Depuis le début de la saison, l’USAP peine à retrouver la dynamique offensive qui a fait sa force l’an dernier. Mais pourquoi ?
Depuis le début de la saison, l’USAP ne se montre pas aussi flamboyante offensivement. Avec seulement 17 essais marqués et 187 points marqués en 10 matches, c’est la pire attaque du Top 14. Elle est aussi pire qu’à la même époque la saison dernière (26 essais et 202 points). Il y avait eu un début « timide » avant de lâcher prise et de terminer l’année troisième meilleure attaque en nombre d’essais (80), derrière Toulouse et Bordeaux-Bègles. Une moyenne de 3,1 essais et 24,4 points marqués par match, mais surtout un jeu flamboyant. Alors, comment expliquer ces difficultés dans le secteur offensif depuis le début de la saison ?
Manque de stabilité dû à des blessures
Malheureusement, depuis septembre, l’USAP se retrouve face à une infirmerie très (trop) pleine. S’il avait démarré la saison avec très peu d’éléments indisponibles, il est depuis deux mois une quinzaine d’absents. Et pas des moindres. Pour la plupart, ils sont soit des meneurs de jeu, des leaders tactiques ou des capitaines de ligne. Mais surtout, des acteurs importants du système de jeu catalan. Ce qui fait inévitablement perdre à cette équipe la cohésion et les automatismes. «Ils (les coachs, NDLR) restructurent constamment une équipe de week-end en week-end. Et pour être bon offensivement, encore faut-il avoir un cadre de référence commun bien établi.décrypte Jean-Philippe Grandclaude, centre USAP entre 2004 et 2012. Et c’est une constante compliquée depuis le début de saison car, pour avoir une référence commune ancrée, il faut pouvoir avoir une base de joueurs qui jouent régulièrement ensemble et qui réussissent ensemble. Et là, malgré quelques succès à domicile et de bons matchs à l’extérieur, d’un week-end à l’autre, on se gratte encore la tête.»
Car en effet, dans plus de la moitié des matches, le staff s’est retrouvé privé du talonneur Ignacio Ruiz, du pilier droit Nemo Roelofse, des deuxièmes lignes Mathieu Tanguy et Posolo Tuilagi, des troisièmes lignes Patrick Sobela et Jacobus van Tonder, du numéro 8 Joaquín Oviedo, et des centres. Alivereti Duguivalu et Apisai Naqalevu. Seuls de gros porteurs de ballon capables de faire des différences, de « casser » les défenses et d’épuiser les adversaires. Cela se traduit aussi par un manque de densité sur le banc, et cette incapacité à être régulier pendant 80 minutes dans un match. Ce qui a notamment coûté des points à Bayonne, Castres et Racing 92. « Lorsque l’USAP a bien terminé ces deux dernières saisons, c’est parce qu’elle disposait d’une base de joueurs qui formaient encore une grosse base de cette équipe. Cette année, force est de constater qu’il y a des absents aux postes clés. Je pense à l’axe de la deuxième ligne autour duquel tournait. (Mathieu) Tanguy et Posolo (Site web). Aujourd’hui, nous ne les avons pas. Je pense à l’absence des deux Argentins (Ruiz et Oviedo) qui, pour moi, constituent une base énorme dans le jeu USAP aujourd’hui.
L’absence de Jake McIntyre pèse-t-elle plus que prévu ?
Mais il y a peut-être une absence qui pèse plus qu’une autre. Le numéro 10 Jake McIntyre, joueur le plus utilisé la saison dernière (25 matches, 23 titularisations), semble absent. S’il ne possède pas le meilleur jeu au pied du monde, il a une vision et un style de jeu qui colle parfaitement au plan de jeu proposé par Azéma et Marty. Et son absence, même s’il n’a pas réalisé un très bon début de saison, se fait sentir. Il est le gardien du jeu USAP. Et surtout, il bénéficie d’une confiance aveugle de la part de son staff. “Il a une relation particulière avec David (Marty) sur la connaissance du jeu, les intentions, et sur les échanges qu’ils ont entre eux par rapport à tout ça”expliquait le manager Franck Azéma avant le début de la saison.
« Il lui manque l’expérience de l’équipe qu’il possède déjà. Il est aussi bien ancré dans le jeu que le staff tente de le mettre en placeconfirme Grandclaude. Dans une équipe, il faut des repères solides, et il en fait partie. C’est lui qui donne un certain tempo aux matchs et à la tournure qu’ils prennent. Cette longue absence de Jake McIntyre, blessé le 28 septembre (rupture d’un muscle pectoral) et qui devrait revenir en janvier, a également propulsé Antoine Aucagne sur le devant de la scène. L’ancien aurillacois a ensuite été remplacé à l’arrière, laissant le numéro 10 à Tommaso Allan, touché à un genou. Et voilà qu’émerge désormais le jeune Gabin Kretchmann (18 ans). Beaucoup de changements, de bouleversements. Mais un manque de stabilité, évidemment involontaire, qui empêche cette équipe de s’exprimer pleinement.