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Quelques minutes avant sa présentation, « Charly », assis sur la table de massage du vestiaire des visiteurs du Parc des Sports, évoque avec CL sa venue à Cognac et évoque l’actualité du rugby français.
« On nous demande de prendre des initiatives, de provoquer et le droit à l’erreur est fondamental. »
« Ce n’est facile pour aucun des adversaires du SA XV cette saison. »
Pourquoi es-tu venu ici, au Parc des Sports de Cognac ?
Olivier Magne. Jean-Charles (Vicard) est très intéressé par la formation. C’est un secteur que je connais assez bien pour avoir formé des équipes de jeunes à la Fédération pendant de nombreuses années. Je fais partie de l’association « Le plaisir de bouger » de Pierre Villepreux, désormais présidée par Sam Lacombe, responsable du centre de formation du Stade Toulousain. Jean-Charles est venu nous rendre visite cet été à Lubersac en Corrèze, où nous organisons des stages, pour découvrir cette méthode d’enseignement du rugby. Il m’a demandé s’il était possible de le présenter en termes généraux. Je viens prêcher la bonne parole sur ce jeu. Si ça éveille, ça interpelle ou ça fait changer certaines personnes dans leur façon de faire, c’est toujours bien de pouvoir échanger et transmettre.
Quels sont les grands principes de cette méthode ?
L’objectif est avant tout d’éduquer les hommes et les femmes, à travers une méthode d’enseignement du rugby qui favorise et développe les compétences techniques, tactiques, athlétiques, mais aussi mentales. Le grand principe est de créer des joueurs qui s’adaptent à toutes les situations. Avec les idées essentielles d’utilité et d’efficacité. C’est une méthode très exigeante sur le plan sportif, il y a beaucoup de mouvements.
On nous demande de prendre des initiatives, de provoquer et le droit à l’erreur est fondamental. L’erreur est le point de départ d’une réponse que le joueur doit fournir. C’est une construction à long terme. Avec du gaspillage, au début. Mais c’est une méthode qui porte ses fruits et qui est valable du plus jeune au plus haut niveau. Le club qui en est le dépositaire principal est le Stade Toulousain. Nous ne pouvons pas dire que cela ne gagne pas.
Allez-vous souvent dans des clubs comme ici à Cognac ?
J’aimerais le faire plus souvent. Après, parfois, les clubs s’intéressent à cette méthode mais manquent d’un peu de moyens humains et financiers pour vraiment l’ancrer dans un projet qui va du plus petit au plus grand. Mais l’association propose des formations aux joueurs mais aussi aux éducateurs. Nous avons des Italiens et des Néerlandais qui viennent nous rendre visite pendant les cours et qui déménagent également en Angleterre.
Comment jugez-vous le nouveau projet américain de Cognac, particulièrement axé sur la relance de la formation ?
La formation est l’un des piliers d’un ancrage fort sur le territoire. Souvent, on voit le club sportif uniquement comme un projet de rugby, mais c’est un projet global, qui touche tout le Monde, la ville entière voire un département. Cela a du sens. Le projet de Jean-Charles est intéressant. Cognac est une ville avec une grande histoire liée au rugby. Il y a un passé important sur lequel il peut s’appuyer. Evidemment, comme dans beaucoup de clubs, il y a un problème de structures et de moyens. Cela nous permet au moins de rassembler les bonnes volontés et de maintenir la communauté en vie.
Pour parler de l’actualité rugby, avez-vous aimé la tournée automnale du XV de France, vainqueur notamment des All Blacks ?
-Oui, l’équipe de France est une fantastique vitrine du rugby français. Il y a eu évidemment les petits soucis de l’été qui ont terni l’image du rugby. Mais l’équipe de France et ses têtes d’affiche extraordinaires. Dupont, Alldritt, Ramos sont une belle publicité pour notre sport. Quand il gagne, c’est encore mieux. Nous avons une équipe de France dominante. Désormais, on souhaite la voir vraiment affirmer son potentiel en visant un Grand Chelem puis la Coupe du Monde dans trois ans.
Pensez-vous que les Bleus sont favoris pour le prochain Tournoi ?
Oui, clairement. Les autres nations ne sont pas dans la même dynamique. L’Irlande a un peu de mal à se renouveler. Les Anglais ont du mal à trouver leur modèle de jeu, à savoir exactement ce qu’ils veulent faire sur le terrain. L’Écosse joue toujours bien mais fait preuve d’incohérence dans la compétition. En clair, l’équipe de France s’avance comme grand favori.
L’engouement semble-t-il plus fort derrière le XV de France qu’à votre époque ?
Il y a eu une période très difficile, pendant dix ans, où l’image de l’équipe de France était un peu floue car elle ne gagnait pas. L’attitude de certains joueurs n’était pas positive. La morosité s’était installée. Je crois qu’on a mangé notre pain noir et aujourd’hui c’est beaucoup mieux. Il y a toujours eu un public fervent derrière le rugby et l’équipe de France. Le voir revenir en masse, c’est bien.
Concernant le Top 14, ça ne change pas trop d’avance avec Toulouse toujours dominant, mais la vraie nouveauté, c’est l’arrivée de Vannes.
Au Stade Toulousain, les joueurs ont toujours le même appétit. Il y a des fondations et une identité plus solides que tous les autres clubs. Ils ont peut-être dix ans d’avance sur les autres. Et pour Vannes, c’est génial ! Après tant d’années à persévérer en Pro D2 pour montrer sa valeur, c’est formidable pour ce club qui a pris soin de son public et de ses partenaires. La bataille pour se maintenir sera rude, mais c’est une très bonne chose pour le rugby de voir arriver le Top 14 en Bretagne.
Vous suivez la Pro D2 depuis longtemps en tant que consultant. Gardez-vous un œil particulier sur les performances du SA XV ?
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Oui, je regarde de - en -. Je garde de bons souvenirs du stade, d’une belle ambiance, de son président atypique. On parle souvent de l’importance de l’identité, d’être associé et actif dans un projet. Cette année, on voit que les joueurs font des efforts et ça paye. Ce n’est pas facile pour aucun des adversaires du SA XV cette saison.
« Un projet de jeu façon cognac »
En préambule de la présentation de son ancien coéquipier du CA Brive Olivier Magne, le président de l’US Cognac Jean-Charles Vicard a fait part de son ambitieux projet aux éducateurs de l’école de rugby. « Je me rends compte depuis un an et demi que l’USC n’a pas de projet très précis. Nous ne sommes qu’une porte d’entrée pour les joueurs qui vont à La Rochelle ou à Angoulême et qui reviendront peut-être, mais en fin de carrière. Il faut se structurer autour d’une méthode tout en se différenciant. C’est le meilleur moyen d’éveiller la curiosité, d’attirer de nouveaux jeunes, de nouveaux partenaires. »
Jean-Charles Vicard souhaite s’inspirer du « plaisir de bouger » transmis de génération en génération au Stade Toulousain, pour en faire « un projet de jeu à la Cognac ». Toujours présent à Cognac vendredi, Olivier Magne a mis en pratique les principaux axes développés la veille lors d’une mise en situation avec les équipes de jeunes du club.