Un déclassement plus rapide qu’une chute au classement

Auxerre – Stade Rennais : Un déclassement plus rapide qu’une chute au classement

Au lendemain d’une gifle d’un promu, on a encore du mal à comprendre comment en un an le Stade rennais est passé de la route vers l’Europe à celle menant à l’anonymat.

En début de semaine, Grégory Dupont se dirige vers la Piverdière pour entamer la deuxième semaine de son audit interne, et si l’incertitude est énorme autour du Stade rennais ce matin, nul doute que l’expert trouvera l’inspiration pour rédiger ses conclusions. Au terme d’un horrible week-end pour Rennes et ses environs, le SRFC a livré une prestation honteuse à Auxerre, promu contre qui il n’avait plus perdu depuis 2010.

Prendre la machine à remonter le temps fait encore mal : Rennes n’avait plus perdu de quatre buts ou plus en championnat depuis le 6 novembre 2016. L’adversaire s’appelait le Paris Saint-Germain, l’entraîneur rennais Christian Gourcuff. Adrien Rabiot évoluait encore au PSG aux côtés du futur Rennais Hatem Ben Arfa, tandis que l’ouverture du score a été inscrite sur un but contre son camp de Gelson Fernandes, titulaire dans un onze composé de Paul-Georges Ntep, Joris Gnagnon et Giovani Sio.

Il faut remonter huit ans en arrière pour voir Rennes encaisser une telle raclée, face à un adversaire d’un autre calibre, mais c’est en un an que le SRFC a subi un déclassement plus vertigineux que sa chute progressive au classement. Ce matin, le Stade Rennais est 13ème d’une Ligue 1 à 18 équipes, à deux points du 17ème, et à 7 points de la lanterne rouge. Il n’est également qu’à 3 points de la 7ème place, et à 5 points de la 5ème place. Une situation comptable qui relativiserait presque si l’on n’avait vu la prestation scandaleuse des Rouge et Noir humiliés sur le terrain d’une équipe promue.

Le coup de marteau changeant l’euphorie d’un potentiel 1-2 en apathie d’un vrai 0-3 “ne devrait pas être une excuse” selon Amine Gouiri, et fait mal à l’équipe “mentalement” selon Julien Stéphan. Mais ce nouveau clou planté dans le cercueil rennais est anecdotique et ne devrait même pas être évoqué d’après-match tant les Bretons se sont montrés apathiques durant les 45 premières minutes, qui n’est pas sans rappeler leur prestation à Brest. Cette fois, l’adversaire était logiquement récompensé, et punissait finalement Rennes d’une lourde addition d’un autre temps.

Les conséquences seront-elles graves ? Ce matin, le doute plane sur l’avenir de Julien Stéphan dont la situation est devenue intenable. « Ce n’est pas à moi de répondre à cela. J’ai du courage et l’envie de travailler, l’envie de faire avancer les choses. Après, ce n’est pas ma responsabilité »a répondu hier le sélectionneur qui avait démissionné à la fin de son premier mandat.

Devant la presse, Frédéric Massara a éludé les questions sur le sujet, entretenant un autre doute quant à son réel pouvoir de décision en la matière. “L’équipe pour le moment n’est pas à la hauteur de ce que nous attendions” le discret directeur sportif a tout de même demandé d’attirer l’attention sur un autre doute, celui du niveau de l’équipe qu’il a bâtie.

Tout cela soulève des questions auxquelles l’audit de Grégory Dupont ne répondra sans doute pas. Une certitude ou plutôt une réalité à l’approche du premier anniversaire du départ de Bruno Genesio : ce Stade Rennais n’a plus rien à voir avec celui d’il y a un an pour lequel l’objectif Europe n’était pas négociable. « Aujourd’hui, nous ne pouvons pas nous offrir le luxe de réfléchir à quelque chose qui, malheureusement, le terrain nous l’a dit, ne nous appartient pas en ce moment »avoua Massara. “Nous jouons comme une équipe qui lutte pour la relégation”se lamenta Gouiri. Au classement, le haut reste possible même si le bas tend les bras au SRFC. En ce qui concerne le déclassement bien réel, il n’y a cependant aucun doute.