→ Mathieu Valbuena : « La plus grosse erreur de Lyon a été de le laisser partir »
57 matchs avec Bruno Genesio à l’OL (2016-2017)
« Derby against Saint-Étienne (février 2017). Il joue (Memphis) Depay à ma place. Je suis un peu en colère, je trouve ça injuste. Nous perdons 2-0. Le moment est compliqué. Nous sommes attendus après le match par les supporters, etc. Nous jouons Nancy trois jours plus tard. Les supporters font vraiment grève… On nous siffle. Je suis titulaire. Au bout de 30 minutes, j’ai mal à la cuisse et ça lâche. Alors que Memphis s’apprête à me remplacer, un ballon arrive dans la surface. Je me dis que je vais donner un coup de pied avec mon autre jambe. Je l’ai mis dans la lucarne. Je m’en vais là-dessus. Bruno me dit à l’oreille : «Tu es un sacré gars. J’ai rarement vu des joueurs avec du sacré balles. Même blessé, vous n’avez pas abandonné. » Notre relation a changé à partir de là.
Au début, ce n’était pas vraiment ma tasse de thé. Je ne jouais pas, j’avais l’impression que c’était injuste. Mais en le connaissant comme entraîneur et comme homme, il m’a vraiment beaucoup apporté. Le résultat final est que nous nous voyons désormais dehors, ce que je n’aurais jamais imaginé.
Bruno, c’est sa spontanéité et son caractère. Je l’ai connu comme adjoint d’Hubert Fournier à Lyon. Il avait une façon de voir le football… Un passionné, je l’ai vu directement. Il est rapidement mis en avant en reprenant l’équipe à la mi-saison. (décembre 2015). Dans ses discours d’avant-match, il savait nous parler, il arrivait à toucher ses joueurs. Et Bruno nous a fait jouer au ballon, avec de vrais principes de jeu. Cela s’est reflété sur le terrain. Nous avons terminé deuxième, mettant par exemple Monaco 6-1 lors de la dernière journée. Il avait deux casquettes : à la fois dans la communication, proche de ses joueurs, mais il était aussi exigeant. Il a toujours tout donné pour son métier. C’est quelqu’un qui arrive à se ressourcer avec sa famille puis à repartir. Et quand il a un projet, il se lance. Parfois on en reparle : le plus grand regret, c’est cette demi-finale de Ligue Europa contre l’Ajax. Nous avons perdu 4-1 à l’aller, nous avons gagné 3-1 au retour. Nous avons raté de peu la prolongation.
Il aime arriver le matin, saluer son vestiaire, plaisanter et rire un peu, et ne pas toujours parler que de football. On n’avait pas peur d’aller le voir, de dormir. Il a su relativiser, parce qu’alors, à l’entraînement, il y avait beaucoup de rigueur. Sa qualité, c’est aussi qu’il arrive à garder un vestiaire concerné. Il communique beaucoup avec les joueurs, surtout ceux qui ne jouent pas.
La plus grosse erreur de Lyon a été de le laisser partir. Tout ce qui lui est arrivé à l’OL l’a énormément touché, car c’est un véritable amoureux du club, mais aussi parce que cela a touché sa famille. Après son départ, Lyon a eu des difficultés sur le banc. Beaucoup de gens prédisaient qu’il n’était qu’un entraîneur très moyen. Objectivement, il mérite tout ce qui lui arrive. Je suis très heureux de le voir évoluer et progresser. Il a reçu d’énormes critiques… Même quand ça se passait bien, on n’y mettait pas trop l’accent. On s’est moqué de Pep Genesio. En tant que numéro 1, il a mis tout le monde sur la même longueur d’onde en peu de temps. »
→ Amine Gouiri: « C’était un grand fan de Manchester City »
67 matches with Bruno Genesio at Olympique Lyonnais (2017-2018) and Stade Rennais (2022-2023)
« Quand on est arrivé à Rennes, on était sur 16 matches sans défaite. Nous allons à Lille, avant la trêve de la Coupe du monde (2022). On fait 1-1, un des pires matchs de la série. Derrière, on a fait 40 minutes de vidéo. Il ne nous a pas poussé dans le bon sens, même si nous avons fait 17 matchs sans perdre. Il avait été dur. A la sortie de la vidéo, on s’est dit que c’était pour notre bien. Tout le monde est d’accord. Bruno Genesio est l’exigence. Même à l’entraînement, il va tout regarder. Il nous laisse libres, mais les horaires des formations, des conférences, des séances vidéo, tout cela est essentiel : il faut arriver à l’heure ! Si vous êtes en retard à l’entretien, vous passez du début au banc et du banc aux tribunes. Je me souviens d’un match contre le PSG. Hamari Traoré était capitaine. Il arrive en retard pour la conférence, prévue à 19 heures. L’entraîneur dit à chef d’équipe pour verrouiller la porte. Il était capitaine, mais l’entraîneur ne l’avait pas changé et l’avait mis sur le banc. Nous avions gagné. Hamari a compris. Si vous faites ça au capitaine, cela concerne tout le monde. Et après, je peux vous dire que tout le monde était en avance.
Il cherche toujours à faire bien jouer ses équipes. À l’entraînement ou en match. Il disait toujours : «Nous jouons comme nous nous entraînons. » Il a ses principes de jeu. Le football offensif. Il veut qu’on respecte ça, qu’on joue. Il aime que son équipe s’amuse. C’était un grand fan de Manchester City. Il nous a déjà montré des vidéos d’eux. Il a beaucoup appris de leur façon de jouer, avec et sans ballon. Il aime étouffer l’adversaire. Monopolisez le ballon, quelle que soit l’équipe, que ce soit le Real Madrid ou la dernière. Il gardera toujours ses principes : avoir le ballon, prendre des risques, jouer, presser. Exigeant également sur la qualité technique. Il ne lâche rien. Un contrôle, une mauvaise passe… Il n’hésitera pas à le dire, que ce soit à un grand ou à un « petit » joueur. C’est aussi pourquoi nous l’apprécions. Il parle et met tout le monde au même niveau. »
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Dans l’effectif de Bruno Genesio au centre de formation de l’OL et en Chine
« Elle s’est construite progressivement. Sous son extérieur calme, c’est un travailleur acharné. Les gens ne le perçoivent pas comme ça, mais c’est une personne très chaleureuse, très humaine, qui attache beaucoup de valeurs aux gens. Le fait d’avoir été assistant lui a apporté cette proximité avec les joueurs. Il aime le jeu. Il aime les joueurs qui ont le ballon. Il aime avoir la possession. Et il a de l’intuition, un peu d’esprit. Il ressent des choses. Il ose faire des choses que d’autres n’oseraient peut-être pas, comme mettre des joueurs offensifs et presser très haut contre de grandes équipes. Il aime essayer de causer des problèmes auxquels l’adversaire ne s’attend pas. Ce n’est pas pour rien que ses équipes battent souvent les grands. Il est très ouvert, il parle beaucoup avant les séances. C’est toujours lui qui donne les thèmes, c’est lui le chef d’orchestre, puis il nous invite à collaborer avec lui. Il laisse une marge de proposition à ses adjoints. C’est très sympa.
Dans son entraînement, c’est l’intensité, le jeu et peu de temps morts. Il veut beaucoup de rythme. Il disait toujours : «Allez, continuons, continuons, continuons ! » Il n’est pas fan des grands discours entre les séquences d’entraînement. Il n’aime pas arrêter le jeu, discuter ou redémarrer. C’est ce qui m’a frappé. Il aime la bonne humeur. Ce n’est pas quelqu’un de fermé, de rigide. Absolument pas. Ceux qui le connaissent bien savent que c’est un bon vivant, il aime la vie, il aime déconner, s’amuser. Il a ce côté ludique, qu’on retrouve un peu dans ses aspirations, dans sa tactique, dans ses compositions. C’est un gars très gentil et très généreux. Quoi qu’on en dise, ses équipes jouent du bon football. Il mérite d’être reconnu maintenant. Ses résultats parlent d’eux-mêmes. »
→ Damien Da Silva : « J’aurais aimé travailler plus longtemps avec lui »
8 matchs avec Bruno Genesio au Stade Rennais (2021)
« Je suis très attaché au niveau humain. Lui aussi est concentré là-dessus. Humainement, j’ai adoré. Malheureusement, cela n’a pas pris très longtemps. J’aurais aimé travailler plus longtemps avec lui. Son style de management, son sens du relationnel, sa proximité avec les joueurs, c’est très intéressant. Cela nous donne confiance, cela nous met à l’aise dans un groupe. C’est une personne très franche, honnête, qui sait vous dire les choses. A son arrivée, le Stade rennais n’allait pas très bien. A cette époque, je jouais beaucoup de matches. Ce n’était pas ma meilleure performance, j’étais un peu fatigué, épuisé. Il m’a parlé franchement et m’a dit : « Tu ne vas pas commencer demain. » Évidemment, cela ne m’a pas rendu heureux. (Sourire.) Il ne m’a pas laissé le soin de faire son choix sans me le dire. J’ai apprécié qu’il me parle comme ça.
J’ai rejoué après et ça s’est très bien passé. Dans ses discours, nous avons également senti qu’il était vrai, entier, à 100 %. Il a vécu ces moments. Nous avions l’impression que c’était l’homme qui parlait. Cela nous a touché. Six mois plus tard, je partais pour Lyon. Et là aussi, les discussions ont été franches. En fin de saison, il m’a beaucoup parlé de l’OL et je n’ai pas senti qu’il avait de la rancune. Au contraire. Il aurait pu complètement démonter le truc de Lyon, il ne l’a pas fait. Il m’a expliqué ce qui allait être bien et ce qui ne l’était pas là-bas. Il m’a donné les faits et m’a dit de faire mon choix. J’ai adoré cette discussion avant de partir. Ses entraînements ? On s’est bien amusé, avec beaucoup de jeu. Et aussi, d’un autre côté, le côté exigeant. Il vous croisera s’il ne se sent pas les gars, parce qu’il le vit. Il exprimera ses sentiments, sans les cacher. Séances animées, avec voix. »
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3 matchs avec Bruno Genesio à l’OL (2016-2017)
« C’est le coach qui m’a lancé, je ne l’oublierai jamais. Il a eu un grand impact sur moi. Avant d’être entraîneur, c’est quelqu’un, humainement parlant, que je trouvais exceptionnel. Il avait ce truc d’écouter les joueurs. J’étais beaucoup plus jeune, je n’avais pas forcément le même statut que les autres. Quand on est jeune, on se sent moins écouté. Avec Genesio, c’était différent. Il avait la capacité de communiquer avec tous les types de joueurs. Il y avait des égos, comme Clément Grenier, avec qui il fallait trouver les mots justes. Toujours la bonne méthode. Dans sa gestion, il était fort.
Je n’étais pas encore un pro. J’étais attrapé par n’importe qui au club. Je suis convoqué à son bureau. J’avais peur qu’il me dise : «Garçon, si tu ne signes pas, tu ne joues plus. » Mais non. Il s’inquiétait du fait que j’étais bien dans ma tête. Il m’a conseillé de signer, mais pas à n’importe quel prix. Il m’a dit : «Comment vas-tu ? Je veux que tu restes concentré. J’ai besoin que tu sois à l’aise, calme. Entourez-vous des bonnes personnes. Je suis content de votre travail. » J’en suis sorti choqué. C’était de la grande classe. A cette époque, j’en avais besoin. Quand on prend sa trajectoire, il ne faut pas oublier qu’il a été député. Être un peu intermédiaire, être proche, ce sont vraiment les caractéristiques des assistants. Il savait jouer avec ces casquettes. A Lyon, nous avons eu des résultats. Mais après une défaite, tout le monde lui tombait facilement dessus. Je ne me suis jamais vraiment senti touché. D’une manière ou d’une autre, je dirais qu’il était un peu préparé. Il a gardé ses principes, il est resté Bruno Genesio jusqu’au bout. Je lui ai trouvé une vraie force tranquille. »
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