News Day FR

le jeu de chaises musicales dans les portées tourne en rond

Karim Ghezal s’apprête à entrer dans une catégorie rare : celle des techniciens qui ont débuté un match aller de Top 14 sur le banc d’une équipe et qui l’ont terminé sur celui d’une autre. Entraîneur principal du Stade Français en début de saison, débarqué par le club parisien le 30 septembre, nommé aux mêmes fonctions à Lyon le 6 décembre, il dirigera son premier match sous ses nouvelles couleurs dimanche soir à la réception du Stade toulousain.

Il est d’usage de dire que ça va vite pour les entraîneurs évoluant dans l’élite. Mais cela vaut aussi dans leur capacité à rebondir après un échec. Bien avant Karim Ghezal, d’autres techniciens ont connu des rebonds aussi rapides. Évincé en novembre 2022 de son poste de manager à l’UBB, Christophe Urios a signé avec Clermont début 2023. Plus fulgurant encore, Patrice Collazo a signé avec Montpellier, comme entraîneur-chef en novembre 2023, une semaine après avoir été démis de ses fonctions. comme directeur à Brive. D’autres exemples existent. Mais ces précédents suffisent à poser une question : les présidents de club font-ils preuve de conservatisme, voire de réticence, lorsqu’ils désignent l’homme capable d’assumer le rôle de manager ou d’entraîneur-chef ?

“Oui, ils sont prudents”, convient en préambule Miguel Fernández de l’agence Wasserman, qui compte dans son “catalogue” la grande majorité des managers travaillant actuellement dans le Top 14, avant d’avancer un projet d’explication : “Mais c’est parce que ils ont une identité pour ce type de poste qui ressemble beaucoup à des gars qui ont déjà fait le travail. – 1. Quelqu’un qui a une expérience de terrain. – 2. Quelqu’un qui soit capable de manager les coachs et capable d’être responsable du projet à moyen terme. »

Des noms ronflants

A la tête des clubs du Top 14, on ne trouve quasiment que des « noms » ronflants. Qui pour certains ont enchaîné les postes : Pierre Mignoni (Lyon, Toulon), Franck Azéma (Clermont, Montpellier, Perpignan), Yannick Bru (Bayonne, UBB), Christophe Urios (Castres, UBB, Clermont), Laurent Labit (Racing , Stade Français), Jeremy Davidson (Brive, Castres). Lorsque des postes deviennent « vacants », les mêmes CV, poussés par Wasserman, réapparaissent le plus souvent.

La majorité n’est pas la loi. Les présidents ont « osé » quelque chose de nouveau. Juan Caudullo est à la tête de Montpellier, après s’être occupé du centre de formation et des avants, et Grégory Patat est manager de l’Aviron Bayonnais alors qu’il n’était auparavant “que” responsable des avants de La Rochelle. Mais le diable est dans les détails : au-dessus du premier nommé se trouve Bernard Laporte comme directeur du rugby dans l’organigramme de Montpellier, et, malgré les résultats du second au Pays Basque, Philippe Tayeb est en train d’ajouter Laurent Travers à créer une figure de proue plus médiatique.

Finalement, en attendant la promotion de Xavier Sadourny à la tête du CO la saison prochaine, seul Sébastien Piqueronies, à la Section Paloise depuis 2021, apparaît comme une authentique nouveauté. « Et encore, Seb occupait les mêmes fonctions à la FFR où il était en charge des moins de 20 ans », nuance Miguel Fernandez, qui insiste sur la distinction entre directeurs sportifs (managers) et entraîneurs principaux. « Le premier est responsable du projet du club sur trois ou cinq ans. L’entraîneur-chef est responsable des résultats semaine après semaine. Le directeur sportif doit déléguer et connaître son produit : le rugby. Si vous n’avez aucune expérience dans ce domaine, c’est compliqué. »

Le même depuis quatre ou cinq ans

Cet argument trace une frontière difficile à franchir. Mais c’est audible, estime Didier Nourault, président de TechXV, le syndicat des coachs professionnels : « Heureusement, il y a une légère prime à l’expérience. […] Nous demandons beaucoup aux managers. Ils affectent à la fois la gestion financière et les ressources humaines. »

Des responsabilités qui ont un prix. Selon une étude réalisée pour le compte de la Ligue la saison dernière, la rémunération moyenne d’un manager était de 300 498 euros par an. «On est dans des métiers à pression qui demandent de l’expérience», argumente Didier Nourault. « Un Stuart Lancaster (Racing) est arrivé de l’étranger avec un gros CV. Mais Ronan O’Gara n’avait jamais été manager avant de prendre ses fonctions à La Rochelle. S’il y en a un nouveau tous les quatre ans, cela me semble normal. »

Miguel Fernandez est d’accord avec ce délai : « Pendant quatre ou cinq ans, nous reverrons les mêmes personnes. Et après, nous aurons la génération des « quadragénaires » qui auront accédé à des postes de head coach qui auront suffisamment de profondeur côté managérial pour qu’il y ait de nouvelles têtes. » En attendant, le même jeu de chaises musicales pourrait continuer.

 
For Latest Updates Follow us on Google News
 

Related News :