Les 40èmes Victoires de la Musique, fluides, consensuelles, sans surprises… et jouées d’avance ?

Nous aimons les détester. Cette année encore, la cérémonie, dont la diffusion est prévue le 14 février, ne devrait pas déroger à la règle. Une surprise malgré tout : l’effet JO, qui change peut-être un peu la donne. Explications.

CChaque année, c’est pareil : on se plaint des Victoires de la Musique, de ses lauréats consensuels, de ses présentateurs apaisants, de ses moments d’autocélébration du show business qui sont tellement gênants qu’ils en deviennent amusants, de ses longues séquences où on a le sentiment comme si nous étions coincés dans une comédie Retour vers le futur – propulsé le 5 novembre 1955, son héros Marty doit résoudre les paradoxes temporels provoqués par son passage dans le passé, et doit aussi trouver un moyen de faire fonctionner sa machine à voyager dans le temps pour revenir à son époque.. Et puis, avouons-le, il y a toujours un ou plusieurs moments qui nous enchantent dans cette grande raout télévisée, la plus grande émission de variétés en direct de France Télévisions et France Inter.

L’année dernière, il y a eu une Victoire d’honneur décernée au géant sensible de la chanson rock Bernard Lavilliers et quatre Victoires (Révélation féminine, Révélation scénique, Chanson originale, Album de l’année) décernées à notre chouchou de la chanson électro Zaho de Sagazan. Sans oublier, après plusieurs années de méconnaissance du rap, du r’n’b et du groove depuis la suppression des catégories par genres musicaux en 2020, une avalanche de prix pour ses représentantes : Aya Nakamura, artiste féminine ; Gazo, artiste masculin (à égalité avec Vianney) ; Yamê, révélation masculine ; Shay, création audiovisuelle pour son clip Commando ; Damso, concert de l’année pour sa tournée QALF.

Variété Golmuths

Pour le côté Retour vers le futur, Nous voilà à nouveau servis cette année. Voici donc Zaho de Sagazan en lice pour le titre d’artiste féminine – la raison est qu’elle a épuisé son album La Symphonie de la Foudre à 200 000 exemplaires. Nous appelons cela voler au secours du succès. Le rappeur et chanteur Shay, magnétique à l’Olympia pour accompagner son album Tant qu’il pleut, est à nouveau nommé – dans la catégorie Concerts. Alain Souchon, l’un des artistes les plus récompensés aux Victoires, avec neuf trophées remportés depuis 1986, est nommé « président d’honneur ». Quant à Alain Chamfort, il concourt dans deux catégories, création audiovisuelle et album. Par ailleurs, une Victoire d’Honneur sera décernée à Eddy Mitchell, qui a publié son quarantième album studio peu avant Noël, Amis. « La production locale est toujours incroyable, dynamique et diversifiée. » a souligné Vincent Frèrebeau, patron du label indépendant vite ou tard et président des Victoires de la musique depuis l’année dernière. Diversifié, mais pas au point de se priver des Golmuths de variété ! Retour vers le futur, encore : la cérémonie sera, comme l’année dernière, présentée par l’incontournable Léa Salamé, flanquée du tout aussi lisse Cyril Féraud. Bref, de ce côté-là aussi, rien qui puisse surprendre.

Avec tout ça, qui va gagner ? La consensuelle et acclamée chanteuse niçoise Santa, nominée dans quatre catégories, serait bien partie pour repartir avec au moins un prix… On adorerait Clara Luciani ou le duo électro Justice, auteurs d’excellents disques salués dans Télérama, sont récompensés. Mais le plus surprenant est peut-être la nomination des cérémonies d’ouverture et de clôture des Jeux olympiques et paralympiques d’été, dans… la catégorie Concert. On ne voit pas comment ce (beau) moment de réunification des Français ne pourrait pas être couronné. Notre Shay préféré, qui concourt dans la même catégorie, semble mal parti…