Soulagé d’avoir remporté une courte victoire face aux accrocheurs Montpelliérains, l’ouvreur international Matthieu Jalibert est également revenu sur l’annonce de sa prolongation avec l’UBB jusqu’en 2028 ainsi que sur l’épisode douloureux de la tournée d’automne.
Ce match ne laissera pas un grand souvenir, mais il est important aussi de savoir gagner moche ?
Il est certain que le match ne restera pas dans l’histoire. C’était un match compliqué. On connaissait le style de jeu de Montpellier, et à cela s’ajoutait cette fine pellicule humide sur le ballon qui nous faisait commettre beaucoup de petites erreurs. Nous n’avons jamais réussi à réaliser nos moments forts. Ils sont restés dans le match et bravo à eux. Mais ces quatre points sont importants.
Gagner un match sans mêlée et sans touche, est-ce presque un miracle en Top 14 ?
Nous savons que le haut niveau repose sur des détails qui font la différence. Notre conquête était meilleure depuis quelques matches, mais ce soir elle vacillait. Il y a eu aussi des erreurs individuelles qui nous ont mis en difficulté. La conquête n’est pas une excuse.
Peut-être qu’une des satisfactions de la journée vient de la défense ?
Oui, nous avons été très forts en défense. Nous nous sommes concentrés sur ce secteur après le match à Vannes où nous avons encaissé beaucoup de points dans les trente premières minutes. On savait ce que Montpellier allait nous proposer, et on a répondu présent. C’est une bonne base sur laquelle travailler pour préparer la Coupe d’Europe car Leicester a un match relativement serré.
Pourquoi avez-vous choisi de rester quatre ans de plus ?
Je veux m’inscrire dans la continuité avec ce projet, le staff en place, Yannick (Bru), ainsi qu’avec Laurent (Marti) qui a donné à ce club des bases très solides qui nous permettent de jouer les premiers rôles chaque année. J’avais l’impression que mon histoire avec le club n’était pas terminée, j’avais encore beaucoup à donner. Je me sens redevable de toute la confiance qui m’a été accordée depuis mes débuts, notamment à Laurent (Marti), ainsi qu’à tous les supporters qui nous soutiennent chaque week-end avec beaucoup d’amour. C’était assez logique de continuer et j’avais envie de le faire sur la durée.
Pourquoi vouliez-vous leur dire vous-même à la fin de la réunion ?
Comme je l’ai dit, cela fait plusieurs semaines que cela a été enregistré, je suis surpris qu’il n’y ait pas de fuite. J’étais donc très heureux de pouvoir leur garder cette exclusivité pour les remercier du soutien qu’ils m’apportent dans les bons comme dans les mauvais moments. J’ai traversé des moments difficiles ces dernières semaines et j’ai reçu de nombreux messages de soutien. J’ai également apprécié leurs applaudissements dès la dixième minute du match.
Comment avez-vous vécu cette tournée d’automne ?
C’est une période qui a été compliquée, pas facile à gérer mais ça fait partie du sport de haut niveau. C’est comme ça, tout ne peut pas toujours aller dans le bon sens. J’ai fait part à Fabien (Galthié) d’un certain mal-être que je ressentais et ils m’ont proposé de faire une pause et de revenir à Bordeaux, ce que j’ai accepté. Pour autant, je ne m’éloigne pas de l’équipe de France et si je suis sollicité, j’y rejoindrai avec le plus grand plaisir. Je pense qu’on parle beaucoup de bien-être et de santé mentale, il faut savoir dire stop quand c’est trop. C’était la meilleure option pour moi et pour tout le Monde.
A quoi est lié ce mécontentement chez les Bleus ?
Beaucoup de choses, après tout, il n’y a pas forcément que les Bleus. Il y avait des choses qui me faisaient du mal. Je ne veux pas en rajouter et entrer dans des polémiques. Ce qui est important, c’est que Fabien (Galthié) connaisse mon point de vue. Nous avons parlé pendant de nombreuses minutes. Je lui ai dit ce que je ressentais, j’avais des choses en tête depuis la Coupe du Monde. Il a entendu et m’a proposé cette option que j’ai acceptée. Il n’y a donc aucun problème avec Fabien et dans mon esprit, je reste un joueur de l’équipe de France et j’espère être présent lors des prochains rassemblements.
Comment gérez-vous le fait que tout peut prendre des proportions énormes chez vous ?
Parfois c’est lourd. J’ai toujours l’impression que les gens essaient de me faire mal paraître. Je sais que je n’ai pas toujours bien réussi, mais j’ai toujours été honnête et droit. Je peux me regarder dans le miroir et c’est la chose la plus importante pour moi. Parfois, c’est difficile pour ma famille d’entendre tous ces gens donner leur avis sans me connaître personnellement. Après, je sais que cela fait partie du jeu de l’exposition médiatique. J’ai appris à y faire face.
Est-ce que cela vous endurcit ou vous affaiblit ?
(Il respire) Je ne sais pas, on verra dans le futur mais j’ai plutôt le sentiment que ça m’endurcit et me rend un peu meilleur comme personne et comme homme.
