la vaccination des seniors, un impératif de santé publique ?

Face à l’intensité de l’épidémie de grippe, les autorités sanitaires ont annoncé mercredi 22 janvier la prolongation de la campagne de vaccination jusqu’au 28 février. Si toutes les tranches d’âge sont touchées par la maladie, en partie à cause de la circulation simultanée des trois virus grippaux H1N1 et H3N2 et B/Victoria, ce sont les plus de 65 ans qui paient le plus lourd tribut. « Un excès de décès a été observé entre S52 et S02 pour tous les âges, et concernait principalement les 65 ans et plus. Cette surmortalité toutes causes confondues est concomitante au niveau d’activité très élevé observé à l’hôpital en lien avec la grippe. a noté Santé publique France dans son bulletin hebdomadaire. Quant aux hospitalisations, 67% d’entre elles concernaient des patients âgés de 65 ans et plus. Les autorités sanitaires ont insisté mercredi sur la nécessité pour les personnes âgées de 65 ans et plus de se faire vacciner contre la grippe. La première semaine de janvier, 79 % des personnes hospitalisées en réanimation à cause de la grippe n’étaient pas vaccinées.

Annonces concomitantes avec celles de l’Académie de médecine sur la vaccination des seniors. Selon l’institution, certaines infections constituent un fardeau médical et économique national de plus en plus lourd chez les seniors (personnes âgées de 65 ans et plus), en raison de l’immunosénescence (déclin des fonctions immunitaires). Cinq infections sont particulièrement ciblées : la grippe saisonnière, le Covid-19, les infections à pneumocoque ou virus syncytial (VRS) et le zona. En effet :

• plus de 90 % des décès imputables à la grippe ou au Covid-19 surviennent après 65 ans ;
• les maladies pneumococciques et les infections à RSV entraînent une morbidité et une mortalité élevées dans ce groupe d’âge ;
• le risque d’accidents cardiovasculaires est significativement augmenté dans les semaines qui suivent une infection respiratoire ;
• le déclin fonctionnel observé après une infection grippale, Covid-19 ou pneumococcique, avec perte progressive d’autonomie, représente la sixième cause de handicap chez les personnes âgées ;
• après 70 ans, la prévalence du zona dépasse 10 cas pour 1 000 personnes, accompagné de complications douloureuses fréquentes qui altèrent la qualité de vie pendant plusieurs mois.

Malgré la prise en charge des vaccins par l’Assurance Maladie et les campagnes de vaccination, les recommandations semblent peu suivies. « La couverture vaccinale des seniors stagne à un niveau faible pour les vaccins contre la grippe (54 %), le Covid-19 (30 %), le pneumocoque (5 %) et le zona (4 %), selon Santé Publique France. »

« L’Académie nationale de médecine recommande que la vaccination des seniors devienne un objectif prioritaire de santé publique, car elle augmente la durée de vie active et indépendante, évite les formes graves et les complications des maladies cibles ainsi que le déclin fonctionnel post mortem. infectieuses, réduit la charge économique qui leur est liée, maintient l’immunité de groupe (en milieu familial ou institutionnel) et permet de lutter contre la résistance aux antibiotiques. Elle insiste sur le rôle majeur que devraient jouer les médecins traitants, sans y parvenir.

Pour atteindre des taux de vaccination bien meilleurs, l’institution plaide notamment pour :

• faire de la vaccination contre les maladies cibles une priorité (grippe, Covid-19, infections à pneumocoque et RSV, zona) ;
• inciter les professionnels à œuvrer pour que le statut vaccinal des patients âgés corresponde aux recommandations ;
• inciter les équipes mobiles de vaccination à « aller vers » les populations éloignées des soins.

Elle pointe enfin un problème qui fait débat chaque hiver, le faible niveau de vaccination des professionnels de santé et des personnes travaillant auprès des personnes âgées. A ce sujet, le ministre de la Santé Yannick Neuder a déclaré le 17 janvier sur le plateau de Franceinfo que la vaccination des soignants “Ce n’est pas une question taboue”. Une décision pourrait être prise à ce sujet à l’automne prochain.

Source : Santé publique France, Académie nationale de médecine, Direction générale de la santé