Le 20 décembre 2024, la FFR a réuni les clubs de Nationale et de Nationale 2 dans un séminaire comme à son habitude avec de nombreux sujets au menu dont l’avenir des deux divisions phares du Rugby amateur. Selon nos informations, lors des débats sur le sujet, le vice-président chargé des compétitions et du rugby amateur, Xabi Etcheverry, a rouvert la boîte de Pandore d’une réforme des compétitions voire, pour certains participants, d’une fusion de la Nationale et de la Nationale. 2 de la saison 2026/2027. Nous vous faisons le point sur ce débat qui risque de cristalliser et de rythmer les discussions dans le microcosme fédéral dans les semaines et mois à venir.
1/ Les conclusions des autorités :
Le vice-président en charge du rugby amateur part d’un constat simple : la pyramide des compétitions est actuellement déséquilibrée. Par ailleurs, plusieurs clubs ont été en proie à des difficultés financières dans les 2 divisions (Beaune, Blagnac, RCHCC, Dijon, Cognac, Bassin d’Arcachon, La Seyne, Mâcon etc.), et bien d’autres sont entrés dans la surmultipliée financière, le tout couplé à un contexte économique français très morose. Certaines masses salariales ayant explosé ces dernières saisons, les deux divisions seraient, selon les données fournies par l’A2R à la FFR, frôlant parfois la surchauffe.
D’ailleurs, dans nos colonnes l’été dernier, le président de la FFR, Florian Grill, tenait les propos suivants concernant la Nationale et la Nationale 2 : «Si les clubs sont raisonnables, j’imagine le statu quo et donc qu’on peut continuer les deux compétitions mais ça demande aux clubs d’être extrêmement raisonnables sur la masse salariale et si on voit que ça ne tient pas la route, on sera obligé de réformer il« . On imagine volontiers que les autorités considèrent que ce fil conducteur n’est pas ou peu respecté puisqu’elles ouvrent de facto le débat sur la réforme des divisions.
2/ Le(s) format(s) envisagé(s) :
Selon nos informations, une des hypothèses évoquées par certains des participants à ce séminaire serait la suivante : les formats actuels resteraient en place la saison prochaine (2025/2026) et verraient la Nationale ne connaître aucune relégation. En revanche, selon les projets évoqués par certains lors du séminaire, les 7 premiers des groupes 1 et 2 de Nationale 2 accéderaient à la Nationale lors de la saison 2026/2027, tandis que les 5 derniers de ces mêmes groupes de Nationale 2 rejoindrait la Fédérale 1.
Le but de la manœuvre serait alors d’obtenir deux poules géographiques (Est/Ouest ou Nord/Sud) de 14 clubs pour la reprise en août 2026. Une autre variante pourrait être à l’étude avec deux poules de 12 en National toujours lors de l’année 2026. /Saison 2027 tout comme une poule de 14 en National et une autre de 14 en National 2. Suivi ultime d’une poule de 16 en National avec suppression de l’accès aux matchs (Pro D2/Nationale et Nationale/Nationale 2). Tout cela reste hypothétique à l’heure où j’écris ces lignes, la volonté première de la FFR étant avant tout de revisiter et de regarder la pyramide des compétitions.
3/ Un débat, des questions :
Alors que Xabi Etcheverry a lancé le débat sur les compétitions lors du séminaire du mois dernier, dans le but de croiser les retours et avis des clubs sur le sujet, de nombreuses questions affluent, au cas où une hypothétique fusion des deux divisions verrait le jour. de jour. .
La première qui revient le plus souvent : pourquoi détricoter et modifier un National qui fonctionne à merveille sportivement, même si malheureusement Blagnac et le RCHCC ont explosé financièrement en vol respectivement l’hiver et l’été dernier ?
Cette saison, le niveau sportif n’a jamais été aussi serré avec des promus (Langon et OMR) qui font honneur à leur statut et des récents entrants en Pro D2 (VRDR, Dax et Nice) qui sont loin d’être ridicules. Force est de constater que le format actuel du National est sportivement viable, le spectacle offert par les équipes attractif tout en préparant au mieux les clubs à intégrer l’élite du rugby français. Passer le National à 28 ou 24 clubs va irrémédiablement diluer le niveau et de facto la capacité des clubs à se structurer pour le niveau au-dessus.
La deuxième question qui se pose concerne le gain pour les 14 ou 12 clubs de Nationale 2 qui intégreraient cette Nationale élargie à deux groupes. Quelle différence y aura-t-il avec le format actuel de la Nationale 2 en termes de frais de déplacement, sachant qu’aujourd’hui la N2 est déjà découpée géographiquement sur la moitié de l’hexagone ? A priori aucun.
Autre question qui est sur toutes les lèvres, cette éventuelle refonte ou fusion annihilera-t-elle le vrai problème de ces deux divisions : à savoir l’inflation des masses salariales ? Ne risque-t-on pas d’assister à une course à bout à l’échelle de 24 ou 28 clubs alors qu’actuellement elle se réduit à 14 clubs maximum ?
Car soyons clairs, et le président de la FFR, Florian Grill l’était très explicite dans nos colonnes il y a quelques mois : les frais de déplacement sont un faux problème concernant les problèmes financiers actuels des clubs, la vraie raison réside dans l’explosion de la masse salariale. L’intégration d’un plafond salarial ne serait-elle pas une meilleure façon d’encadrer ces deux divisions ? Le débat est lancé.
Au sein de certains clubs de bas de tableau de Nationale 2 qui pourraient donc à terme être potentiellement transférés en Fédérale 1, une question se pose avec vigueur : pourquoi punir les petits pouces de division par une relégation en Fed 1 alors que la saison passée, la Nationale 2 les clubs identifiés par l’A2R (anciennement DNACG) avaient pour dénominateur commun d’être des clubs très (parfois trop) ambitieux ou des équipes évoluant dans le haut de tableau (Mâcon, Cognac, Bassin d’Arcachon, La Seyne) ? Pour certains présidents, une telle réforme serait vécue comme une double peine, car ils s’efforcent de faire beaucoup avec peu.
Conclusion, Xabi Etcheverry, le vice-président de la FFR connu pour son sens du débat et de l’écoute, ouvre une voie en proposant aux clubs de discuter d’une éventuelle réforme des compétitions. Un parcours dans lequel on reconnaîtra le lobbying actif de clubs comme Auch, Lannemezan et Fleurance qui ont été plongés la saison dernière dans le désarroi face au coût exorbitant, selon eux, du déplacement en Nationale 2.
La solution proposée par le patron du rugby amateur (réforme des compétitions), et les hypothèses envisagées par l’audience (fusion des divisions) ont le mérite de poser d’indéniables problèmes et un contexte de baisse des ressources des clubs en raison d’une économie française fragile, de la masse salariale pas toujours mesuré et problèmes de frais de déplacement selon la composition des poules Nationale 2.
Mais est-ce vraiment la solution que de sacrifier la division phare (le National) sur l’autel des problèmes structurels de certains clubs ? L’avenir nous le dira et les échanges entre présidents de clubs et autorités risquent d’être nourris. Une chose est sûre, étymologiquement, comme son nom l’indique, le National est une division à l’échelle hexagonale. Le régionaliser, en plus des absurdités lexicales, ne le dénaturerait-il pas sportivement ?
La médiatisation et la recherche de visibilité de la Nationale (voire de la Nationale 2) souhaitées par l’ensemble des acteurs ne se retrouveraient-elles pas handicapées par un changement de format ? La question risque de revenir rapidement sur le devant de la scène.
Les mois à venir seront cruciaux, et la balle est avant tout dans le camp des clubs, qui devront s’autoréguler financièrement, s’ils ne veulent pas donner d’arguments aux champions de la réforme et de la fusion. En clair, les délibérations et examens des comptes au 30 juin 2024 de l’A2R au cours du premier trimestre 2025 donneront très certainement le ton pour savoir si le format actuel de ces deux divisions deviendra ou non. À suivre!
Propos recueillis par Loïc Colombié
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