Blitz, par Steve McQueen | La guerre, « non monsieur » !

“Garder le calme et continuer.” C’est le fameux slogan utilisé au Royaume-Uni pour remonter le moral de la population au début de la Seconde Guerre mondiale. Avec BlitzSteve McQueen révèle le côté obscur de l’effort militaire britannique. Le réalisateur crée un drame de guerre en apparence conventionnel, mais qui se révèle être une œuvre poignante… résolument antimilitariste.

Blitz raconte l’histoire de George (Elliott Heffernan), un garçon métis de 9 ans qui vit avec sa mère Rita (Saoirse Ronan) et son grand-père. Pour le protéger des bombardements de l’aviation allemande sur la capitale, Rita décide d’envoyer son fils se réfugier à la campagne (comme l’ont fait plus d’un demi-million de parents avec leurs enfants lors de ce chapitre violent de l’histoire britannique).

Cependant, le fils unique est très contrarié à l’idée de s’éloigner de sa mère. George, qui n’a pas connu son père, originaire des Caraïbes et expulsé d’Angleterre après un incident raciste, est très attaché à son foyer. Alors qu’il vient de monter à bord avec un groupe d’enfants, il saute du train et s’enfuit, bien décidé à rentrer chez lui. Son aventure à travers les rues détruites de Londres sera à la fois épique et déchirante.

La face cachée de l’héroïsme

Librement inspiré du classique Les enfants des chemins de fer, Blitz se situe à la croisée de l’univers cauchemardesque de Charles Dickens et de la virtuosité de James Cameron. Avec sa touche originale, Steve McQueen navigue facilement (et de façon surprenante) entre mélodrame et suspense. Sa réalisation est habile et emprunte plusieurs avenues narratives pour mieux les abandonner. Le cinéaste oscarisé pour 12 ans d’esclave s’appuie également sur une direction artistique soignée et une reconstitution impressionnante de l’époque du blitz nazi (de 1940 à 1941).

Si son scénario se concentre sur la loyauté des Britanniques envers leurs troupes, qui a permis au Royaume-Uni de résister aux bombardements allemands, le récit montre aussi la face sombre de la bataille de Londres. Les scènes de vols et d’outrages sur les cadavres par des pilleurs, interprétés, entre autres, par Kathy Burke et Stephen Graham, sont macabres à souhait !

Ils rappellent l’univers cauchemardesque de Dickens. Blitz souligne la face cachée de l’héroïsme anglais : le racisme, les inégalités de classe, les trahisons et la lâcheté des autorités. On voulait même empêcher les civils de s’abriter dans les stations de métro…

Saoirse Ronan (Brooklyn, Dame Oiseau, Expiation) livre une interprétation soignée et assez précise du rôle de cette mère désemparée qui recherche désespérément son enfant disparu. Un rôle qui ne laisse pas beaucoup de place à la nuance. Le jeune Elliott Heffernan, qui fait ses débuts au cinéma dans le rôle de George, est une révélation !

Il y a 2 500 ans, Héraclite disait que la guerre était le grand moteur des vicissitudes humaines. Avec BlitzSteve McQueen illustre brillamment que toutes les guerres sont injustes. Et ce pacifisme reste notre seule garantie de bonheur et de cohésion sociale.

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