Par Guillaume K. | Journaliste sportif
Actuellement, le rugby est peut-être le sport le plus populaire en France, du moins au niveau des équipes nationales. Les valeurs de l’ovale sont souvent mises en avant, mais attention, tout n’est pas encore parfait. La preuve avec ce témoignage de Pascal Papé, ancien capitaine des Bleus.
Pendant longtemps, l’équipe de France de football a été la sélection la plus suivie par les Français, aussi bien en matchs amicaux que dans les grandes compétitions. Mais depuis quelques mois, la tendance semble s’inverser assez rapidement dans l’opinion publique. Lassés du jeu proposé par Didier Deschamps, les téléspectateurs se tournent de plus en plus vers l’ovale.
Et pourtant, le rugby est loin d’être un milieu exempt de polémiques. Entre les dérives racistes des uns, les cas d’agressions sexuelles des autres et l’incurie de la Fédération qui a conduit à la mort d’un jeune international, ce sport aurait pu perdre de sa popularité. Heureusement, des personnages comme Antoine Dupont, modèle de tolérance, éclipsent tout.
Pascal Papé parle de la dépression au rugby
Ce qui plaît tant aux supporters, ce sont les valeurs transmises sur le terrain, tant l’entraide que le combat, le besoin de dépassement de soi pour l’intérêt collectif. Mais comme l’expliquait l’ancien capitaine du XV de France Pascal Papé, cette mentalité peut aussi avoir de lourdes conséquences pour les sportifs. Par exemple, il est tombé dans la dépression. Il s’explique pour RMC Sport :
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Dans le rugby à mon époque, la santé mentale était encore un sujet tabou. Lorsque vous souffrez d’une maladie mentale, vous êtes considéré comme faible. Et ce défaut est un défaut que vous ne comprenez pas. Si tu vas voir un psychologue pour aller mieux ou un préparateur mental, c’est parce que tu ne vas pas bien, tu es fou. Dans notre environnement, c’était vraiment une faiblesse de ressentir un malaise mental. Mais je suis content, depuis plusieurs années dans le rugby on essaie de démocratiser le sujet.
C’est enfin pris au sérieux dans les centres de formation. Pour être performant sur le terrain, il faut évidemment se sentir bien dans son corps, mais encore plus dans sa tête. Aujourd’hui, les rugbymen peuvent affirmer que la santé mentale contribue à la performance. […] J’ai caché à tout le monde qui j’étais vraiment. Je suis adoptée et j’ai toujours trouvé des subterfuges pour montrer que j’étais comme les autres. Cela a créé une rupture en moi.
Abandonné dès sa naissance par sa mère, Pascal Papé a dû affronter des épreuves assez difficiles sur le chemin de la réussite. Son histoire a créé une faille en lui, et il n’a pas su la résoudre pour ne pas être vu comme un faible auprès de ses coéquipiers. Heureusement, dans le rugby comme ailleurs, les mentalités évoluent à ce sujet.
Dans le sport de haut niveau, la question mentale est souvent méprisée. Ressentir un mal-être intérieur est perçu comme un signe de faiblesse, et encore plus dans une discipline comme le rugby où le combat est au cœur du jeu.