PORTRAIT – A l’aise à la Philharmonie de Paris comme à Notre-Dame où elle s’est produite lors de la cérémonie d’ouverture, cette virtuose franco-géorgienne met le classique à l’honneur.
En termes de compétitions, Khatia Buniatishvili connaît particulièrement les pianistes internationaux. Et notamment l’Arthur-Rubinstein de Tel-Aviv, où elle a remporté un troisième prix en 2008. Elle se lance cette fois dans un concours d’un tout autre genre, puisqu’elle rejoint le rendez-vous le plus scintillant de la télévision française, côté jury. Aux côtés de Sylvie Vartan, Marie-José Pérec ou Cristina Cordula, la Franco-Géorgienne de 37 ans se chargera, samedi prochain, d’apprécier la beauté respective des trente candidats de Miss France .
Une première pour le concours de TF1, qui invite plutôt des chanteurs populaires, des acteurs, des sportifs ou d’anciennes Miss. Mais Khatia Buniatishvili n’est pas – plus – une artiste classique comme les autres. Sa notoriété dépasse les salles de concert. Les magazines aiment faire son portrait ou la faire poser à côté de son instrument. Et le petit écran le lui rappelle régulièrement, depuis son apparition il y a sept ans dans « Le Petit Journal » de Yann Barthès, où elle lui a valu le surnom efficace de « Beyoncé du piano ».
Miss France 2025 – Suivez l’élection en direct
“Je suis double”
On l’a ensuite vue brouiller avec Yann Moix dans « On n’est pas canapé », sur France 2. Ou encore le mois dernier, une véritable bête de scène, jouant du piano à l’envers dans « C à vous ». Comme son ami le violoniste Renaud Capuçon, le service public l’invite aussi à incarner la grande musique lors d’événements patrimoniaux, comme le concert parisien du 14 juillet ou, plus récemment, la réouverture de Notre-Dame de Paris. Elle y interprète une pièce célèbre, l’Adagio du Concerto pour hautbois en ré mineur de Marcello, transcrit par Bach.
Pianiste star et star des pianistes, courtisée par la télévision alors que tant d’autres artistes talentueux ne franchissent jamais ses portes, Khatia Buniatishvili a décidé de ne pas choisir. Elle joue sous la direction de grands chefs d’orchestre, partage la scène avec des légendes comme feu Ivry Gitlis et, par la même occasion, se met en scène sur Instagram pour sa communication. Nous l’avons également vue sur Tiktok.
« Je suis double, comme Eusèbe et Florestan de Schumann ! Je suis spontané et j’aime les gens, mais je suis aussi enfoui au coeur du piano, sans chercher l’effet »elle a assuré Figarofaisant référence à Carnaval de Schumann, où le rêveur Eusèbe et le tempétueux Florestan incarnent deux styles musicaux différents.
On oublierait presque que Buniatishvili compte parmi les virtuoses les plus doués de sa génération. Née juste avant la chute de l’URSS dans une Géorgie prête à s’enflammer, elle apprend très tôt le piano sous l’œil bienveillant de sa mère, ancienne professeure d’éducation musicale. Son père est ingénieur électricien. Elle poursuit sa formation musicale à Vienne, auprès du Français Michel Sogny, dont l’enseignement favorise ” plaisir ” jouer et “émotion”. A partir de là, cette expressivité assumée du pianiste ? La jeune femme, qui place Martha Argerich en hauteur, a également étudié auprès de l’Autrichien Oleg Maisenberg.
Lire aussi
Khatia Buniatishvili, un marteau de piano
À l’honneur
En France, le grand public l’a découvert en 2009, à La Roque d’Anthéron, poids lourd des festivals classiques. Une décennie et une dizaine d’albums plus tard, ce Géorgien devenu français en 2017 monte sur scène au Barbican Centre de Londres. Son répertoire s’étend de Mozart à György Ligeti en passant par Scarlatti et Liszt, où elle peut tester sa virtuosité. Un jeu que certains mélomanes perçoivent davantage comme une forme de sentimentalité ou de démonstration. Son cas, qui divise les critiques, pose la question de la meilleure manière de servir une partition. «Je m’autorise toutes les émotions. Sans dogme ni moralité »a-t-elle supposé, en 2017.
Nul doute que Buniatishvili doit aussi son succès à sa facilité à se déplacer sous les projecteurs. Loin d’Arcadi Volodos, brillant pianiste qui préfère jouer dans la pénombre pour disparaître derrière la musique, Khatia Buniatishvili scintille de mille feux dans une robe à paillettes sur scène.
« Parfois, les gens ne me parlent que de mes robes. J’ai envie de répondre que je préférerais jouer en pyjama, mais on attend aujourd’hui de nous qu’on soit glamour, sexy, moderne”estime celle qui ne déteste pas les débats et n’hésite pas, comme elle l’a fait récemment dans « Le Figaro La Nuit », à se positionner sur les enjeux internationaux d’actualité qui la touchent. En l’occurrence, la crise géorgienne.
Lire aussi
Miss France 2025 : pourquoi la Nouvelle-Calédonie n’est pas représentée pour la première fois depuis quinze ans
Glamour, sexy et moderne, voilà ce que ambitionnent d’être les prétendantes à l’écharpe Miss France, qui défileront le 14 décembre au Futuroscope de Poitiers. Le mozartien y va avec quelques questions. « Je suis féministe, ce n’est pas mon style de juger quelqu’un sur son apparence. Et qu’est-ce que la beauté ?» a-t-elle réfléchi dans « Le Figaro La Nuit ». Nous ne le savons pas, car ce sont toujours les hommes qui décident de ce qu’est la beauté féminine. Aucun homme ne siège cette année au jury Miss France. Les jurés auront donc toute liberté pour proposer une nouvelle interprétation de la beauté féminine…
Related News :