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« C’est un peu comme le miel et les abeilles, tout le monde se précipite »

M.mieux qu’une longue démonstration, un test. Celui inscrit par les Bordelais, dimanche soir à Toulouse, à l’occasion de leur victoire surprise contre leurs bourreaux lors de la dernière finale de Top 14. Bien avant que Maxime Lucu n’aplatisse le ballon dans l’en-but, suite au dépassement de Louis Bielle-Biarrey après 20 minutes de jeu, il y a eu un ruck. Ou plutôt un contre-ruck. Une phase de jeu permettant de chiper le ballon à Paul Graou et d’initier un turnover gagnant. Un modèle du genre apprécie Christophe Laussucq.

« Nous sommes quatre dans ce ruck : c’est un peu comme le miel et les abeilles », décrit le technicien en charge des rucks défensifs à l’UBB. « Tout le monde se précipite, car nous voyons qu’il y a une opportunité. Ce ruck est parfait ! » Thomas Ramos avait peut-être cette action en tête lorsqu’il pointait, sans détour, les insuffisances de son équipe : « Ils y ont mis beaucoup d’intensité (dans les rucks). Cela nous rappelle que nous ne pouvons pas nous permettre de ne pas avoir une intensité maximale dans ces phases. »

Pourquoi exhumer cette action particulière ? Car cela illustre parfaitement l’importance désormais prise par cette phase de jeu. Une dimension qui trouve son explication d’abord dans des considérations comptables observe Christophe Laussucq, prenant l’exemple du dernier match de son équipe : « Il y a peut-être -avoir eu 200 rucks alors qu’il n’y avait que cinq ou six mêlées et dix touches. » En charge de cette phase de jeu à Pau, Thomas Domingo insiste : « C’est celle qu’on vit le plus dans un match. »

“C’est un peu comme le miel et les abeilles […]. Tout le monde se précipite, car on voit qu’il y a une opportunité »

Cette phase de conquête est cruciale. Parce qu’il permet de mettre en musique le jeu d’une équipe lorsqu’il est « digéré » en moins de trois secondes. Et parce qu’à l’inverse, il permet de ralentir l’animation adverse dans sa version défensive. La victoire des All Blacks contre l’Irlande en quarts de finale de la Coupe du monde 2023, ou celle de Toulouse face au Leinster lors de la dernière finale de Coupe des Champions, en témoignent : le sort d’un match peut très bien se lier au plus fort de la compétition. pelouse.

Cette fois, l’action a souri aux Bordelais. Mais ayant perdu à Lyon, lors de la 2ème journée, suite à un contre-ruck, ils sont bien placés pour mesurer la cohérence de l’affirmation. « Un ruck, c’est autant d’occasions d’arrêter l’attaque, de la ralentir, ou de changer de « statut » (NDLR, de défenseur à attaquant). Les meilleurs ballons sont les ballons turnover », explique Christophe Laussucq. « C’est la zone la plus difficile à arbitrer, à jouer. Mais c’est le point le plus essentiel du rugby. »

La question de l’interprétation

Encore faut-il savoir le comprendre. D’abord en prenant la ligne d’avantage, pour être le plus rapide à intervenir : « Quand on est plaqué, on ne peut pas contester : c’est donc la priorité », insiste Christophe Laussucq. Ensuite, en gardant les idées claires. « L’analyse de la situation est essentielle. Il s’agit de scruter la zone de combat », insiste Thomas Domingo : « Le plaqueur est-il sorti, le ballon est-il attaquable ? Cela demande beaucoup de précision dans l’action. Il faut être très propre. »

En charge du volet défensif, Christophe Laussucq fixe une règle de base : « Attaquez tous les rucks. » Une phrase qui s’apparente à un slogan qui impose l’idée de ne laisser aucune balle facile à l’adversaire. Mais il reste encore à traiter d’un point central : l’interprétation arbitrale.

Bien que la règle et les lignes directrices soient communes, leur application peut différer légèrement selon la personne qui siffle. Désormais, les équipes cherchent plus souvent à gagner la ligne centrale au-dessus du ballon plutôt que de tenter systématiquement de la gratter. « Certains arbitres sont peut-être un peu plus indulgents sur les appuis offensifs », constate Christophe Laussucq. « Dans la façon dont nous préparons les matches, nous prenons soin. Pendant le match, nous pouvons aussi être amenés à transmettre des instructions aux joueurs. »

L’exercice est délicat. Mais un contre-ruck apporte toujours un gain. Même quand ce n’est pas une question de points insiste Thomas Domingo : « L’aspect psychologique est fondamental. »

 
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