A 72 ans, le réalisateur américain aime toujours bricoler le médium cinéma. Comme il l’a fait dans le génial Qui veut la peau de Roger Rabbit ? en 1988 (qui mêlait animation et live action), le vertigineux La marche en 2015 (qui jouait habilement la 3D) ou, évidemment, en Forrest Gump en 1994, qui a incorporé Tom Hanks dans des images d’archives. Avec à la clé l’Oscar du meilleur réalisateur.
Trente ans plus tard, Zemeckis retrouve le couple Tom Hanks-Robin Wright, mais aussi leur scénariste Eric Roth, pour une nouvelle plongée dans l’Histoire américaine où, comme dans Retour vers le futur en 1984, il mélange les époques.
Scènes de la vie domestique
Dans cette exploration de la vie qui se déroule dans une maison, on pense au sublime Une histoire de fantômes en 2017. Sauf que Zemeckis n’a ni la poésie ni la profondeur de David Lowery et n’est pas à la hauteur de l’œuvre de Richard McGuire. S’il reprend l’idée d’emboîter les différentes périodes dans un même cadre, à l’aide de panneaux façon bande dessinée, le cinéaste ne va jamais au-delà de l’illustration.
Zemeckis se contente de dépeindre des scènes de la vie domestique pour relire le rêve américain et voyager à travers l’histoire des États-Unis, faisant écho à la période précolombienne, mais sans se projeter dans le futur comme McGuire. Tandis que le cinéaste a déplacé l’action du New Jersey vers la Nouvelle-Angleterre, dans une maison construite juste en face du manoir où vivait William Franklin, le fils de Benjamin, pour évoquer l’indépendance américaine.
Entretien avec Tom Hanks et Robert Zemeckis pour « Seul au monde » en 2001
Si plusieurs familles se succèdent dans ce foyer, Ici se concentre sur celui formé par Al (Paul Bettany) et Rose (Kelly Reilly) et leur fils Richard (Tom Hanks) et sa femme (Robin Wright). Où, au fil des vignettes, les acteurs vieillissent ou rajeunissent grâce à l’intelligence artificielle. Un sentiment de fausseté s’en dégage, qui renforce l’artificialité totale du film.
Décoratif et gnangnan
S’appuyant en grande partie sur le travail de son équipe de décoration, qui a aménagé ce décor unique au fil des années, Ici fonctionne par accumulation de signifiants. Dans ce salon moyen, on retrouve la cheminée, le sapin de Noël, la table de Thanksgiving, la radio (d’où émanent les informations du monde), remplacées par la télé…
« La Promenade » de Robert Zemeckis : une reconstitution qui vous fera frissonner de peur et vous accrochera à votre siège
On reste toujours dans le décoratif. Tandis que Zemeckis joue des violons (via notamment la bande-son sirupeuse d’Alan Silvestri) pour raconter les petites joies et désillusions de ces familles américaines. Mais sans jamais parvenir à provoquer la moindre émotion (autre qu’une facile nostalgie), ni même la moindre réflexion…
Ici/Ici : Les plus belles années de notre vie Drame De Robert Zemeckis Scénario Eric Roth et Robert Zemeckis (d’après la bande dessinée Ici de Richard McGuire) Photographie Don Burgess Musique Alain Sylvestri Montage Jesse Goldsmith Avec Tom Hanks, Robin Wright, Paul Bettany, Kelly Reilly, Michelle Dockery… Durée 1h44
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