je fume. Cela ne m’affecte pas et je travaille deux fois plus dur pour que cela n’affecte pas ce que je fais sur le terrain. […] Mais si vous pensez que je vais changer ma façon d’être en privé, vous vous trompez, parce que je suis qui je suis, j’ai été comme ça toute ma vie et ce n’est l’affaire de personne d’autre que moi. Je veux seulement être jugé en tant que gardien de but, et pas pour des histoires qui n’intéressent personne. »

19 sur 20. J’aurais donné la note maximale s’il avait fini en ajoutant « Damso ».

Tant que cela n’affecte pas ses performances, que dire ? On s’ennuie à regarder les Bleus sous prétexte que “oui mais ça marche”. Ne vous inquiétez pas si Serge Gainsbourg s’impose en face-à-face dans sa surface à la 87e^e minute pour sauver le point du nul, on distribuerait des Gauloises au centre d’entraînement. Bien sûr, pour le moment, ni Serge ni Szczęsny ne jouent vraiment, mais – il n’y a pas si longtemps – ce dernier était encore quelqu’un.

Dans mes pôles aériens préférés, Szczęsny est devant Jerzy Dudek, mais derrière Romain Gary

Après, le fait qu’il soit gardien adoucit forcément les critiques.

Je ne suis pas médecin du sport et j’ai moi-même une endurance de poussin malade, mais on devine tous que, champion comme il est, l’activité de Mike Maignan ne nécessite pas tout à fait la même capacité pulmonaire que celle de Léon Marchand ou même (surtout ?) celui de N’Golo Kanté.

D’ailleurs tout le monde a déjà joué aux côtés d’un gardien en surpoids (si ce n’est pas le cas, soit vous n’avez jamais joué au football, soit vous avez rejoint le LOSC à 7-8 ans). J’imagine qu’un excès de kilos doit être plus invalidant dans les cages que les poumons avec le visage de M. Burns, et pourtant nous avons tous déjà vu BBGK de nos propres yeux (De grands et beaux gardiens de but) déchirent tout sur leur ligne. Putain de félins à fourrure. Liens manquants entre Balou et Bagheera. Impossible de ne pas les aimer. Je lève mon Coca Zero à celui qui me vient spontanément à l’esprit.

Je m’éloigne du sujet.

Même si la cigarette affectait la performance du footballeur (et on aurait de quoi donner des contre-exemples : Zizou et Cruyff en tête), qui serait le juge de la performance en question ? Toi et moi, bien sûr, avec nos Curlies devant la télé. Mais aussi et surtout l’employeur du joueur. Ont-ils le droit de sanctionner un joueur qui fume ? Inclure une clause à cet effet dans votre contrat ?

Je n’ai pas trouvé la réponse sur Internet. Je ne suis pas journaliste. Par paresse, j’ai directement posé la question à un vice-président d’un club de première division et à deux internationaux suisses. Seuls les joueurs m’ont répondu. Pas de rancune, je souhaite au club en question bonne chance la saison prochaine en deuxième division.

Et a priori non. Les clubs sont conscients que la plupart des joueurs de leur équipe fument. Ils agissent en conséquence. En matière de méthodologie, il faut qu’il y ait de tout. On a vu des coachs capables de vous retirer du groupe si vous n’êtes pas au poids qu’ils considèrent comme le bon. J’imagine que ce n’est pas forcément non plus conforme au Code du travail, donc certains fanatiques ont probablement aussi une politique de tolérance zéro avec le tabac.

Anecdote sur mon tacticien préféré. Ainsi que Pep Guardiola

Vient ensuite la question de l’exemplarité, arrivée récemment parmi les critères d’évaluation du Ballon d’or (cheh). Peut-on perdre une récompense individuelle en cas d’addiction à la nicotine ? Un joueur professionnel a-t-il le devoir de donner l’exemple au reste de la population, y compris dans son rapport au tabac ?

Dans le cas de Szczęsny, il dit ne jamais faire cela devant des enfants ou en public. « Je suis parfois photographié caché derrière des arbres, mais cela ne dépend pas de moi. J’essaie de ne pas le montrer aux gens »dit-il. Je ne sais pas si on peut lui demander beaucoup plus. De plus, les footballeurs ne sont pas tous des exemples pour les jeunes. On pense à l’alcoolisme de Paul Gascoigne, aux adultères de Kyle Walker, à la pyromanie de Mario Balotelli ou encore à la moustache d’Héctor Bellerín, pour ne citer qu’eux.

Bien sûr, il y a une petite part de jalousie sadique enfouie en chacun de nous (chez certains : pas assez enfouie) qui nous donne envie que les sportifs de haut niveau se privent. Savoir qu’un multimillionnaire cohabitant avec un mannequin international n’a pas accès aux plaisirs auxquels vous avez accès est forcément un peu satisfaisant. D’un autre côté, je ne peux m’empêcher de penser que tant que les gens ne font pas de conneries complètes, on devrait les laisser faire ce qu’ils veulent.

Mon père me dit régulièrement : « Avec votre travail, vous devriez avoir un style de vie d’athlète. »

De toute évidence, il passe à côté de l’essentiel. À côté de Wojciech Szczęsny, je m’appelle Keith Richards. Bien qu’à côté de certains de mes collègues, je sois Wojciech Szczęsny. Le jour où il y aura des prises de sang pour savoir qui a le droit de monter sur scène ou pas, on va beaucoup transpirer. S’il nous était interdit d’exercer notre passion (ou pire encore : notre gagne-pain) à cause d’un vice contre lequel nous luttons ailleurs… Nous le vivrions extrêmement mal. Surtout si le défaut en question n’a pas affecté nos performances. Tiens, je vais prendre une autre gorgée d’aspartame.

Ironiquement, au moment où j’écris ces lignes, je suis en route pour Barcelone. Je vais rendre visite à un membre de ma famille qui souffre d’emphysème pulmonaire et qui en mourra probablement dans les années à venir. Il ne s’agit donc pas d’une promotion pour les cigarettes. Évidemment, ne fumez pas. Mais si vous le faites, ne vous sentez pas illégitime dans votre rôle au sein de l’effectif du FC Barcelone.

PS : Le rédacteur en chef de ce site ressemble un peu à Wojciech Szczęsny. Quand je lui ai dit, il a dit : « Ah bon ? Es-tu sûr? En général, on me dit Gérard Piqué. » Bien essayé. J’ai le même problème avec Bruno Solo et Colin Farrell.

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Lewandowski, le début de la fin