La météo aurait sans doute plu à Françoise Hardy. En tout cas, ce jeudi 20 juin, cela correspond au clair-obscur de ses chansons. Les températures sont douces, printanières, mais le ciel est nuageux, voire orageux. Il est 14h30, un millier de personnes sont rassemblées près du crématorium du cimetière du Père-Lachaise, où débuteront les obsèques de l’interprète, auteur, compositeur, décédé le 11 juin à l’âge de 80 ans. De nombreux bouquets de roses blanches ont été déposés sur la place.
Les anonymes ont plus ou moins l’âge du chanteur de « Message personnel », « Mon amie la rose », « L’Amitié » et tant d’autres pépites. Une génération est venue dire au revoir au chanteur. Et peut-être aussi à sa jeunesse. « Cela a accompagné mon adolescence. Sa mélancolie était la nôtre, commente Jacqueline Rubic, employée de banque à la retraite. Elle occupait, par son exigence et sa discrétion, une place à part. Sheila, Sylvie Vartan, elles étaient comme des amies. Françoise Hardy était différente. Nous l’avons écouté et lu avec attention et respect. »
« Sa classe, son indépendance la distinguaient », confirme Aleth Souffi, 76 ans. « Ce n’était pas formaté », souligne Élisabeth Siest, 60 ans. “Je me suis reconnu dans son romantisme, dans ce qu’elle disait toujours sur le sentiment d’amour, de manque, d’absence”, ajoute Alain Hus, 75 ans.
L’ombre joyeuse des années soixante, désormais lointaines, plane…
Sheila très applaudie
Yves Sartiaux, 72 ans, ex-bibliothécaire, l’a vue deux fois à l’Olympia, en 1965 et 1967. Chanceux ! Françoise Hardy a arrêté très tôt de monter sur scène… « En 1965, elle faisait encore un effort pour danser. C’était la mode des yéyés. Mais en 1967, elle était en smoking, beaucoup plus statique, concentrée sur les textes. » Michèle Serra, 88 ans, professeur de piano, restera surtout dans les mémoires pour ses talents de mélodiste. « Elle avait l’art de composer de belles mélodies, des airs qu’on fredonne immédiatement après les avoir entendus. C’est la chose la plus difficile dans la chanson. »
14h45 Les célébrités arrivent par dizaines. Jacques et Thomas Dutronc, Matthieu Chédid et son père Louis, Nicolas Sarkozy et Carla Bruni, le réalisateur François Ozon, Dominique Besnehard, Patrick Modiano, Hubert Védrine, Laurent Voulzy, la ministre Rachida Dati, Brigitte Macron (accueillie par quelques sifflets), Étienne Daho… Les plus plébiscités sont, ce n’est pas un hasard, Dave, Adamo, Julien Clerc, Jean-Marie Périer, et surtout Sheila. L’ombre joyeuse des années soixante, désormais lointaine, plane.
15 heures. « Et si je pars avant toi… » Une chanson résonne sous la coupole du crématorium. Puis quelques archives, extraits d’entretiens. On entend Françoise Hardy expliquer : « J’aime la nuit. Tout est plus joli, parce qu’on voit moins les choses. »
La cérémonie, qui ne dure qu’une demi-heure, se déroule dans l’intimité. Peu de discours. Surtout la musique. « The Time of Love », « So Many Beautiful Things »… Et enfin, alors que le cercueil en bois clair quitte la scène, « Personal Message ». “Si jamais tu penses que tu m’aimes…”
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