Au-delà du prestige d’un troisième succès consécutif contre la Nouvelle-Zélande, cette victoire confirme les choix du sélectionneur Fabien Galthié, parfois malmené durant cette année 2024.
Le XV de France a écrit samedi soir une nouvelle page glorieuse de son histoire. Un de plus sous l’ère Galthié, n’en déplaise à tous ses détracteurs. Car cette victoire, aussi minime soit-elle, entachée d’un scénario flirtant avec le miracle puisque les Bleus affichaient deux visages diamétralement opposés, est aussi celle de son sélectionneur. D’abord parce que l’histoire retiendra que l’ancien demi de mêlée est devenu le premier entraîneur français à vaincre les All Blacks trois fois de suite. Un exploit majeur. “C’est écrit, c’est fait”» commenta-t-il, pas peu fier de son geste. Ensuite, parce que cette réussite valide tous ses choix, aussi périlleux soient-ils.
Lors de cette tournée automnale, Galthié a procédé à un changement dans sa direction. Exit le côté paternaliste basé sur une confiance quasi aveugle envers ses dirigeants. Allez donc demander à Jonathan Danty, Charles Ollivon, Gaël Fickou ce qu’ils en pensent. Le premier, confortablement installé sur son canapé, a regardé les deux premiers matchs devant sa télévision. Les deux autres ont été relégués sur le banc ou sur le banc arrière pour le match contre le Japon. Sans renifler. Et ils sont revenus, les batteries bien chargées et la rage au ventre, pour délivrer chacun la prestation espérée, donnant raison au patron des Bleus.
Jalibert, symbole malgré lui !
Dans ce registre, le cas de Matthieu Jalibert est encore plus parlant. Avant même le début de la tournée, Galthié a pris ses responsabilités, en prenant soin de notifier à l’ouvreur bordelais qu’il avait été rétrogradé au classement du staff français. Remplaçant contre le Japon malgré l’absence de Romain Ntamack, celui qui a réalisé un début de saison remarquable avec son club UBB n’a pas supporté d’être encore déclassé au point de se retrouver sur la liste des joueurs supplémentaires, Eden suit Park sur les épaules. plutôt que des shorts et des crampons. Galthié avait alors répondu positivement à la demande du joueur, souhaitant être libéré mercredi soir pour rejoindre Bordeaux. “C’est son choix” » a-t-il commenté, laissant entendre qu’il n’avait pas forcément envoyé un bon signal. Et d’insister : «Le projet est collectif»comme pour mieux souligner que le XV de France ne s’embarrasse pas des humeurs d’un élément souvent décrit comme soliste. Tout en prenant la précaution médiatique de ne pas lui fermer la porte au nez : « Matthieu continuera en équipe de France… S’il le souhaite bien sûr.
Paris audacieux
Evidemment, la prestation précise de Thomas Ramos, puis d’Antoine Dupont transféré à l’ouverture en fin de match, est venue réconforter encore davantage le patron des Bleus. Un autre exemple ? Galthié a également réussi cet exploit de battre les Noirs en jouant avec Gabin Villière, l’un des ovnis de son premier mandat, devenu remplaçant après remplaçant (packages successifs de Damian Penaud et Théo Attisogbe). Tout comme, dans une moindre mesure, il n’a pas hésité à faire ressortir Léo Barré pour offrir à Romain Buros sa première sélection face aux Blacks. Un pari audacieux mais gagnant. Comme celui orchestré encore avec Peato Mauvaka, terminant les deux premiers matches en troisième ligne quand, samedi, Galthié aurait pu rappeler le soldat Alldritt.
Pour Galthié, ce succès arrive à point nommé. Certains ont commencé à lui reprocher de chercher sans cesse à s’exonérer, de ne pas prendre sa part de responsabilités, de jouer régulièrement avec les échecs ou autres polémiques. Parfois, à juste titre. L’année 2024 n’a donc pas été de tout repos. Au contraire. Giflé par l’Irlande en ouverture du Tournoi des 6 Nations, en souffrance contre l’Italie pour un nul miraculeux, humilié par les affaires extra-sportives argentines, le XV de France, comme il l’a fait après le premier succès de la génération Dupont face à la Nouvelle-Zélande en novembre 2021 , tient avec la prestation de samedi son acte fondateur dans ce deuxième mandat de Fabien Galthié, même si ce dernier s’en défend. « Je te trouve dur par rapport à notre saison. Si l’on compare avec l’Angleterre ou l’Irlande, nous sommes la meilleure nation européenne en 2024 […] C’est une année solide avec des matches parfois ratés. Mais l’équipe a tenu bon malgré des problèmes de personnel dus à des blessures, des rotations et des absences. C’est une année de transition très riche et difficile à traverser.
Dans ce contexte, le succès de samedi soir est si précieux qu’il est difficile de le mesurer tant il paraît immense. Avec lui, les Bleus ont sans doute définitivement résolu le traumatisme de la Coupe du monde terminée en quarts de finale, redoré leur image fortement écornée depuis un été devenu tragique malgré l’or des septistes, et posé les bases d’un avenir meilleur. une ambition légitime à l’horizon 2027. Et même si Galthié a répété à plusieurs reprises ces dernières semaines que “L’équipe de France, ce n’est pas Koh Lanta”tient son totem d’immunité.
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