Pour Alternative Football, l’ancien directeur commercial et du développement des Girondins de Bordeaux, Jacques D’Arrigos’est souvenu de sa démarche auprès des supporters dès son arrivée au FCGB. Il le reconnaît lui-même aujourd’hui : il n’en avait pas pris la mesure. Désireux d’augmenter les prix des abonnements, il se retrouve face à un mur, le
Ultramarines ayant toujours promis qu’ils veilleraient à ce que les cotisations n’augmentent pas, afin que le stade soit accessible au plus grand nombre, notamment aux classes populaires.
« Il n’y a pas un très bon alignement des planètes au niveau sportif, et il y a un peu de rupture dans la communication entre les supporters et la présidence. Je les reçois au bout de trois mois, les Ultramarines, pour leur présenter le nouveau maillot et la nouvelle campagne d’abonnement. Nous voulions augmenter les prix, et cela ne s’est pas vraiment passé comme prévu… C’était un affrontement physique. C’est face à face, on se tient… Ce n’est pas face à face, il ne faut pas exagérer, mais ce sont des choses qu’on ne vit pas dans une entreprise comme Nike… Nike, vous vendez des chaussures aux consommateurs, ou aux utilisateurs s’ils sont des joueurs de football. Là, vous êtes face à des gens passionnés, et dont la vie est rythmée par celle d’un club. Je n’ai pas pris la mesure tout de suite.
Puis, il s’est souvenu d’un autre moment, le fameux match de Coupe d’Europe contre La Gantoise – qui reste encore aujourd’hui en termes d’ambiance et d’ambiance positive la rencontre la plus mémorable au stade René Gallice – confirmant également les propos de Florian Brunet qui avait raconté les coulisses à plusieurs reprises.
« Il y a eu un deuxième épisode de conflit. En fait, nous vivons une campagne de qualification pour la Ligue Europa. On fait une rentrée folle en 2018 qui se termine à Metz. Lyon doit faire match nul contre Nice… Bordeaux écrase Metz, et enfin Lyon marque des buts : Bordeaux se qualifie in extremis en phase préliminaire de la Ligue Europa. Pour la phase des matchs préliminaires, nous gagnons les deux premiers. C’est sûr qu’il n’y a pas de supporters dans les tribunes, ils sont tous au Cap-Ferret ou à Arcachon, ou à Lacanau… Dès qu’il fait beau, on privilégie le Bassin d’Arcachon (à Bordeaux). Mais il y a quand même les Ultramarines qui sont là à chaque fois. Nous vous proposons les deux premiers matchs. Le troisième, qui est décisif, contre La Gantoise, il y a 0-0 à l’aller, et le match retour est énorme, c’est super important. La qualification pour la Ligue Europa, c’est près de 10 millions d’euros de droits TV supplémentaires, pour un club dont le budget était de 60 à 65 millions d’euros. C’est colossal. Je dis à ce moment-là qu’il y aura 15 ballons pour tout le stade. Je suis en colère. Les Ultramarines me disent que je ne comprends rien, que c’est beaucoup trop cher. Je leur dis que j’ai offert les deux premiers, et que c’était genre 5 € le match. J’essaie de rationaliser du mieux que je peux, et en fait je me rends compte que six jours avant le match, c’était un jeudi soir, il y avait 1000 places vendues, et 900 Belges. Nous sommes vraiment en difficulté. Là, mon président, Stéphane Martin, m’appelle et me demande comment on fait. Je lui dis ‘écoute, si tu me donnes carte blanche, je remplirai le stade pour toi’. On appelle toute l’équipe, et c’est là qu’on voit qu’on peut faire des choses dans un club… Billetterie, merchandising, sponsoring, réseaux sociaux… On a pris tout le monde. On a fait venir les partenaires, les Ultramarines, et on s’est dit qu’on mettrait le stade à 5 €. 40 000*5€ ça fait 200 000€, et les droits TV sont à 10M€, donc ça n’a pas de commune mesure… On offre beaucoup de places gratuites à des partenaires, Bistro Régent a mis le paquet dans les restaurants, etc. On était complet . Aurélien Tchouaméni en parlait souvent, et disait que c’était la première fois qu’il se trouvait dans le couloir du Matmut Atlantique, et où les tribunes vibraient… ».
Transcription Girondins4Ever
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