Le jour de votre arrivée à Brest ?
Je m’en souviens très bien (rires). J’ai voyagé en voiture avec Tomas Micola (joueur de Brest de 2010 à 2012) pour venir signer. C’est 2 000 bornes pour rejoindre Ostrava, ici en République tchèque, à Brest. Ce fut un long voyage, au bout du monde, à l’autre bout de l’Europe. Nous nous attendions à un temps anglais avec de la pluie et du vent à notre arrivée mais nous avons été agréablement surpris, je pense qu’il faisait beau. Durant le trajet, ce qui nous a frappé, c’est la merveilleuse nature qui entoure le Finistère.
Votre meilleur match avec Brest ?
Peut-être pas le meilleur mais dans une carrière, on se souvient souvent des matches dans lesquels on a marqué. Et je n’ai pas marqué grand chose à Brest ! Alors, je dirais celui contre Lyon (mai 2011) où j’ai réalisé cette volée qui a donné l’égalisation à mon équipe. Ce dont je me souviens le plus, c’est l’ambiance du stade, la ferveur des gens : c’était magnifique, merveilleux.
Le moment le plus fou ?
Lors de la première saison, le jour où nous sommes devenus leader de Ligue 1 après notre victoire contre Saint-Étienne 2-0 (30 octobre 2010) ! J’ai même marqué de la tête (rires). Tout le monde nous a apprécié, les supporters ont adoré notre courage. Nous essayions de jouer au Football, nous n’avions pas peur de nos adversaires. C’était un très bon moment, la communion était belle. Cette saison, Brest vit un exploit inimaginable avec la Ligue des Champions. À l’époque, en 2010, être premier de Ligue 1 pendant quatre semaines, c’était la même chose que ce que vit actuellement le club : des trucs de fou.
Votre pire souvenir ?
Le point négatif de mon séjour à Brest a été les équipements, malheureusement. Avec Tomas, quand nous sommes arrivés la première fois, nous avons été un peu surpris… Les conditions professionnelles pour jouer au football de haut niveau à Brest, il n’y en avait vraiment pas. Nous n’avions qu’un seul terrain d’entraînement, qui a été immédiatement détruit lorsqu’il a plu plusieurs jours de suite. C’était assez difficile. Petite anecdote : lors du premier entraînement, on nous a remis le matériel mais aucune serviette n’était fournie pour nous sécher après la douche. Chacun devait venir avec le sien. Nous nous sommes regardés : « Sérieusement ? Comment ça ? » (Rires)
Le joueur le plus fort avec lequel vous avez joué à Brest ?
Steve Elana, je le cite en premier. Je l’aimais vraiment. Il était très fort, il est parti à Lille après, c’est la preuve qu’il n’était pas mauvais du tout (rires). C’est dommage qu’à l’époque ils n’aient pas pu le retenir et lui offrir de meilleures conditions, il le méritait. Je pense qu’il serait resté à Brest. Eh bien, il y avait aussi Nolan Roux, Jonathan Zébina, Bruno Grougi, Omar Daf, Larsen Touré, Kamel Chafni. J’en ai rencontré pas mal à Brest.
Le jour où vous avez réalisé que vous étiez apprécié du public brestois ?
A chaque fois, je rencontrais des supporters ou mes voisins à Gouesnou. On a continué à discuter, les gens me demandaient des autographes. J’imaginais que je faisais partie des joueurs aimés du public. Les supporters demandaient d’être réels sur le terrain, de tout donner et c’est ce que j’ai toujours essayé de faire. J’ai passé trois merveilleuses années en famille à Brest. J’ai été très bien reçu, je me sentais chez moi. Si j’avais pu terminer ma carrière à Brest, je l’aurais fait.
L’endroit où vous êtes allé vous ressourcer à Brest ?
Il y en avait beaucoup. L’avantage du Finistère, c’est que vous pouvez aller à gauche ou à droite, vous tomberez sur un endroit magnifique. Nous avons changé régulièrement mais je dirais Landéda. Quand on me parle de Brest, boum, je dis que j’en suis amoureux, ça a été un vrai coup de coeur pour moi.
Le jour où tu as quitté Brest ?
C’était en 2013… Il y a de la tristesse car on descend déjà en Ligue 2. C’est resté comme un petit drame au niveau professionnel, on voulait rendre aux supporters ce qu’ils ont donné et on n’avait pas réussi à rester en Ligue 1 , nous avions échoué. Puis, individuellement, je n’ai pas été prolongé et j’ai dû quitter Brest. La fin a été triste pour ma famille, pour moi de quitter le club que j’aimais. Je suis resté à Brest au début, pendant un mois et demi, deux mois. Je me suis même entraîné avec le club du Gouesnou pour rester en forme. Mais j’ai fini par retourner à Prague pour m’inscrire au Slavia. Je suis monté dans la voiture et je suis parti dans l’autre sens. Je n’avais pas été prolongé à Brest car il y a eu un changement de président, de directeur sportif aussi je crois, d’entraîneur. Ils voulaient refaire le cadre, c’était logique du point de vue de Brest.
Le jour où Brest s’est qualifié pour la Ligue des Champions ?
Le même jour, j’ai joué avec mon équipe Dynamo Moscou
et nous gagnons 4-1 à domicile contre Sovetov. Je suis l’entraîneur adjoint de mon frère Marcel et nous avons joué pour le titre jusqu’à la dernière minute. Malheureusement, cela nous a échappé la semaine suivante : il fallait faire match nul pour être champion mais nous avons perdu 1-0. A l’image de Brest qui s’est qualifié pour la Ligue des champions, cela aurait été un véritable exploit pour nous. Quand j’ai appris que Brest jouerait dans cette compétition, j’étais vraiment content pour le club. J’avais peur pour cette saison, de voir comment ils allaient réussir à remporter la Ligue 1 et la Coupe d’Europe en même temps. Mais pour l’instant, ce qu’ils font est superbe. Déjà sept points en Ligue des Champions, c’est fantastique !
Après sa carrière, Mario Licka entame une reconversion professionnelle en tant que traducteur. Mais depuis un an et demi, il est l’entraîneur adjoint de son frère Marcel au Dynamo Moscou, en Russie.
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