Baptiste Fariscot s’en souvient parfaitement. A 19 ans, parmi les espoirs, l’ailier du Biarritz Olympique évoluait au poste de latéral. Et puis, en 2020, il voit arriver Joe Jonas, un an de plus que lui sur la carte d’identité. “Lors d’un des premiers matches, il en jouait à 15 et moi sur l’aile”, raconte Fariscot. Sur sa première action, il traverse le terrain. Je me suis dit « merde ». »Ravi de vous rencontrer, Joe.
Un an plus tard, c’est le public biarrot qui découvre le danger permanent que représente le « petit bonhomme d’Afrique du Sud » comme il se décrit. De sa première en Top 14 avec le BO, en novembre 2021 (défaite 33-21 à Pau), à son retour en Élite avec le Stade Français contre Bordeaux, début septembre 2024 (défaite 46-26) en passant par la Pro D2 (50 matches, 11 essais), Joe Jonas est monté en puissance et continue de donner des frissons à chaque réception de ballon. Il ne devrait pas priver le public de Jean-Dauger pour son retour au Pays basque, ce dimanche, lors de la venue des Parisiens (21h05).
Pour son retour dans le club de la capitale, le Sud-Africain s’est présenté avec trois saisons, 64 matches, 13 essais et 119 points inscrits dans les jambes. Mais aussi deux blessures identiques à la cheville gauche, à un an d’intervalle. Mais il en faut plus pour ébranler la bonne étoile qui le suit. “Je suis née le dernier jour de l’an 2000 et ma mère me dit toujours que j’ai de la chance de mon côté”, confie la principale concernée. « Si vous voulez une place en centre-ville en août à Biarritz, il faut être avec Joe », confirme Amandine, sa compagne.
12 000 km
Jonas a débuté à Glenwood High School, l’une des institutions du rugby sud-africain dans la banlieue de Durban. Puis il s’est tourné vers l’Europe. Clin d’œil à son futur destin, c’est le père de l’ancien demi de mêlée sud-africain du Stade Français, James Hall, qui l’a mis en contact avec l’agent de son fils. Le jeune trois-quart polyvalent lui a alors envoyé des vidéos de ses performances.
« Dans nos pensées avec mes parents, arriver tout de suite à Paris, c’était trop grand », se souvient Jonas, qui s’apprête à parcourir les 12 000 kilomètres qui séparent Durban de la Côte Basque. On a regardé les autres centres de formation renommés et il y avait Bayonne et Biarritz. On l’a vu avec Matthew Clarkin pour la bande originale. Mais avec le Covid, venir juste pour un test était compliqué. On m’a donné un contrat d’un an pour voir. » Tout le monde a vu.
« Nous sommes devenus proches sans vraiment interagir : il ne parlait pas français et mon anglais n’était pas américain ! »
Les petits amis
Dès son arrivée à Biarritz et malgré les premières impressions de danger compétitif, Baptiste Fariscot et Joe Jonas se lient rapidement d’amitié. « Nous sommes devenus proches sans vraiment échanger », avoue Fariscot en souriant. Il ne parlait pas français et mon anglais n’était pas américain ! Mais nous nous comprenions toujours. » Ils formaient, avec Temo Matiu, un trio indissociable. « Nous aimions ne rien faire et nous ennuyer ensemble ! », confirme l’ailier de poche.
A l’extérieur du stade, Joe Jonas a séjourné chez l’une des bénévoles historiques du BO, Nelly Dellamaria. «Nous sommes très reconnaissants envers Nelly d’être sa deuxième famille», déclarent les parents Jonas, Johnny et Dottie. C’était déjà une chance inouïe que notre fils, qui joue 15 ans, joue dans le club de Serge Blanco. A notre époque, dans notre pays, voir ce joueur à la télé était important. »
En matière d’intégration, le terrain a également joué son rôle. Entre les copains du centre de formation (Fariscot, Erdocio, Cadot, Matiu) et les jeunes nouveaux venus (Renaud, Hébert), le petit groupe s’est retrouvé à rejoindre le groupe pro alors en Top 14. Ce seront aussi à nouveau eux – Fariscot, Cadot, Erdocio, Matiu – qui seront photographiés dans son message d’adieu aux supporters du BO, publié le 24 juin sur Instagram.
Son père et Thomas Ramos
Pour son premier saut en Top 14 avec le BO, l’arrière tressé avait disputé 13 journées de championnat et un match de Challenge. Pour son deuxième avec le Stade Français, il en est déjà à 8 feuilles sur les 10 journées disputées jusqu’à présent, et deux essais. « Chacun a très vite réalisé son potentiel », rembobine Fariscot. Il lui dit souvent que c’est avant tout un jeu. »
Un jeu et une sorte de cadeau qui demande à être pratiqué encore et encore. Le staff du Stade Français le sait et son père le lui répète depuis l’enfance : « Il me dit : « plus tu t’entraînes, plus tu as de chance » (plus tu t’entraînes, plus tu as de chances de réussir). Parce que j’ai toujours le sentiment que ça tombe entre mes mains, j’ai besoin d’être challengé. Moins maintenant, mais quand même ! « Continuez ainsi », l’encourageait Thomas Ramos lors du match face au Stade Toulousain, en juin 2022. Il a écouté avec attention.