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En Gironde, une équipe de rugby inclusive s’entraîne sur les terrains de l’UBB

« Le plaquage, c’est comme un gros câlin, tu ne le refuses pas et tu viens le chercher. » Jérémy Clamy-Edroux, l’un des entraîneurs des Cannelions, donne le ton. Ce lundi 23 septembre au soir, c’est le troisième entraînement de cette équipe de rugby « pas comme les autres ». Premier joueur professionnel à révéler son homosexualité dans les médias, Jérémy Clamy-Edroux lutte désormais contre les discriminations sur le terrain en offrant à chacun la possibilité de s’entraîner au rugby. « Dans notre société, les mecs issus du milieu gay qui veulent faire du sport ne sont pas toujours bien accueillis. Cette équipe permet à tout le monde, quelle que soit sa sexualité, son orientation ou autre, de pouvoir s’entraîner au rugby en toute sécurité et, surtout, avec plaisir », partage le joueur qui évolue en Fédérale 1 à Floirac.

L’équipe des Cannelions se veut inclusive et s’adresse à la communauté LGBTQIA+ (lesbienne, gay, bisexuel, transgenre, queer, intersexué, asexuel, etc.). Mais pas seulement. « Tout le monde est le bienvenu, à condition de respecter nos valeurs. L’idée est que chacun puisse jouer dans une ambiance bienveillante, sans préjugés », explique le fondateur de l’association sportive, Alexandre Joliveau. Depuis des années, je parlais de l’idée de créer une équipe à Bordeaux, terre de rugby, qui compte une importante population LGBT. On se demandait : « Mais pourquoi ça n’existe pas ? »

Signal fort

Créée en janvier dernier, l’équipe des Cannelions est la sixième équipe de rugby inclusive de France. « C’est un sport qui s’ouvre petit à petit. On a une chance incroyable qu’Antoine Dupont soit en couverture de Têtu. La visibilité a été énorme », partage le Bordelais de 38 ans, qui ne s’attendait pas à un tel engouement au lancement du projet. « Au bout de deux ou trois mois, on était déjà une vingtaine. Il y avait une vraie demande. »


Jérémy Clamy-Edroux, premier joueur professionnel à révéler son homosexualité dans les médias, est désormais entraîneur bénévole pour l’équipe inclusive des Cannelions.

Claude Petit / SO

Chaque lundi soir, une trentaine de personnes, âgées de 25 à 51 ans et de niveaux divers, s’entraînent au Campus Ceva de l’Union Bordeaux Bègles (UBB). Un lieu loin d’être anodin, selon Florian Darcos, élu en charge des sports à la mairie de Bègles, présent lors de l’entraînement : « C’est un signal fort et une fierté de permettre à une équipe de sportifs amateurs de s’entraîner ici. Ce n’est pas n’importe quel terrain, ceux-ci sont régulièrement utilisés par l’UBB. » Une initiative qu’il voit comme la continuité des engagements de la ville de Bègles dans la lutte contre les discriminations, même si l’élu admet que « l’on est encore loin de l’égalité. »

« C’est rassurant d’être dans une équipe inclusive, je préfère ne pas prendre de risques »

Au bord du terrain, Alexandre Joliveau regarde passer ses coéquipiers. « C’est mon deuxième entraînement et je suis déjà sur le bord de la pelouse ! », plaisante le trentenaire, installé à Bordeaux depuis la fin de l’été. Pour lui, intégrer l’équipe était une façon de se créer un nouveau cercle d’amis et de découvrir un sport qui lui était jusque-là inconnu. « On m’a dit qu’il pouvait y avoir des micro-agressions et d’autres choses désagréables dans l’environnement. C’est rassurant d’être dans une équipe inclusive, je préfère ne pas prendre de risques. »

Au-delà des représentations

Chaussettes roses remontées jusqu’aux mollets et barbe de plusieurs semaines, Baptiste quitte le terrain essoufflé. Il n’aurait jamais pensé pratiquer ce sport quelques années plus tôt, en raison des discriminations liées à son orientation sexuelle. Le Landais n’a pas échappé à ces désagréments, notamment lors de ses années au lycée, dans un établissement à option rugby. « C’était quotidien. J’en suis venu à détester les autres. » Au sein de l’équipe, Baptiste découvre un sport « safe », dans lequel les joueurs sont « prévenants » : « Au début, tout le monde s’excusait quand un ballon tombait », se souvient-il. Drag queen à Bordeaux, Baptiste avoue aujourd’hui qu’il peut être lui-même, c’est-à-dire porter « des crampons et des chaussettes un jour et des talons et une perruque le lendemain. »

Avant de prétendre à des compétitions internationales inclusives par équipes, les Cannelions entendent s’implanter dans le paysage rugbystique local. « Notre objectif est d’apporter de l’inclusivité aux autres clubs et de montrer que ce n’est pas parce que la sexualité est différente qu’on joue différemment. Bien au contraire », conclut Alexandre Joliveau, le président, qui assure avoir déjà reçu plusieurs demandes de matchs d’autres équipes girondines.

 
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