Auteur et metteur en scène de pièces de théâtre, également compositeur et chanteur, Gérard Rinaldi, connu sous le pseudonyme de Tonton Djé, a créé (avec d’autres) le café-théâtre 7e Vague, un lieu dédié aux arts du spectacle installé depuis 1989 rue Berny. Ce « laboratoire » s’accompagne du lancement d’un mouvement artistique baptisé « Mouvement Constroy » destiné à fonder un théâtre de création géré par une compagnie professionnelle à La Seyne. Un projet qui n’a pas abouti mais qui a inspiré Tonton Djé à écrire son premier livre intitulé Orchestre du mouvement Constroy.
Cette œuvre, qui a nécessité six années de travail, est donc une fiction nourrie d’une histoire personnelle. L’auteur définit son livre comme un « roman symphonique »et même comme « un manifeste philosophique, politique et esthétique ». Avant sa publication, il nous dévoile quelques éléments.
Quelle est l’intrigue de ce roman ?
C’est l’histoire d’un homme appelé Djé, un artiste citoyen, un poète, qui en est le narrateur. Il souhaite créer un théâtre pour développer la création, mélange d’art, de culture et de citoyenneté. Mais il n’y parvient pas à cause de caractères obstructifs. Djé marche seul dans un environnement hostile, comme le poète et penseur italien Dante coincé à Florence entre les Guelfes noirs (qui soutenaient le pape) et les Gibelins (qui soutenaient l’empereur du Saint-Empire). Pris entre des forces de tendances différentes, Djé se retrouve en position d’ostracisme et va se lancer à la recherche de solutions.
Quel est son univers ?
En quête d’esthétique, il voit intuitivement, poétiquement, la société comme étant constituée d’orchestres idéologiques, associatifs ou privés. Mais pour lui, tous ces orchestres sonnent faux, ils sont bourdonnants, pas créatifs. Et cela l’empêche de jouer avec ses idées. Plutôt que de critiquer, il préfère créer et apporter sa propre touche. Il propose alors de faire jouer différemment, de concilier différentes disciplines artistiques, pour améliorer l’harmonie. Parce que mieux ça joue, mieux les gens seront ensemble.
Comment peut-il y parvenir ?
Djé se donne des concepts d’outils. Il veut réformer les choses par l’évolution et non par l’antagonisme. Il est à la recherche de l’attitude constructive, appelée « constroy » (concept que j’ai inventé il y a 25 ans). C’est une forme de résistance qui, pour passer d’un état à un autre, s’entend dans le « et – et » plutôt que dans le « ni – ni ». Et pour passer de la rigidité des idéologies totalitaires à la fluidité des démocraties, Djé nous invite à douter, à être ouvert, à expérimenter les choses plutôt que d’avoir des certitudes figées, ce qui est selon moi favorable à l’équilibre personnel, même dans l’adversité. Mais ce n’est pas un livre de développement personnel ; c’est une réflexion pour faire avancer les choses, plutôt que de tomber dans le piège de l’antagonisme, qui fige les choses. Le lecteur trouvera dans cette épopée dantesque une invitation à s’améliorer et à améliorer le monde qui l’entoure.
Les références à la situation seynoise sont-elles explicites ?
La ville dans laquelle se déroule l’action s’appelle Desmos. Elle présente bien sûr des similitudes avec La Seyne puisqu’on y trouve un pont métallique et des chantiers navals. Mais j’avais envie de « fictionnaliser » l’expérience pour aller plus loin, vers le meilleur. Comme dans tout roman, l’expérience personnelle nourrit l’imaginaire. Le lecteur pourra certes s’amuser à reconnaître des personnes et des situations, mais ce n’est pas le but. En fait, je voulais inventer ma propre histoire en plus.
Mais celui qui le connaît y trouvera forcément des éléments de réalité. Et ils y verront une métaphore de la politique, même si le mot politique n’apparaît pas une seule fois dans le roman…
Savoir+
Séances de dédicaces : Tonton Djé présentera et dédicacera son roman tous les samedis du 30 novembre jusqu’à la fin de l’année, à 11h au café-théâtre 7e Vague (38, rue Berny).
Il sera également présent tous les jeudis soir à 18 heures à l’épicerie La Cave mandréenne, sur le port de Saint-Mandrier.
Le livre (680 pages) est vendu 15 €.
Pourquoi avoir signé Sequo Rinaldi ?
Pour signer ce roman, Tonton Djé a inventé un nouveau prénom. Pour quoi? “Quand j’ai commencé comme artiste, il explique, J’ai voulu garder mon nom mais je me suis retrouvé confronté à l’homonymie avec le fondateur de Charlots, qui s’appelait aussi Gérard Rinaldi. Sacem* nous a confondu et j’ai reçu des lettres qui lui étaient destinées. Pour éviter cela, j’ai dû prendre un surnom (Tonton Djé) que j’ai gardé depuis. Mais pour mon premier roman, je voulais que ce soit de Rinaldi, alors j’ai choisi un prénom imaginaire, Sequo, qui ne fait référence à rien mais qui me plaît, tout simplement parce que je trouve que ça sonne bien !
Il a créé une maison d’édition
D’ailleurs, ce prénom n’est pas la seule nouveauté. Car pour la publication de son roman, Tonton Djé a créé une maison d’édition associative baptisée Poétique du territoiredont il a déposé le nom à l’INPI (Institut National de la Propriété Intellectuelle). “Avec cette maison d’édition, il précise, l’idée est de créer une vitrine qui réunira des artistes de la région, de toutes générations et de toutes disciplines.
*Société des auteurs, compositeurs et éditeurs de musique
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