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Dix immortels pour sonner le glas de la mode

Ils sont si familiers et nouveaux à la fois. N’ont-elles pas déjà existé, exulté, ému les foules, ces dix chansons du nouvel album de Pierre Lapointe ? Les a-t-il décantés de mille airs d’autres gravés en lui ? Est-ce sa création la plus intemporelle, que ces Dix chansons démodées pour les cœurs brisés ? A toutes ces questions, il répond oui, un grand oui. Celui qui se décrit comme « un forgeron qui travaille l’or, un bijoutier qui les sertit ». [les airs] en montures», n’hésite pas à l’affirmer : il arrive enfin au but. Un disque complet de « nouveaux classiques », comme il dit.

De la « grande chanson », disait-il d’ailleurs dans les premières minutes de cette interview de début d’année, via Zoom. Le passe-temps d’une vie pour le petit bonhomme du Lac-Saint-Jean. «Je suis obsédé par l’idée de créer de nouveaux classiques depuis près de 25 ans. Je sentais ces dernières années que j’étais à un âge où cela devenait plus réel, plus palpable, alors je me suis dit : faisons-le. D’où ce projet qui était au départ un exercice presque cérébral. »

Du passe-temps au bon travail

A priori, cet album ne convoitait pas la désormais possible et plausible place de meilleur en carrière. Ce n’était même pas un projet destiné à la quinzième place de sa discographie. «C’était pour passer le temps pendant la pandémie. je travaillais sur Chansons d’hiverc’était très avancé, pas besoin de nouvelles chansons, mais comme j’étais tout seul ici, je me suis dit que j’écrirais quelques chansons pour le amusant. Ce que j’ai fait pratiquement pendant six à sept jours non-stop. En gardant à l’esprit que ces chansons pourraient être pour d’autres. Des artistes que je ne connaissais pas, autant que possible. Des chanteurs qui ont des voix plus avancées que la mienne. »

Comment ce lot de propositions potentielles non curriculaires est-il devenu cette grande œuvre ? Suite de l’histoire. « Parallèlement, avec Philippe Brault, mon collaborateur de longue date, j’ai travaillé sur un autre album, qui est désormais terminé à 90 % ou presque. Une question d’échantillonnage. Un peu comme si les Beastie Boys rencontraient la chanson française interprétée par jazzmen Américains des années 1950. En même temps aussi, pour m’amuser, je me suis retrouvé en et j’ai passé beaucoup de temps avec Julien Clerc, Carla Bruni, plein de monde. Et j’ai remarqué quelque chose. De retour à Montréal, j’en ai parlé à Laurent Saulnier [l’ancien journaliste et programmateur, son gérant]. « Tu te rends compte, Laurent, que ce qui fait que le monde là-bas tombe amoureux de moi, je pense que c’est parce que, pour eux, je fais des chansons françaises plus françaises qu’elles ne le sont. jeueux, à faire ? »

Les génies débrouillards

L’album d’échantillons a été mis en veilleuse et les exercices de chansons géniales pour les autres ont été collectés. Et retravaillé pour être chanté par Pierre Lapointe. Et raffiné au Treatment Room, le modeste studio dirigé par les champions Philippe Brault et Ghyslain-Luc Lavigne dans le Mile End. « Nous avons enregistré cela en plusieurs étapes. Nous avons souvent commencé par le piano et le chant. Parfois, piano-guitare-basse-batterie. J’ai fait la majorité des voix. Tout seul. Parfois, le guitariste Joseph Marchand chantait avec moi, et nous multipliions nos voix les unes sur les autres. Pour arriver aux chorales. Il s’agissait souvent de six niveaux de trois voix. Cela m’aurait coûté cher de faire ça avec une vraie chorale. »

« Mais bien moins cher qu’un album de cette qualité en 1975. Maintenant, Philippe Brault et moi, au lieu d’aller enregistrer un orchestre de 90 cordes dans un mégastudio, on peut obtenir un très bon résultat dans des sections de neuf cordes que l’on ajouter. La magie, c’est que Ghyslain-Luc étant un très, très bon preneur de son, il a pu faire sonoriser la pièce située en dessous du studio principal, qui n’est pas faite pour enregistrer des cordes. Nous avons réussi à donner un son très prestigieux. Même si nous n’avons pas les moyens qu’on avait à l’époque, nous avons des gens extraordinaires qui trouvent des solutions. » Des gens de génie et de débrouillardise.

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C’est toi qui est un moi

Ces arrangements, à la fois simples et somptueux, servent idéalement des chansons qui parlent au tuplus souvent que est. Le processus est extrêmement efficace. D’emblée : « Toutes les idoles sont déjà mortes / Et leurs chants en quelque sorte / Sont des prières que tu récites / Quand dans ta tête tout va trop vite / Tu as copié leurs manières et leurs manières / Tu as repris leurs anciennes- manières façonnées. À qui Pierre Lapointe parle-t-il ainsi? “ Toutes tes idolesJe l’ai réalisé pour un chanteur qui l’a refusé. Mais lorsque le projet est devenu [officiellement] projet et nous l’avons retravaillé, j’ai réalisé que cette chanson était ma Blues du businessman pour moi. Que finalement j’ai beaucoup parlé de moi. À tuJe n’ai pas de filtre. Je n’aurais jamais osé dire ça à est. »

Les chansons dépassées trouvèrent ainsi leur justification. Quand ils sont bons, ils deviennent intemporels. «C’est se mettre au-dessus de la mode et des tendances. C’est essayer de faire quelque chose de résolument contemporain, et en même temps chercher la crème de la référence qui vous maintient dans une zone intemporelle. La meilleure façon de ne pas se démoder est de ne jamais être à la mode. Je voulais que les gens aient l’impression d’avoir toujours entendu ces chansons, tout en découvrant quelque chose de nouveau, idéalement le plus touchant possible. » Une équation assez rare. Donc Comme des pigeons d’argileune chanson sur la maladie d’Alzheimer de sa mère, est poignante sans aligner les clichés : une réussite exceptionnelle.

«Ce sont les clés de la tragédie grecque», a déclaré Lapointe, poursuivant sur sa lancée. Ce sont toujours les mêmes thèmes, le sentiment de rejet, les inégalités sociales, la tristesse, l’amour. On reste sur des thématiques profondes, universelles et humaines. Je n’en parle pas aujourd’hui, mais je pense que, pour Brault et moi, ce sont de moins en moins d’accidents. C’est de plus en plus parce que nous sommes propriétaires de notre média. Autant moi dans l’écriture que lui dans les arrangements. Nous commençons à devenir de grands pros. » Cela dit en toute franchise. « C’est plus intéressant que jamais de créer. On ne sacralise pas le passé, il existe dans le présent. Ma matière, mon or, je peux le travailler comme les Aztèques, comme à la Renaissance, mais aussi comme en 2025. Il n’y a plus de rétro. Tout peut se mélanger, et tout se mélange. » Les chansons qui font du bien ne changent pas.

Dix chansons démodées pour les cœurs brisés

Pierre Lapointe, Audiogram

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