Deux ans après son arrivée en France, Zuriko Davitashvili aime la France autant que la France commence à l’aimer. Elu joueur du mois d’octobre en Ligue 1 grâce notamment à son remarquable triplé contre Auxerre (5 octobre), l’ailier stéphanois, contre Rennes ce samedi (17 heures), a découvert l’élite depuis cet été des Français. football après avoir vécu de l’intérieur la descente aux enfers des Girondins de Bordeaux.
L’international géorgien (45 sélections, 6 buts), qui a notamment participé à l’Euro 2024 sous les ordres de Willy Sagnol, ne parle pas encore français mais il comprend de mieux en mieux le football. Il nous raconte son début de saison et sa relation avec notre championnat.
Après un début de saison compliqué, Saint-Étienne remonte progressivement depuis début octobre. Que pensez-vous du début de saison ?
DAVITASHVILI DE BLANC. C’est vrai que les débuts ont été un peu difficiles. Nous étions nouveaux en Ligue 1, j’étais nouveau aussi, et parfois il faut du temps aux équipes pour s’améliorer en termes de combinaisons et de tactique. Notre progression est bonne, nous sommes capables de jouer de manière plus compacte, avec un bon bloc au milieu de terrain, une bonne base défensive et nous avons toujours des occasions de marquer des buts. Le plus important, et là où nous avons le plus progressé, c’est la défense.
En octobre, l’ASSE a particulièrement bien performé grâce à vous : un triplé contre Auxerre, un doublé contre Angers… Comment avez-vous vécu ces premiers buts en Ligue 1 ?
C’était incroyable, bien sûr. L’émotion après mon triplé était incroyable. Ce stade, avec nos supporters, est incroyable. Et quand on marque, notamment un triplé, ce stade est… plus qu’un rêve ! En Géorgie, les gens regardent mes matchs et même ils disent que le public stéphanois est incroyable. Ce n’est pas un stade normal, nos supporters sont fous (rires). Ils aiment tellement le football. Ce triplé est le premier de ma carrière et peut-être que sans eux je ne l’aurais pas fait.
Vos performances vous ont valu le titre de Joueur du mois d’octobre en Ligue 1, que représente pour vous cette récompense ?
Je suis évidemment très heureux de cette récompense. Mais pour moi, c’est l’équipe qui compte en premier, puis les récompenses individuelles. Sans mes coéquipiers, je n’aurais pas gagné celui-ci.
Vous avez vécu la Ligue 2, avec Bordeaux, comment vous adaptez-vous à la Ligue 1 ?
La Ligue 2, c’était aussi du bon football. Mais en Ligue 1, il y a bien sûr plus de joueurs de qualité, plus costauds. Je pense que je m’adapte facilement. Quand j’étais à Bordeaux, on jouait contre Rennes et Nice en Coupe. Personnellement, j’apprécie davantage quand on joue contre de bons joueurs et de bonnes équipes.
Vous êtes en France depuis deux ans, vous sentez-vous désormais pleinement adapté au football français ?
Tout le monde connaît la qualité du football français. Les débuts ont été un peu difficiles : le football géorgien n’est pas aussi rapide, la qualité était également meilleure, mais je me suis adapté. Je comprends maintenant le football français, comment ça se joue, combien de kilomètres il faut courir, tout ça (rires).
Comment en êtes-vous arrivé à jouer en France, à Bordeaux, en 2022 ?
Admar Lopes (le directeur sportif des Girondins) et Diego Lopez (ancien responsable du recrutement, aujourd’hui à Lens) ont contacté mon agent. J’ai immédiatement accepté. Admar Lopes m’a appelé, m’a parlé du club, de la vie là-bas… Il m’a aidé pour tout, même à mon arrivée à Bordeaux. Cela m’a aidé à performer. Et quand on a reçu l’offre de Saint-Étienne cet été, je connaissais déjà cette équipe car on l’avait joué avec Bordeaux. Je savais que c’était une très bonne ambiance, tout va bien ici, le stade, la vie… Vous avez tout ce qu’il faut pour jouer au plus haut niveau.
Vous avez quitté Bordeaux, un club qui se reconstruit depuis la 5ème division… Que pensez-vous de la situation du club aujourd’hui ?
Ce qui s’est passé à Bordeaux m’a brisé le cœur, c’était un crève-cœur pour moi et pour tout le monde. Ce n’était pas une surprise, mais c’était évidemment difficile. Je suis sûr qu’ils reviendront bientôt au football professionnel. Je tiens à remercier les supporters pour tout ce qu’ils ont fait pendant ces deux années incroyables, car Bordeaux, c’est aussi des supporters et un stade incroyable, avec plus de 30 000 personnes chaque semaine en Ligue 2. (ndlr : 24 235 supporters en moyenne par match lors de la saison 2023-1924). J’espère qu’ils reviendront vite car ils ne méritent pas cette situation. Ils ne méritent pas d’être au bas de l’échelle.
Cet été, une très bonne amie à vous, Khvicha Kvarastkhelia, a été cité pour un transfert au PSG. En avez-vous discuté avec lui ? Pensez-vous qu’il aurait pu aimer jouer en Ligue 1 ?
C’est mon ami proche, c’est mon frère (ndlr : ils se sont rencontrés en équipe de jeunes au Dinamo Tbilissi et Kvaratskhelia est le parrain du premier fils de Davitashvili, né en mars 2024). Mais nous n’en avons pas parlé. Il ne m’a rien demandé à ce sujet. C’est un grand joueur de football, je pense qu’il mérite de jouer dans les meilleurs clubs : le Real Madrid, Barcelone, Manchester United, Liverpool, le PSG… de très, grosses équipes (rires). On verra l’été prochain. Mais je pense que la Ligue 1 pourrait être très bien pour lui : un football ouvert, un football offensif, beaucoup de duels, des espaces… En face-à-face contre lui, les défenseurs n’ont aucune chance (rires).